Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr : Coronavirus : en Italie, en Corée du Sud, en Iran... la propagation s’accélère

Février 2020, par infosecusanté

Le Monde.fr : Coronavirus : en Italie, en Corée du Sud, en Iran... la propagation s’accélère

Plus de 78 000 personnes ont été contaminées dans une trentaine de pays. En Europe, la Commission ne veut pas encore rétablir le contrôle aux frontières, malgré la situation en Italie. La France, elle, se prépare à une possible « épidémie »

Publié le 24/02/2020

L’épidémie de pneumonie s’accélère à travers le globe. Au total, quelque 78 000 personnes ont été contaminées à travers le monde, dans une trentaine de pays et territoires. La Corée du Sud et l’Iran se retrouvent en première ligne, lundi 24 février, avec respectivement le plus grand nombre de cas de contamination et de morts en dehors de la Chine. En Europe, l’Italie déplore désormais cinq décès. Quatre pays — l’Irak, l’Afghanistan, le Koweït et Bahreïn — sont nouvellement touchés.
Pékin report de la session plénière de l’Assemblée nationale populaire

Un homme qui s’est remis du SARS-CoV-2, virus responsable de Covid-19, est désinfecté par un membre du personnel médical avant de quitter l’hôpital de Wuhan, dans la province centrale du Hubei, en Chine, le 22 février 2020. STR / AFP
Le coronavirus a tué 2 442 personnes et en a contaminé quelque 77 000 en Chine continentale, d’après le dernier bilan des autorités. C’est la plus grave urgence sanitaire qui frappe le pays depuis la fondation du régime communiste, a déclaré dimanche le président Xi Jinping, tout en reconnaissant des « lacunes » dans la réponse à l’épidémie.
Décision inédite depuis trois décennies, le régime a annoncé lundi le report de la session plénière de l’Assemblée nationale populaire, grand-messe du régime communiste, qui devait s’ouvrir (comme chaque année) le 5 mars. Une nouvelle date sera décidée ultérieurement, a précisé la télévision nationale. La Chine a également décidé lundi d’interdire « complètement » le commerce et la consommation d’animaux sauvages, une pratique suspectée dans la propagation.
La ville de Wuhan, foyer d’apparition placé de facto en quarantaine depuis le 23 janvier avec ses 11 millions d’habitants, a finalement renoncé lundi à alléger les mesures d’isolement, revenant sur une annonce faite quelques heures plus tôt.

Alerte maximale en Corée du Sud

Dans une rue de Séoul, en Corée du Sud, lundi 24 février 2020. Ahn Young-joon / AP
La Corée du Sud a annoncé que 70 nouveaux cas avaient été enregistrés lundi après-midi, portant le total des personnes contaminées à 833, ce qui constitue le plus grand foyer de l’épidémie en dehors de la Chine. Face au rythme de contagion, le président sud-coréen Moon Jae-in a proclamé dimanche l’état d’alerte maximale.
Plus de la moitié des cas annoncés en Corée du Sud concernent des membres d’une secte d’inspiration chrétienne dans la ville de Daegu (sud du pays). Dix-huit d’entre eux rentraient d’un pèlerinage en Israël où deux cas ont été déclarés et où de nouvelles mesures d’interdiction d’entrée ont été prises.
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En conséquences, Hongkong va interdire à partir de mardi les arrivées de non-résidents en provenance de Corée du Sud. « Nous appelons les résidents de Hongkong à s’abstenir de tout voyage non nécessaire », a déclaré aux journalistes John Lee, secrétaire à la sécurité de Hongkong.
En Iran, le bilan officiel, contesté, monte à douze morts
L’irruption du coronavirus en Iran a été rapide et meurtrière. Selon un bilan officiel rapporté lundi par l’agence de presse Iranian Students News Agency (ISNA – « Agence de presse des étudiants iraniens »), douze personnes sont mortes sur 64 personnes infectées. Mais ce bilan est contesté. Ahmad Amirabadi Farahani, un député de Qom (centre), l’une des villes saintes de l’islam chiite, où ont été annoncés les premiers cas de coronavirus en Iran, a accusé lundi le gouvernement de « ne pas dire la vérité » sur l’ampleur de l’épidémie. Selon l’agence de presse Iranian Labour News Agency (ILNA), proche des réformateurs, M. Farahani a fait état de « 50 morts » rien qu’à Qom devant la presse à l’issue d’une session parlementaire à huis clos sur le virus.
« Je nie catégoriquement cette information », a déclaré à la mi-journée le vice-ministre de la santé, Iraj Harirchi. « Nous nous engageons à être transparents sur la publication des chiffres », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Ali Rabii, lors de la même conférence de presse.

