Martin Dumas Primbault
| 12.10.2018

« Cette transformation du système de santé ne se fera pas sans vous. » Au 58e Congrès national des centres de santé, Agnès Buzyn a flatté le travail des 1 900 centres de santé (dont 350 pluridisciplianaires) répartis sur le territoire. Devant 400 professionnels du secteur venus pour l’écouter ce vendredi matin, la ministre a insisté sur « l’attachement des pouvoirs publics » à l’égard des centres de santé et détaillé le rôle qu’elle attend d’eux dans la réforme en cours.

Il faut dire que depuis le discours du président de la République, presque muet à leur sujet, le Dr Eric May, président de l’Union syndicale des médecins des centres de santé (USMCS), ne savait pas sur quel pied danser. En prenant la parole au matin de la deuxième journée du congrès, Agnès Buzyn a envoyé un signal fort sur l’air du « Je vous ai compris ».

Les centres, socles majeurs des CPTS

De par leur nature même, les centres de santé s’inscrivent pleinement dans la stratégie de l’exécutif. En promouvant depuis des années l’exercice coordonné et en faisant du tiers payant une condition sine qua non de leur activité, ils répondent à deux volontés structurantes du gouvernement : faire disparaître l’exercice isolé et réduire le renoncement aux soins. La ministre prévoit ainsi de « s’appuyer sur eux » dans la mise en œuvre de plusieurs mesures du plan « Ma Santé 2022 ». Sans détour, elle a vanté « un modèle d’organisation coordonnée que nous souhaitons soutenir et promouvoir ».

Mesure d’ampleur en matière d’organisation territoriale des soins, le déploiement de 1 000 communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) d’ici à la fin du quinquennat ne sera pas réservé aux structures libérales. « Les centres de santé y ont toute leur place », a déclaré la ministre. Et d’ajouter, « ils seront un socle majeur du déploiement des CPTS ».

Ils auront en outre, au même titre que les libéraux, droit au financement des postes d’assistants médicaux, a promis Agnès Buzyn. Beaucoup d’entre eux seront même parmi les premiers à en profiter car les quartiers prioritaires de la politique de la ville et les zones sous-denses seront aux premières loges dans le déploiement du dispositif.

« Penser la santé de demain, c’est aussi penser à ceux qui la feront », a par ailleurs affirmé la ministre. Agnès Buzyn veut pour cela développer les lieux de stage en ambulatoire et compte bien y inclure les centres de santé. « Vous aurez évidemment toute votre place dans cette réorganisation des lieux d’accueil et des lieux de stages », a-t-elle déclaré.

Prévention enfin, la locataire de Ségur veut renforcer les missions et prérogatives confiées aux centres de santé notamment sur « les mille premiers jours de l’enfant ». Des actes comme l’entretien prénatal précoce, le repérage des addictions chez les femmes enceintes ou encore le dépistage de l’hépatite C font partie des rôles que le ministère veut leur attribuer en premier lieu. « Les centres de santé ont vocation à être en tête de la médecine préventive de demain », a assuré Agnès Buzyn.