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Le figaro.fr : Retraites, hôpital...Ce qu’il faut retenir de l’interview d’Édouard Philippe

Novembre 2019, par infosecusanté

Le figaro.fr : Retraites, hôpital...Ce qu’il faut retenir de l’interview d’Édouard Philippe

Pierre Lepelletier, Océane Herrero il y a 1 jour

Défendre le plan du gouvernement pour l’hôpital, déminer le conflit social autour de la réforme des retraites : au micro de France Inter ce jeudi matin, le premier ministre Édouard Philippe a tenu à défendre les caps fixés par le gouvernement, face à une fin d’année qui s’annonce lourde en mouvements sociaux.

« Je veux sauver l’hôpital public »
Le « plan d’urgence » pour l’hôpital, présenté mercredi par Édouard Philippe et la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, n’a pas dégonflé la colère d’une partie du corps médical. « On ne s’attendait pas à voir tout le monde danser la gigue et dire que tout est réglé, » balaie Édouard Philippe. Parmi les revendications du personnel médical : des augmentations de salaire, qui ne font pas partie du plan présenté par le Premier ministre. « Les infirmières sont au 26e rang sur 29 des salaires dans l’OCDE, » a notamment appuyé Léa Salamé. Le Premier ministre a pour sa part défendu un choix stratégique. « L’impact d’une augmentation des salaires aurait été en deçà des attentes. Notre choix a été de concentrer les moyens publics aux problèmes les plus criants, » a-t-il plaidé. Avant de défendre la reprise d’une partie de la dette de l’hôpital - à hauteur de 10 milliards d’euros - qui pourrait sembler « virtuelle » : « elle permettra de faire passer l’hôpital au-dessus de l’eau. » Parallèlement, la ministre de la Santé a appuyé sur Franceinfo « un plan massif, historique. L’État reprend 10 milliards d’euros sur trois ans. Dès 2020, il faudra que les hôpitaux retrouvent de la trésorerie pour recruter, reouvrir des lits, rénover, acheter du matériel. »

Retraites : « Il faut dire aux Français qu’on va devoir travailler plus longtemps »
L’éxecutif est pris en étau entre le rapport du Conseil d’orientation des retraites (Cor), qui prévoit un déficit du système de retraites de 8 à 17 milliards en 2025 et la grogne sociale face à la réforme des retraites mise en route par le gouvernement. « Il faut dire aux Français, clairement, tranquillement, qu’on va travailler plus longtemps, c’est ce qui semble se dessiner, » a martelé le premier ministre, avant de rappeler que « toutes les solutions de transition sont sur la table ». Et notamment : la désormais fameuse « clause du grand-père » , selon laquelle la réforme ne concernerait que les nouveaux entrants ; ou encore l’âge pivot, qualifié par Édouard Philippe comme « un élément de solution. ». En revanche, le premier ministre n’a pas commenté l’éventualité de la « clause du grand-père » . Sur les régimes spéciaux, Édouard Philippe a répété que « par définition si on crée un système universel, les régimes spéciaux n’existe plus à la date où le système entre en vigueur ».
Le Premier ministre en a également balayé d’autres options : une baisse des pensions actuelles ou une augmentation des cotisations pour les actifs d’aujourd’hui. Édouard Philippe a également aligné sa position à celle du président de la République concernant l’âge légal du départ à la retraite : il n’est « pas favorable » à son repoussement, car il constitue « une forme de garantie et de visibilité. »
Il recevra, lundi et mardi prochain, les organisations syndicales et patronales. Reculera-t-il si la grève du 5 décembre s’avère massive ? « Je ne fais pas cette réforme contre les Français. Je suis convaincu qu’il faut la faire. On ne s’embarque pas dans une réforme des retraites pour le plaisir, par gaité de cœur ou pour être populaire, » a-t-il estimé. Le haut-commissaire aux retraites jean-Paul Delevoye, pour sa part invité de Radio Classique, a insisté sur les vertus du dialogue : « Il faut réhabiliter le débat. Passer d’une politique de rapport de force, suicidaire, à la notion de compromis. Nous devons être attentifs à toutes les éruptions citoyennes, aux humiliations que les personnes, parfois, ressentent. »

Étudiant immolé : Philippe défend la politique du gouvernement envers les étudiants
Edouard Philippe est également revenu sur l’étudiant qui s’est immolé à Lyon mi-novembre pour dénoncer la précarité étudiante. S’il n’a pas « d’information médicale » précise, le Premier ministre « sait que son état se stabilise ». Après avoir eu une pensée pour lui et « sa famille qui doit vivre un moment terrible », Edouard Philippe a rappelé que le gouvernement faisait tout pour « mettre les étudiants dans les meilleures conditions pour réussir leurs études ». « En France le système de bourse, c’est 5,7 milliards d’euros. Ce n’est pas du tout négligeable. C’est d’ailleurs un système beaucoup plus puissant que dans beaucoup d’autres pays, et tant mieux d’une certaine façon », s’est-il réjoui. « C’est un système qu’on ne gèle pas, qu’on revalorise », a poursuivi Edouard Philippe, en rappelant qu’une revalorisation de 46 millions d’euros avait été faite « dans le dernier budget ». « Ce qu’on constate c’est que beaucoup d’étudiants ne demandent pas à bénéficier de dispositifs dont ils pourraient bénéficier. Soit parce que c’est trop compliqué, soit parce qu’ils ne savent pas que ces dispositifs existent. On a essayé d’améliorer la communication », a assuré le Premier ministre, précisant que le gouvernement « allait continuer à travailler là-dessus ».

Philippe candidat au Havre ? « Je ferai connaître ma décision en janvier »
Edouard Philippe quittera-t-il son poste de premier ministre pour être candidat au Havre ? « Je ne vais pas masquer le fait que j’aime cette ville, que j’aime être chez moi, que j’ai aimé être maire », a reconnu celui qui a été maire de la ville normande entre 2010 et son arrivée au gouvernement en mai 2017. « Aujourd’hui, je suis premier ministre et j’ai une mission à accomplir qui m’a été donnée par le président de la République », a-t-il indiqué. Avant d’annoncer : « Je dirai en janvier si j’y vais, si je n’y vais pas ». À la question de savoir s’il hésite, Edouard Philippe a coupé court : « Je n’hésite pas. Je ferai connaître ma décision en janvier ».

Édouard Philippe ira voir le film de Roman Polanski
Le premier ministre a indiqué qu’il irait au cinéma voir le film « J’accuse » malgré les accusations de viol qui pèsent sur son réalisateur, Roman Polanski. « Je ne l’ai pas encore vu mais je vais aller le voir avec mes enfants. L’affaire Dreyfus est un sujet qui me passionne depuis longtemps et on m’a dit que c’était un bon film », a-t-il expliqué, sans évoquer la polémique.
Au sein du gouvernement, Marlène Schiappa, la secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes, a de son côté expliqué au Figaro qu’elle n’irait pas le voir « par principe » sans appeler au boycott. Edouard Philippe refuse, lui, de donner une ligne de conduite. « Je ne vais pas quand même pas dire aux membres du gouvernement vous allez voir ce film ou vous n’allez pas le voir. Enfin, dans quel monde vit-on », a raillé le premier ministre.