Premiers cas en Afghanistan, en Irak, au Koweït et à Bahreïn
Le Koweït et le royaume de Bahreïn ont annoncé lundi les premiers cas de personnes infectées, en précisant qu’elles revenaient de l’Iran voisin. Le ministère de la santé koweïtien a précisé que trois personnes, revenant de la ville iranienne de Machhad (nord-est), avaient été testées positives au virus, alors que le ministère de la santé du Bahreïn a annoncé qu’un Bahreïni, de retour d’Iran, avait été diagnostiqué avec le nouveau coronavirus.
En Afghanistan, un premier cas a été détecté dans l’ouest du pays, chez un patient arrivé lui aussi d’Iran, a annoncé le ministre de la santé afghan, avant de déclarer l’« état d’urgence » dans cette province frontalière de l’Iran. L’Irak a également annoncé lundi le premier cas sur son sol : un citoyen iranien, âgé selon une source médicale, étudiant en religion dans la ville sainte chiite de Nadjaf.
De nombreux citoyens des pays arabes du Golfe, de confession chiite, se rendent fréquemment en Iran pour des pèlerinages sur les lieux saints chiites du pays. La multiplication de cas d’infection en Iran a poussé de nombreux pays voisins à fermer leurs frontières ou à restreindre les échanges avec ce pays.
Au Pakistan, au moins 200 personnes ont été placées à l’isolement lundi dans la province du Baloutchistan (sud-ouest), à la frontière avec l’Iran. Parmi ces personnes, 110 rentraient d’un pèlerinage à Qom.

L’Italie compte désormais 219 personnes contaminées dont 167 dans la seule région de Lombardie (nord), a annoncé lundi la protection civile. « Il y a 219 personnes infectées et un cinquième décès s’est ajouté récemment en Lombardie, un homme de 88 ans de Caselle Landi », à environ 70 km au sud de Milan, a déclaré lundi le chef de la protection civile, Angelo Borrelli, lors d’une conférence de presse.
En moins de quarante-huit heures, l’Italie est devenue le pays le plus touché en Europe. Depuis le premier décès d’un Italien, vendredi en Vénétie (région de Venise), le pays a pris de nombreuses mesures de précaution, dont la mise à l’isolement d’une dizaine de villes du nord. Le carnaval de Venise, qui devait se terminer mardi, a été annulé dès dimanche.

Bruxelles ne souhaite pas de contrôles aux frontières internes
Face à la flambée de cas en Italie, la Commission européenne ne souhaite pas dans l’immédiat le rétablissement de contrôles aux frontières intérieures de l’UE, une décision qui reste à l’initiative des Etats membres, estime l’institution. Toute décision en ce sens devra par ailleurs répondre à des conditions strictes, a expliqué l’exécutif européen.
Le code Schengen sur les frontières autorise le rétablissement temporaire de contrôles, « mais toute décision devrait être prise à certaines conditions », a prévenu de son côté le commissaire européen à la gestion des crises, Janez Lenarcic. Ainsi, une telle décision doit être « basée sur une évaluation des risques crédible et des preuves scientifiques », être « proportionnée » et « prise en coordination avec les autres ». Aucun pays n’a pour l’instant notifié à la Commission avoir pris une telle décision à cause du nouveau coronavirus.

La France se prépare à une possible « épidémie »
La France se prépare de son côté à une possible « épidémie » de Covid-19, a déclaré le ministre de la santé, Olivier Véran, dans un entretien au quotidien Le Parisien, dimanche, qui a estimé « très probable » la possibilité de nouveaux cas en France. Selon Le Progrès, un car en provenance d’Italie a été bloqué lundi matin à la gare routière de Perrache, à Lyon, en raison d’une suspicion de coronavirus Covid-19 à son bord.
Sur le plan économique, la France compte « 30 à 40 % » de touristes venus du monde entier en moins en raison de l’épidémie, a fait savoir dimanche le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, dans une interview donnée à CNBC. Ce recul du nombre de touristes « a évidemment un impact important pour l’économie française », a-t-il ajouté. Le ministre a précisé que la France accueillait chaque année quelque 2,7 millions de touristes chinois.