Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde - Covid-19 : pendant que l’Europe se reconfine, les manifestations antirestrictions se multiplient

Novembre 2020, par Info santé sécu social

Les pays européens annoncent de nouvelles restrictions ou restaurent le confinement, suscitant la colère d’une partie de leurs populations, comme en Espagne et en Italie, où les heurts se multiplient.

Le Monde avec AFP publié le 1er novembre 2020

A nouveau frappés par la pandémie de Covid-19, les pays européens annoncent de nouvelles restrictions ou restaurent le confinement, suscitant la montée de l’impatience de leurs populations ou une révolte ouverte, comme en Espagne et en Italie, où les manifestations se multiplient.

Sur l’ensemble de l’Europe, le nombre de cas supplémentaires enregistrés a bondi de 41 % en une semaine, représentant la moitié des ceux signalés ces sept derniers jours dans le monde. Une flambée qui risque de submerger les hôpitaux et a poussé les gouvernements à restreindre à nouveau la liberté de mouvement de leurs citoyens et à fermer des pans entiers de l’économie, notamment dans la culture et le commerce.

Les pays européens constituent la troisième région la plus touchée avec 10,4 millions de cas officiels, derrière l’Amérique latine et les Caraïbes (11,3 millions de cas) et l’Asie (10,5). Sur l’ensemble de la planète, ce sont plus de 46 millions d’êtres humains qui ont été atteints, dont près de 1,2 million ont perdu la vie.

Les heurts se multiplient en Espagne et en Italie
Face à ces restrictions et à la crainte d’une casse sociale accrue, des défilés ont eu lieu samedi soir, pour la deuxième nuit d’affilée, dans plusieurs villes d’Espagne, suivis d’affrontements avec la police et d’actes de vandalisme et de pillage.

Les troubles les plus importants se sont produits à Madrid, où de nombreux manifestants scandant « Liberté ! » ont mis le feu à des bennes à ordures et érigé des barricades de fortune sur la Gran Via, une des artères principales de la capitale. Ils ont lancé des pierres et des fusées éclairantes sur la police, intervenue pour les disperser. Douze personnes ont été légèrement blessées dans les affrontements, dont trois policiers, selon les services d’urgence. La police a interpellé 32 personnes.

Les manifestants dénonçaient le couvre-feu nocturne imposé la semaine dernière et le bouclage décrété par la quasi-totalité des régions espagnoles afin de limiter les déplacements avant le week-end de la Toussaint, dans l’espoir d’éviter un nouveau confinement.

Six personnes ont été interpellées à Logroño, selon une porte-parole de la police nationale. Dix autres ont été interpellées à Bilbao et Santander (Nord). A Malaga (Sud), un petit groupe de manifestants a également renversé des bennes à ordures et lancé des bouteilles en direction de la police. Le premier ministre, Pedro Sanchez, a condamné ces troubles dans un Tweet, affirmant que « le comportement violent et irrationnel de groupes minoritaires est intolérable ».

En Italie, l’opposition aux mesures de restrictions a aussi donné lieu à des heurts, samedi soir à Rome, entre la police et des centaines de manifestants, après des incidents similaires la veille à Florence et dans d’autres grandes villes ces derniers jours.

Le gouvernement italien a imposé ces derniers jours ce que les médias qualifient de « semi-confinement » : un couvre-feu dans plusieurs grandes régions, la fermeture des bars et des restaurants à 18 heures, ainsi que celle des salles de sport, de cinéma et de concert. Selon la presse italienne, le gouvernement envisage d’annoncer lundi un confinement des grandes villes du pays, à commencer par Milan et Naples. « La courbe épidémiologique est encore très élevée », a déclaré le ministre de la santé, Roberto Speranza, adepte d’un confinement généralisé : « Soit on la plie, soit on est dans le pétrin. »

Plusieurs pays européens confinent à nouveau
Au Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d’Europe avec au moins 46 555 morts du Covid-19, le premier ministre, Boris Johnson, a annoncé un reconfinement de l’Angleterre à partir de jeudi et jusqu’au 2 décembre – le Pays de Galles est déjà confiné, et l’Irlande du Nord en confinement partiel.

Selon le ministre d’Etat Michael Gove, dimanche, le confinement pourrait même être prolongé au-delà, ce qui alimente l’angoisse des milieux économiques. Ce reconfinement est « un cauchemar avant Noël », s’est ainsi alarmée Helen Dickinson, directrice générale de la fédération des commerçants britanniques, la British Retail Consortium.

En Autriche, « un second confinement est mis en place à compter de mardi et ce jusqu’à fin novembre », a annoncé le chancelier, Sebastian Kurz. Le pays de 8,8 millions d’habitants enregistre désormais plus de 5 000 cas quotidiens, contre seulement 1 000 début octobre, pour 1 109 décès depuis l’émergence de la pandémie.

