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Lequotidiendumedecin.fr : Déserts, panier de soins, honoraires, tiers payant : enfin une bonne dose de santé dans le débat Fillon/Juppé !

Novembre 2016, par infosecusanté

Déserts, panier de soins, honoraires, tiers payant : enfin une bonne dose de santé dans le débat Fillon/Juppé !

Cyrille Dupuis

25.11.2016

Cette fois, ils ont parlé de santé, et pas qu’un peu : pendant 11 bonnes minutes, dès la première partie du face-à-face télévisé sur la primaire à droite, jeudi soir devant des millions de téléspectateurs, Alain Juppé et François Fillon ont tracé les grandes lignes de leurs programmes respectifs en matière de santé et d’assurance-maladie, abordant tour à tour les déserts médicaux, l’exercice libéral, la rémunération, le « panier de soins » ou la place des complémentaires. Ces sujets avaient été quasi-absents des trois débats à sept, au grand dam des acteurs du secteur.

Modèle social, deux approches

Les échanges se sont d’abord portés sur la préservation du modèle social français issu de l’après-guerre. Alain Juppé a affiché sa volonté de « consolider et non pas casser » la protection sociale « existante », François Fillon faisant valoir de son côté que le pays « n’est plus en 1945 » et que le modèle social si souvent invoqué produit aujourd’hui « 6 millions de chômeurs », le déclassement et une pauvreté croissante. « La meilleure politique sociale, c’est l’emploi », a-t-il plaidé.

Pour réformer le système de santé et d’assurance-maladie, le maire de Bordeaux a fixé plusieurs priorités : « rétablir la confiance » avec les professionnels de santé, valoriser l’exercice libéral de la médecine, « ne pas toucher au taux de remboursement » du régime obligatoire mais agir sur les coûts de gestion des caisses, intensifier la lutte contre les fraudes, recadrer l’aide médicale d’État (AME) ou encore développer la chirurgie ambulatoire et améliorer la pertinence des soins.

Fillon, gros risque et petit risque

Questionné directement sur son projet de recentrer le panier de soins remboursés sur les pathologies graves et de longue durée, porte ouverte vers une possible médecine à deux vitesses, François Fillon a assumé son choix de concentrer l’assurance-maladie obligatoire sur « les risques principaux », les affections graves et de longue durée, en laissant le « petit risque » et les médicaments « de confort » aux complémentaires santé. Il a toutefois affirmé que la composition de ce panier de soins, sujet très sensible, devrait être discuté « avec les partenaires sociaux ». Il a également évoqué un bouclier de santé pour que les personnes les plus modestes ne soient pas pénalisées.

Pour le député de Paris, le système de santé « a besoin d’être réformé » notamment parce qu’il « génère du mal-être » chez les soignants. Dans ce contexte, le credo de François Fillon est de « désétatiser » et « débureaucratiser ». Il faut mettre le généraliste au cœur du système de santé et construire un « maximum » de maisons de santé pour « décharger l’hôpital », a-t-il défendu. L’ancien maire de Sablé-sur-Sarthe entend former davantage de médecins en augmentant le numerus clausus, soulignant au passage que certains étudiants excellents sont « collés », alors qu’ « on laisse entrer des médecins étrangers qui n’ont pas le même niveau de formation ».

Le médecin et le plombier

De façon inattendue, la question des mois d’attente chez certains spécialistes, et en particulier les ophtalmologistes, a donné lieu à quelques explications sur les remèdes contre les déserts.

Pour « rééquilibrer » la géographie médicale, Alain Juppé n’est « pas favorable à la coercition ». S’il préserve les piliers de la médecine libérale (liberté d’installation, de prescription, libre choix du patient), il n’exclut pas de lier la hausse du numerus clausus à l’exercice de médecins nouvellement formés dans les zones les plus fragiles. Pour redorer le blason de la médecine de ville et convaincre les jeunes de s’installer, il projette surtout de réviser la nomenclature des actes, y compris en augmentant la valeur de l’acte intellectuel ou à la faveur de forfaits structure.

Cette proposition de revalorisation financière a trouvé un écho immédiat chez François Fillon. « Il faut mieux payer les médecins », s’est-il exclamé, se désolant que des praticiens ayant fait plus de dix ans d’études soient « moins bien payés que quelqu’un qui vient réparer la plomberie »...

Aux termes de ces échanges sur la santé, qui ont du moins illustré un clivage net sur ce qui doit relever de la solidarité nationale et des complémentaires, les deux ténors de la droite se sont retrouvés sur un point : l’abrogation du tiers payant généralisé.