Branche maladie de la sécurité sociale

Le Monde.fr : Médecins libéraux : vers une consultation revalorisée à hauteur de 30 euros chez le généraliste

il y a 1 mois, par infosecusanté

Le Monde.fr : Médecins libéraux : vers une consultation revalorisée à hauteur de 30 euros chez le généraliste

Après avoir dévoilé sa proposition très attendue sur les tarifs des consultations, l’Assurance-maladie a mis en avant les contreparties qu’elle entend demander aux médecins, sous la forme d’objectifs collectifs.

Par Camille Stromboni

Publié le 08/02/2024

L’Assurance-maladie a enfin abattu ses cartes : le tarif de la consultation de base chez le médecin généraliste pourrait être revalorisé à hauteur de 30 euros – contre 26,50 euros, depuis le 1er novembre 2023. La proposition, émise jeudi 8 février, lors de la troisième séance multilatérale de la négociation conventionnelle avec les médecins libéraux, était attendue de pied ferme par les professionnels, qui dénoncent l’insuffisance des tarifs depuis des mois.

Des revalorisations propres à chacune des spécialités cliniques et techniques ont également été mises sur la table, en premier lieu dans les secteurs où les rémunérations sont les plus faibles, en pédiatrie, en psychiatrie, en gynécologie médicale… Des mesures « substantielles » et un « investissement massif », a défendu le patron de la Caisse nationale d’assurance-maladie, Thomas Fatôme, pour renforcer l’attractivité de la médecine libérale. Le calendrier de la mise en œuvre de celles-ci, en revanche, n’est pas encore décidé.

Prévu initialement le 25 janvier, ce rendez-vous sur le sujet-clé des rémunérations a été reporté une première fois, alors que le maroquin de la santé n’avait plus de titulaire au sein du gouvernement. Catherine Vautrin a bien été nommée pour un périmètre mêlant travail, santé et solidarités, mais la désignation d’un ministre délégué au secteur restait à officialiser. C’est chose faite ce jeudi soir, avec la nomination de Frédéric Valletoux.

« Objectifs collectifs, chiffrés et mesurables »
Alors que les déserts médicaux n’ont cessé de s’aggraver, cette discussion avec les six syndicats représentatifs de la médecine libérale, généralistes et spécialistes a été relancée par le gouvernement à l’automne 2023. Elle doit aboutir, au printemps, espèrent les protagonistes, à une nouvelle convention fixant les règles d’exercice et de rémunération des professionnels. Une première tentative a échoué en février 2023, butant sur un « contrat d’engagement territorial » qui entendait conditionner ces revalorisations, et avait provoqué une levée de boucliers.

Si ce contrat a bien été abandonné, l’Assurance-maladie met cette fois-ci l’accent sur des contreparties qu’elle compte demander aux médecins. Elles seront déclinées avec des « objectifs collectifs, chiffrés et mesurables », a avancé M. Fâtome. Et porteront sur différents axes : l’amélioration en matière d’accès aux soins, notamment en renforçant la permanence des soins en « première partie de nuit » ; la refonte des rémunérations forfaitaires, avec la possibilité pour certains médecins d’être intégralement rémunérés au forfait, et non plus à l’acte ; ou encore la qualité et la pertinence des soins, à l’heure où le gouvernement assure vouloir faire baisser la consommation de médicaments.

Les dernières prises de parole du chef de l’Etat comme du premier ministre ont pu inquiéter, dans le monde libéral. Emmanuel Macron est revenu à la charge fin décembre 2023 pour étriller la rémunération « à l’acte », à laquelle sont attachés les professionnels. Gabriel Attal a, lui, brandi la menace d’un rétablissement de l’obligation de garde – chiffon rouge pour la profession – dans les territoires qui ne disposeraient pas d’un service d’accès aux soins.

« Ça avance »
Dans les rangs des médecins généralistes, les réactions sont positives, après cette séance de négociations. « Nous sommes satisfaits du tarif à 30 euros, confirme Agnès Giannotti, à la tête de MG France, premier syndicat chez les généralistes. Mais nous n’avons pas de calendrier, et c’est un vrai problème, on est déjà tellement en retard par rapport à l’inflation, il faut que ces revalorisations s’appliquent au plus vite. »

Comme plusieurs de ses confrères, elle salue en outre l’idée de contreparties « collectives » : « C’est intelligent, nous avons un défi collectif à relever sur l’accès aux soins ou la pertinence des prescriptions », souligne-t-elle. « Il y a encore du travail, mais ça avance », soutient également Luc Duquesnel, à la tête des Généralistes-CSMF, qui espère aussi des mesures pour soutenir les visites à domicile, ou encore les consultations « longues » du médecin traitant.

Chez les spécialistes en revanche, le ton est plus sévère, avec des revalorisations jugées « très insuffisantes », déplore Patrick Gasser, président du syndicat Avenir Spé-Le Bloc. « De nombreuses spécialités sont aujourd’hui en grande difficulté, comme la pédiatrie, et elles risquent de rester encore sur le carreau », ajoute-t-il.

Prochaines étapes en vue : des rencontres bilatérales entre syndicats et Assurance-maladie sont prévues dans les prochaines semaines, avant une séance plénière début mars.

Camille Stromboni