Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

JIM - Polynésie, Corse, Antilles : multiplication des « points chauds » dans les hôpitaux

Août 2021, par Info santé sécu social

Paris, le jeudi 19 août 2021

L’été devait être tranquille. Le 25 mai dernier, l’Institut Pasteur se permettait même une prévision optimiste : « on ne s’attend pas à observer cet été de reprise importante de l’épidémie liée au variant B.1.1.7 ». C’était sans compter l’apparition sur le territoire du variant Delta responsable d’une nouvelle vague d’hospitalisation en France. Si cette dernière est incontestablement moins submersive que les trois précédentes, elle met sous tension un système hospitalier épuisé par un an et demi de Covid-19.

Pour la première fois depuis le 14 juin, le seuil des 2000 patients hospitalisés en soins critiques est de nouveau dépassé. Plus de 10 336 patients font l’objet d’une hospitalisation liée au Covid-19. Un chiffre qui reste toutefois trois fois inférieur à celui de la vague de mars dernier.

Mais ces chiffres cachent des réalités bien différentes en fonction des départements et territoires, notamment en raison des disparités de couverture vaccinale. Localement, et particulièrement dans les territoires ultramarins, la situation hospitalière se retrouve critique.

La Polynésie débordée
Dans le Pacifique, la presse locale n’hésite plus à parler d’une situation « hors de contrôle ». Mercredi 18 août, 1 622 nouveaux cas ont été recensés ainsi que 11 décès dans les cinq archipels de 280 000 habitants. Le taux d’incidence sur les 7 derniers jours en Polynésie explose tous les records avec 2 731 cas positifs pour 100 000 habitants en une semaine.

Face à l’urgence, le haut-commissaire Dominique Sorain a annoncé mardi 17 août une extension du confinement à tout le week-end. La vague qui frappe la Polynésie est d’autant plus violente que le virus semblait avoir disparu entre mars et juillet.

Au centre hospitalier du Taaone, vers lequel converge les patients malades des différents archipels, 79,5 % des patients admis sont non vaccinés. D’après la chaine polynésienne la 1ère, affiliée à France Info, les services hospitaliers sont contraints d’opérer un tri entre les patients faute de places disponibles. Quinze infirmiers de la réserve sanitaire sont arrivés lundi de métropole, d’autres sont attendus, ainsi que des renforts venus de Nouvelle-Calédonie.

Seuls 38,8 % de la population locale a reçu au moins une dose de vaccin. Un chiffre en réelle augmentation ces derniers jours (29, 3 % ont reçu un schéma vaccinal complet). Le premier représentant de l’Église catholique en Polynésie a été contraint de prendre la parole pour encourager la population à la vaccination tandis que l’église protestante (qui regrouperait 40 % des habitants de l’archipel) renvoie les fidèles à leur « libre arbitre ».

La Nouvelle-Calédonie observe avec inquiétude la dégradation de la situation en Polynésie. Si le territoire est à l’heure actuelle préservé, le président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie a déclaré mercredi que la vaccination obligatoire de toute la population n’était plus un sujet tabou compte tenu des risques du variant Delta.

L’hôpital de Bayonne « en tension majeure »
Le Pays-Basque, relativement épargné depuis le début de l’épidémie de Covid-19, prend de plein fouet l’arrivée du nouveau variant. « Depuis le début du mois d’août, nous avons connu une accélération des hospitalisations », indique le directeur du Centre hospitalier de Bayonne (CHCB) invité de France Bleu Pays Basque mardi 18 août.

Face à l’augmentation du taux d’incidence (265 pour 100 000 sur les Pyrénées Atlantiques, 424 cas pour 100000 pour le seul le littoral) l’hôpital a du déclencher début août le plan blanc.

Le CHCB est passé en quelques jours de 15 lits de réanimation à 26. Un chiffre toutefois insuffisant justifiant le transfert de plusieurs patients vers Dax et Pau. Au cours des dernières semaines, le département a rattrapé son retard dans la vaccination : 78,24 % des habitants ont reçu au moins une dose de vaccin, un chiffre plus élevé que la moyenne nationale.

Légère amélioration du taux d’incidence en Corse, mais un hôpital qui reste sous tension
D’après l’ARS, 258 nouvelles contaminations ont été dépistées sur l’Ile de Beauté. Un chiffre en légère diminution. Dans le même temps, 88 personnes sont hospitalisées des suites d’une infection par le virus dans les deux grands hôpitaux publics de Corse, soit 4 de plus que la veille. Parmi celles-ci, 17 patients sont en service de réanimation ou soins intensifs. Dans le détail, on dénombre 53 personnes hospitalisées en Haute-Corse (9 en réanimation) et 35 en Corse-du-Sud (8 en réanimation).

Aux Antilles, un état de sidération

Mais c’est sans aucun doute aux Antilles que la situation sanitaire est la plus critique. Face à la dégradation de la situation sanitaire, de nouveaux renforts de soignants vont être envoyés vendredi en Guadeloupe et en Martinique, d’où une dizaine de malades devraient être évacués vers la métropole dans les prochains jours, a indiqué le ministère de la Santé, ce mercredi.

Au CHU de Guadeloupe, 40 % des lits sont désormais occupés par des patients Covid-19, et la morgue est saturée, a indiqué mercredi Gérard Cotellon, le directeur général du CHU.

Les nombreux renforts arrivés sur place de la métropole témoignent d’une situation parfois chaotique. Interrogé par La Croix, un infirmier réanimateur raconte : « Pudiquement, on parle entre nous d’une situation compliquée. La réalité, c’est qu’on est tous dans un état de sidération ». Interrogé par France Bleu, le Pr Louis Bernard du CHRU de Tours se dit frappé par la "désorganisation" des hôpitaux aux Antilles.

« Les 139 lits supplémentaires qui ont été ouverts à l’hôpital ont tous été rapidement pris », raconte le Pr Louis Bernard. Alors que les patients sont de plus en plus jeunes (« entre 35 et 55 ans ») certains patients se retrouveraient hospitalisés directement dans les services d’urgences.

C.H.