Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Quotidien du médecin - Surblouses, gants, FFP2 : la pénurie de protection « reste importante » à l’hôpital, estime le SNPHARe dans une enquête

Avril 2020, par Info santé sécu social

PAR MARTIN DUMAS PRIMBAULT - PUBLIÉ LE 21/04/2020

La pénurie de protections à l’hôpital s’est-elle atténuée depuis le début de la crise épidémique ? Selon une enquête du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHARe) rendue publique mardi 21 avril, la situation dans les hôpitaux s’est nettement améliorée mais l’accès à certains équipements de protection reste souvent contingenté pour les professionnels.

Sur les 1 304* réponses récoltées, à grande majorité auprès de médecins exerçant en CH ou en CHU, 26 % déclaraient avoir accès en début de crise à un équipement de protection individuel complet (masque, blouse ou surblouse et lunettes) ainsi qu’à des solutions hydroalcooliques (SHA) en quantité suffisante. Ce chiffre s’élève désormais à 53 % des professionnels interrogés.

L’accès aux SHA a été sensiblement facilité. Alors que 10 % du panel déclarait n’en avoir pas ou pas assez au début de l’épidémie, seuls 5 % font toujours ce constat aujourd’hui. Pour tous les autres, le SHA est en libre accès ou contingenté mais en quantité suffisante.

Concernant les masques chirurgicaux, la situation a progressé mais reste tendue. 7 % des médecins indiquent toujours manquer de masques aujourd’hui contre 29 % au début de la crise. La même problématique est dénoncée avec les masques FFP2. Presque un professionnel sur trois (31 %) en manque aujourd’hui contre 53 % initialement. Les lunettes aussi restent une denrée rare malgré une amélioration. Selon le panel, 27 % des interrogés disent en manquer. C’est 20 points de moins qu’en début de crise.

La pénurie touche aussi les surblouses en plastique qui manquent aujourd’hui à 37 % des soignants contre 39 % initialement. Mais c’est en matière de gants couvrant les avant-bras qu’elle se fait la plus sévère. Presque un soignant sur deux (49 %) déclare aujourd’hui n’en avoir pas du tout. Ils étaient 58 % à faire ce constat aux premiers jours de l’épidémie.

Omerta

L’enquête du SNPHARe pointe également des manquements s’agissant du dépistage des soignants. Seuls 4 % des interrogés témoignent d’un dépistage systématique régulier dans leur établissement. Pour 32,3 % des répondants, il est nécessaire de passer par leur cadre hiérarchique ou fonctionnel pour en bénéficier.

Dans l’attente des résultats, seule une petite moitié des soignants (46,8 %) sont mis en arrêt de travail alors que 43,8 % continuent à travailler avec port du masque obligatoire. En cas de résultat négatif, 79 % reprennent le travail avec un masque, 12 % sans masque et 9 % bénéficient d’un arrêt de travail (de 7 jours ou 14 jours).

Si le test est positif, 16 % déclarent devoir reprendre le travail « si l’état clinique le permet » alors que 82 % bénéficient d’un arrêt de travail de 7 ou 14 jours. Le taux de contamination des soignants à l’intérieur de l’établissement reste néanmoins souvent secret. 23,5 % des interrogés disent avoir accès à cette information alors que 36,7 % observent une omerta sur le sujet. L’institution recommande rarement (moins de 500 personnes interrogées) aux professionnels contaminés de prévenir leurs collègues mais plutôt le supérieur (plus de 600 réponses) ou le service de santé au travail (plus de 800 réponses).

Enfin, le port du masque est obligatoire hors des secteurs patients dans seulement 56,4 % des hôpitaux, indique l’enquête.

Au vu des résultats et de la pénurie d’équipement de protection pour les soignants qui « reste importante », le SNPHARe se dit « inquiet » de l’arrivée d’une deuxième vague épidémique. Il appelle les pouvoirs publics à « mettre tout en œuvre sans délai » pour équiper les soignants, faciliter leur dépistage, rendre publics les taux de contamination et reconnaître « dès maintenant » le Covid-19 en maladie professionnelle.