Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

L’Humanité - La Commission est soupçonnée de mettre en péril la santé des salariés

Mai 2020, par Info santé sécu social

L’exécutif européen rechigne à classer le nouveau coronavirus dans la catégorie des agents pathogènes les plus dangereux. Les syndicats sont indignés.

Sur le plan sanitaire, ce n’est pas gagné non plus dans l’Union européenne. Ce jeudi, à Bruxelles, un comité technique réunissant des représentants de la Commission et des États membres doit choisir dans quelle catégorie de risques pour la santé et la sécurité des travailleurs faire rentrer le Covid-19. Or, d’après la Confédération européenne des syndicats (CES), la Commission prétend écarter le nouveau coronavirus de la catégorie des agents biologiques les plus dangereux.

Des moyens de protection mais aucun vaccin ni médicament
L’échelle des risques va jusqu’à 4. Sont intégrés à ce niveau ceux qui « causent de graves maladies humaines et sont des dangers sérieux pour les travailleurs », qui « peuvent présenter un haut risque de contagiosité dans la communauté » et pour lesquels « il n’y a pas de protections effectives ou de traitements disponibles ». En l’occurrence, la Commission privilégie un classement dans une catégorie inférieure pour les agents pathogènes qui peuvent être dangereux et contagieux, mais pour lesquels « il existe des moyens de protection ou des traitements disponibles ». Or, comme chacun sait, aucun médicament et aucun vaccin n’existent à ce stade.

Une décision qui ouvre la voie à des actions devant la Cour de justice
Pour les syndicats européens, ce classement éventuel serait désastreux, et ils demandent à la Commission de revoir sa copie. Selon la CES, qui relève que l’agence européenne spécialisée sur cette question n’a même pas été consultée, cette définition dégradée pourrait entraîner une protection plus faible de la santé des travailleurs, avec un redémarrage de la pandémie parmi les salariés. Elle pourrait également ouvrir la voie à des actions devant la Cour de justice européenne. Secrétaire général adjoint de la CES, le syndicaliste suédois Per Hilmersson s’étrangle : « Après les mesures drastiques et sans précédent imposées aux citoyens, à juste titre, par les États membres afin de combattre le Covid-19, on a du mal à comprendre pourquoi la Commission ne veut pas intégrer le virus dans la catégorie des risques les plus élevés quand il s’agit de protéger les travailleurs. C’est un signal totalement déraisonnable… Tout le monde veut un retour au travail dès quepossible. Pour cela, il faut que les gouvernements nationaux mettent en œuvre des plans de sécurité sur les lieux de travail afin de prévenir une seconde vague. »

Thomas Lemahieu