Branche maladie de la sécurité sociale

La Marseillaise - Quand la Sécu se met au régime, salariés et usagers ne pèsent plus très lourd

Mars 2016, par Info santé sécu social

Myriam Guillaume, jeudi 17 mars 2016

Comme la Caf, confrontée à un déficit de financement, la CPAM ferme ses centres de proximité et multiplie l’usage numérique. Un mauvais calcul selon la CGT CPAM 13, qui y dénonce la disparition de ses missions d’équité envers les usagers.

Le plan de restructuration 2015-2017 de la CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie) met en œuvre une centralisation des services. « Perte de la proximité et de pans entiers d’activité doublée d’une crainte d’externalisation par la suite » : la CGT en dénonce les effets. « Après la mise en concurrence des assurances et des mutuelles, ce sont maintenant les caisses qu’on amène sur un secteur concurrentiel. On entre dans une logique des coûts au dépend du service », se soucie Jean-Marie Angeli, secrétaire général CGT CPAM 13.

La direction du service public joue l’avenir sur un air d’économies, où le refrain des 11 milliards à rattraper du fameux trou de la Sécu a bon dos. Or, c’est sur celui des fonctionnaires et des usagers, bientôt clients à ce rythme, comme c’est devenu le cas pour La Poste, que pèse le régime sec. Pour autant, dans son rapport publié le 15 septembre 2015, la Cour des comptes a fait valoir que 20 à 25 milliards d’euros de fraudes sur les cotisations sociales patronales et plus de 20 milliards d’euros d’impôts non reversés à la sécurité sociale, creusaient l’abîme. « La sécu n’est pas malade de trop de dépenses mais d’un manque de recettes », rectifie le militant.

Hors service

Cette « réelle cohérence de chiffrer les performances avec des objectifs de production pour une meilleur rentabilité » n’est pas sans conséquence sur le terrain. « Les centres de production et d’accueil ferment au profit de bornes informatiques ». La vente de sites, patrimoine acquis grâce aux cotisations des assurés, a permis un gain immobilier. Mais, « on perd la notion de proximité, essentielle pour les plus précaires de nos assurés, décrit Béatrix Leaudais, co-responsable régionale à la fédération des organismes sociaux, et en prime, la charge de travail et les délais de traitement montent en flèche, certains attendent jusqu’à deux mois. De fait, dans les accueils encore ouverts les incidents se multiplient. »

Les Bouches-du-Rhône, parmi les départements les plus précaires de France, sont « également celui où on compte le plus d’entreprises privées », précise Béatrix. Les besoins sont immenses et les réponses tardent. A la pression du chiffre, chez les salariés de la CPAM 13, s’ajoute le sentiment « de mal faire son devoir, de ne pas avoir été utile à l’assuré ». Et la souffrance au travail y concerne aujourd’hui « 50% des arrêts maladie et pas de courte durée ».

Pour résorber les retards et rester un minimum accessible aux personnes pour qui le web reste un casse-tête, de nouveaux postes sont créés. A la Caf, sur le même mode opératoire, les nouveaux conseillers de service à l’usager dont les salaires culminent à 1000 euros sont en grève depuis 15 jours. A la CPAM, « ce sont des agents de capture » qui ont été inventés. « C’est la fin de la technicité du métier qui se met en place, estime Jean-Marie Angeli, on favorise la précarité, on complique l’accès aux soins (30% y renoncent) et nos missions sont reportées sur le secteur associatif ». Un mauvais calcul sur le coût du travail : « 4% du budget national sont affectés aux frais de personnel contre 12% dans le privé ».

Myriam Guillaume