Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - Coronavirus : l’OMS craint une propagation mondiale plus importante

Février 2020, par Info santé sécu social

Par Valentin Cebron — 11 février 2020 à 18:43

Une petite éclaircie et une inquiétude croissante. Si la Chine vient de franchir le cap symbolique du millier de morts (1016, mardi matin) et compte plus de 42 500 personnes contaminées, on constate malgré tout un ralentissement de la contamination. Depuis plusieurs jours, le nombre de nouveaux cas journaliers diminue par rapport à la veille. Cette tendance, qui peut être interprétée comme un signe positif si les chiffres sont avérés, ne permet pas pour autant de conclure à un reflux. Et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est bien loin d’exprimer un soulagement.

Tout juste renommé Covid-19 par l’OMS, le virus apparu en décembre dans la ville chinoise de Wuhan « reste une grande urgence pour la Chine, mais constitue aussi une très grave menace pour le reste du monde », a déclaré mardi le directeur général de l’institution, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence réunissant 400 scientifiques jusqu’à mercredi à Genève. A l’ouverture de cette réunion, qui passera en revue les moyens de combattre l’épidémie, il a appelé tous les pays à faire preuve de « solidarité » en partageant les données dont ils disposent sur le virus.

« La partie émergée de l’iceberg »
Hors de Chine continentale, plus de 400 cas de contamination ont été recensés dans une trentaine de pays et deux personnes ont trouvé la mort, aux Philippines et à Hongkong. L’OMS redoute une accélération de la contamination et une multiplication des personnes infectées. Lundi, Tedros Adhanom Ghebreyesus tweetait pour évoquer « des cas inquiétants de propagation du #2019nCoV par des personnes sans antécédents de voyage » en Chine. Avant de prévenir : « Nous ne voyons peut-être que la partie émergée de l’iceberg. »

Alors que le week-end dernier, l’OMS tentait de rassurer en indiquant qu’elle avait enregistré en Chine « une période de stabilité de quatre jours, où le nombre de cas rapportés » n’avait « pas progressé », le patron de l’institution a évoqué lundi une potentielle recrudescence de la propagation. « La détection d’un petit nombre de cas peut indiquer une transmission plus répandue dans d’autres pays, précise Tedros Adhanom Ghebreyesus. Tous les pays doivent utiliser la fenêtre d’opportunité créée par la stratégie de confinement pour se préparer à l’arrivée éventuelle du virus. »

Signe d’une vive préoccupation sur le front sanitaire, les ministres européens de la Santé se réuniront en urgence jeudi à Bruxelles pour discuter de mesures coordonnées contre l’épidémie. L’Union européenne fait état d’un peu plus de 30 contaminations.

11 personnes contaminées par le même homme
La France, qui compte 11 cas personnes infectées, se veut rassurante, même si le Quai d’Orsay déconseille les voyages en Chine « sauf raison impérative ». « En ce qui concerne la situation en France, il n’y a pas de nouveaux cas à ce jour, a tempéré lundi le professeur Jérôme Salomon, directeur général de la santé. Nous avons toujours onze cas confirmés, dont un cas sévère. » Les cinq dernières personnes porteuses du virus aux Contamines-Montjoie dans les Alpes « sont hospitalisées et dans une situation clinique tout à fait rassurante, il n’y a pas d’inquiétude aujourd’hui sur leur état de santé ».

De nationalité britannique, elles auraient été infectées par l’un de leurs compatriotes ayant séjourné à Singapour pour un voyage d’affaires. Sans avoir fouler le sol de la Chine, ce dernier serait également à l’origine de la contamination d’un homme de 46 ans sur l’île de Majorque (la deuxième en Espagne) et de cinq autres personnes outre-Manche.

Ces 11 cas de personnes contaminées par une seule et même personne laissent planer l’ombre d’une chaîne de contamination beaucoup plus importante. En effet, l’homme n’a été diagnostiqué qu’une fois arrivé au Royaume-Uni en provenance de Genève. La détection de ce petit nombre de cas pourrait être « l’étincelle qui finira par un plus grand feu » épidémique, s’était alarmé dès lundi Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Les autorités britanniques sont déjà sur les traces des personnes qui ont voyagé avec l’homme en provenance de Singapour, désormais surnommé « le super-transmetteur » par la presse britannique, une personne « capable de causer au moins 8 cas secondaires », d’après le médecin et historien de la médecine Martin Furmanski.

« Menace grave et imminente »
Si le Royaume-Uni ne compte pour l’instant que huit personnes contaminées, le gouvernement britannique a toutefois qualifié lundi le nouveau coronavirus de « menace grave et imminente pour la santé publique ». Mise en quarantaine, isolement forcé : le pays envisage des mesures fortes pour endiguer la menace du virus. « Nous renforçons nos réglementations afin de pouvoir maintenir les individus à l’isolement pour leur propre sécurité, et si les professionnels de la santé publique estiment qu’ils risquent de propager le virus à d’autres personnes », dixit un porte-parole du ministère de la Santé.

Ailleurs en Asie, les chiffres grimpent peu à peu avec une centaine de cas confirmés dans le Sud-Est de la région. Les Etats-Unis – qui comptent 13 personnes contaminées – ont envoyé du matériel médical au Laos. Une aide qui s’inscrit dans le cadre d’un programme de 100 millions de dollars destiné à enrayer la propagation du nouveau coronavirus. A Hongkong, plus d’une centaine de personnes ont été évacuées mardi d’une tour de 35 étages après la découverte de deux cas à deux étages différents, les autorités s’interrogeant sur une éventuelle contagion via les canalisations.

En Corée du Nord, aucun cas de coronavirus n’a été officiellement déclaré par le régime de Pyongyang. Mais selon le site d’information Daily NK, une femme serait décédée dans la capitale nord-coréenne à cause du virus et 18 personnes auraient été également infectées. La propagation de l’épidémie s’avérerait catastrophique pour le pays, compte tenu de la vétusté de son système de santé. Les mêmes interrogations se posent aussi sur le continent africain où, pour l’heure, aucun cas n’a été recensé en raison d’un manque de moyen pour détecter les contaminations.

Valentin Cebron