Branche maladie de la sécurité sociale

Les Echos.fr : Les médecins veulent enterrer le tiers-payant

Février 2016, par infosecusanté

Les médecins veulent enterrer le tiers-payant

Solveig Godeluck / Journaliste

Le 17/02 à 18:42

L’assurance-maladie et les complémentaires santé ont dévoilé leurs solutions techniques. Elles sont rejetées pour leur complexité.

Le tiers-payant généralisé ne verra pas le jour. Depuis la bataille sur la loi santé , c’est le mot d’ordre des syndicats de médecins libéraux. C’est désormais également la conviction de la première organisation représentative des généralistes, MG France, qui a appelé ses troupes à ne pas faire de zèle : « Les exigences démesurées des régimes complémentaires obligent MG France à dissuader les généralistes de pratiquer le tiers-payant sur la part complémentaire », a annoncé MG dans un communiqué. Cela tombe bien : les médecins n’ont plus d’obligation de se convertir au tiers-payant sur la part complémentaire, depuis que le Conseil constitutionnel a retoqué cette partie du dispositif.

Un risque technique

La cause de ce courroux syndical ? L’Assurance-maladie et les trois familles d’assureurs complémentaires ont présenté ce mercredi les solutions techniques sur lesquelles elles se sont entendues pour déployer l’avance de frais chez tous les médecins d’ici à novembre 2017. On ne peut pas dire qu’elles aient retourné la situation à leur avantage. La principale revendication des médecins était la garantie d’un « flux unique » de paiement géré par la Sécurité sociale, pour éviter d’avoir à recouvrer leur dû auprès de 600 régimes complémentaires. Il y aura en fait une réconciliation des flux sur le poste de travail du médecin, une fois mis à jour son logiciel professionnel.

Cela fait peser un risque technique sur le professionnel de santé, soulignent en choeur les syndicats représentatifs. « La récupération des franchises actuellement faite sur les honoraires payés directement aux médecins (600 millions d’euros par an) reste hypothétique », critique la CSMF, persuadée que la mise en place d’une plateforme commune aux assureurs complémentaires coûtera « plusieurs dizaines de millions d’euros », qui se reporteront in fine sur les assurés. La FMF a quant à elle moqué « l’appartement témoin » présenté en conférence de presse, « où tout serait simple , se ferait en un clic,et où les patients paieraient les franchises par Internet » .

Pour surveiller les impayés, les concepteurs de la plateforme proposent aux médecins d’installer un système de suivi automatique des paiements sur leur ordinateur, ou bien de faire appel à un gestionnaire spécialisé. Des solutions qui se feront aux frais des professionnels de santé, en concluent les principaux intéressés.