La Sécurité sociale

L’Humanité - La fin de la Sécu étudiante, un mauvais coût pour les bacheliers ?

Novembre 2017, par Info santé sécu social

Présentée comme un gain de pouvoir d’achat par le gouvernement, la mesure pourrait au contraire coûter cher à certains étudiants.

Explications.
La Fage, premier syndicat étudiant, parle d’un « angle mort », d’une question « à éclaircir » lors du débat parlementaire. D’autres n’hésitent pas à évoquer une véritable« entourloupe ». De fait, inscrite dans le projet de loi présenté ce matin en Conseil des ministres, la fin du régime spécifique de la Sécurité sociale étudiante et son transfert vers le régime général suscitent un certain nombre d’inquiétudes quant au coût réel que va représenter cette mesure pour nombre d’étudiants. Sur le papier, la perspective est alléchante. La suppression de la cotisation obligatoire auprès des mutuelles étudiantes (217 euros) et son remplacement par une simple « cotisation vie étudiante » (CVE), beaucoup moins chère (60, 120 ou 150 euros, selon le cycle d’études), représentent, de prime abord, un gain de pouvoir d’achat. « Cela permettra de rendre immédiatement 100 millions d’euros aux étudiants », dit le gouvernement.

Dans la réalité, les choses sont moins évidentes. Pour tous les étudiants boursiers, cette mesure ne va rien changer. Déjà exonérés de cotisations de Sécurité sociale, ils le seront aussi de cette CVE. Seul gain réel : les 5,10 euros annuels de médecine préventive qu’ils ne paieront plus. La situation pourrait être encore moins plaisante pour certains non boursiers. Jusqu’ici, les bacheliers de moins de 20 ans étaient aussi inscrits gratuitement au régime social étudiant. Désormais, ils devront payer les 60 euros de CVE. D’autres catégories d’étudiants exonérés ou dispensés de Sécu étudiante (ceux qui ont une activité professionnelle à côté, qui sont mariés ou pacsés avec un non-étudiant ou encore les doctorants salariés) sont dans le même cas. Enfin, la cotisation à la Sécuritésociale étudiante était déductible des impôts lorsque le cotisant n’avait pas de revenus professionnels. Ce n’est pas le cas de la CVE. Conséquence : une charge supplémentaire entre 30 à 70 euros selon les familles. Si on ajoute la baisse générale des aides au
logement, les raisons de se réjouir ne sont plus aussi nombreuses

Interrogée par les organisations syndicales, la ministre Frédérique Vidal a reconnu certains manquements. « Elle s’est engagée à trouver des solutions pour qu’aucun étudiant ne voie son pouvoir d’achat baisser », assure la Fage. A vérifier de près dans le texte de loi.

par Laurent Mouloud