La Grèce a décidé un confinement partiel d’un mois à Athènes et dans les autres grandes villes du pays à partir de mardi. Comme ailleurs, l’objectif est d’« essayer de sauver les fêtes de Noël », a expliqué le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis.

En Allemagne, où ont été également durcies les restrictions, le monde de la culture, qui doit fermer ses portes pour plusieurs semaines, se sent particulièrement mal loti. « Ces derniers mois, nous avons l’impression d’avoir moins de valeur que les voitures, les avions ou les footballeurs », ont dénoncé de nombreux chanteurs et artistes dans une lettre ouverte.

En Belgique, pays au monde où le coronavirus circule le plus, le ministre fédéral de la santé, Frank Vandenbroucke, a appelé la population à ne pas faire de shopping ce dimanche, à la veille d’un durcissement du confinement pour six semaines. De longues files d’attente ont été observées samedi dans certains magasins ou rues commerçantes. Ces files « sont dangereuses et c’est justement ce que nous ne voulons pas voir », a déclaré M. Vandenbroucke.

La Suisse connaît actuellement une des plus fortes hausses du nombre de cas par rapport à sa population
La ville de Genève a annoncé dimanche qu’elle ira au-delà des restrictions nationales imposées en Suisse et fermera les bars, les restaurants et les commerces non essentiels pour tenter d’enrayer une flambée de contaminations au SARS-CoV-2. Le gouvernement du canton de Genève a prévenu que la région faisait face à « une sévère aggravation de la situation » et déclaré « l’état de nécessité ». Les habitants sont appelés à ne quitter leur domicile qu’en cas de stricte nécessité par le gouvernement local, qui n’a néanmoins pas décrété d’interdiction officielle de déplacement.

Cette décision tombe quelques jours après l’annonce par le gouvernement national d’une série de restrictions liées à la crise sanitaire, sans toutefois revenir au confinement partiel instauré au printemps lors de la première vague de la pandémie. Comptant 8,5 millions d’habitants, la Suisse connaît actuellement une des plus fortes hausses de cas par rapport à sa population. La semaine dernière, elle a recensé presque 10 000 cas par jour au niveau national et des dizaines de décès. Au total, plus de 150 000 cas de contamination et plus de 2 000 morts y ont été enregistrés depuis le début de l’épidémie.

Plus de 230 000 morts aux Etats-Unis

Les Etats-Unis ont eux enregistré près de 77 000 nouvelles infections au cours des dernières vingt-quatre heures, au lendemain d’une hausse inédite au niveau national (94 000), selon le comptage de l’université Johns-Hopkins. C’est le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec près de 231 000 décès pour 9 millions de cas recensés.

Longtemps conseiller le plus en vue du chef de l’Etat pour l’épidémie, le docteur Anthony Fauci a estimé dans un entretien au Washington Post, publié samedi, que les Etats-Unis n’auraient pas pu être « plus mal positionnés » pour faire face à l’accélération du nombre de cas de Covid-19. « Nous allons souffrir, a prévenu celui qui est aussi directeur de l’Institut des maladies infectieuses. La situation n’est pas bonne. »

Il estime que le président Donald Trump ne prend plus en compte ses conseils et lui préfère désormais le neuroradiologiste Scott Atlas, favorable à une large réouverture de la société américaine plutôt qu’à un renforcement des mesures de prévention. Membre de l’équipe de communication de la Maison Blanche, Judd Deere a jugé « inacceptables » les propos du docteur Fauci. Pour lui, le médecin « fait entorse à tous les usages (…) en choisissant, trois jours avant une élection, de faire de la politique ».

Le chef de l’OMS en quarantaine
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé dimanche soir qu’il s’était placé en quarantaine après avoir été en contact avec une personne testée positive au Covid-19.

« J’ai été identifié comme un contact de quelqu’un qui a été testé positif au Covid-19. Je vais bien et suis sans symptôme mais je vais me placer en quarantaine les jours qui viennent, en ligne avec les protocoles de l’OMS, et travailler à la maison », a tweeté Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Il est extrêmement important que nous nous conformions tous aux directives sanitaires. C’est ainsi que nous briserons les chaînes de transmission du #COVID19, supprimerons le virus et protégerons les systèmes de santé », a-t-il ajouté.

M. Tedros a été en première ligne des initiatives de l’agence de santé des Nations unies pour lutter contre la pandémie. Début octobre, il avait vigoureusement défendu le travail réalisé par l’organisation, accusée notamment par le président américain Donald Trump d’incompétence dans sa gestion de la pandémie.