Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - Covid-19 : le vaccin réduit-il le risque de transmission du virus ?

Juin 2021, par Info santé sécu social

CheckNews

Les vaccins réduisent bien le risque d’infection, les vaccinés qui sont infectés ont une charge virale plus faible que les non-vaccinés. La vaccination apparaît efficace pour réduire les chaînes de contamination.

Les vaccins actuellement autorisés en France réduisent fortement le risque de développer des formes symptomatiques du Covid. (Fred Tanneau/AFP)

par Florian Gouthière
publié le 13 juin 2021 à 14h07
Question posée le 10/06/2021.

Les vaccins actuellement autorisés en France réduisent fortement le risque de développer des formes symptomatiques du Covid. Mais le vaccin limite-t-il seulement le développement des symptômes ou réduit-il réellement le risque d’être infecté par le virus ? Une personne vaccinée peut-elle être porteuse du virus sans le savoir (porteuse asymptomatique) et contribuer à propager le virus ?

Plusieurs études récentes sont venues illustrer de manière convaincante l’existence, pour les vaccinés, d’une baisse mesurable du risque de formes asymptomatiques, ainsi que du risque de transmission du virus vers autrui. A noter que l’essentiel de ces recherches porte sur les vaccins à ARN messager.

La vaccination interrompt bel et bien les chaînes de contamination
Selon des données israéliennes parues ce 10 juin dans la revue Nature Medicine, le taux de vaccination des adultes dans une zone donnée est corrélé à une baisse du taux d’infection des moins de seize ans, non vaccinés. « En moyenne, pour chaque tranche de 20 points de pourcentage d’individus vaccinés dans une population donnée, la fraction de tests positifs dans la population non vaccinée a été divisée par deux environ. » Un effet sur la diffusion du virus est donc bien observé. Car dans l’hypothèse où le vaccin ne ferait que réduire l’apparition des symptômes, mais n’aurait pas d’effet sur le portage du virus et sa transmission, le taux d’infection dans une population non-vaccinée côtoyant les vaccinés ne diminuerait pas.

Ces résultats ne surprennent guère : fin mars, des membres de la même équipe observaient déjà qu’en cas d’infection symptomatique, les personnes vaccinées à une dose depuis plus de deux semaines présentaient une charge virale quatre fois inférieure à celle des non-vaccinés. Excrétant moins de virus, les malades symptomatiques vaccinés sont donc moins contagieux (1).

Mais qu’en est-il des malades asymptomatiques ? Sont-ils moins nombreux chez les vaccinés que chez les non-vaccinés ? Leur propension à transmettre le virus est-elle diminuée du fait du vaccin ?

La vaccination diminue fortement le risque d’être porteur asymptomatique

L’induction d’une protection contre les formes asymptomatiques était suggérée dès février par une étude – israélienne toujours – publiée dans The Lancet. Ces travaux qui reposaient sur un dépistage systématique du Covid-19 effectué auprès de 7 000 participants asymptomatiques, concluaient à une baisse de 75 % des cas d’infections à partir de quinze jours après la première injection.

Plus récemment, des travaux plus vastes s’étaient attardés sur la proportion de tests positifs recensés chez des personnes peu ou pas symptomatiques. Comparées à des personnes non vaccinées, les personnes qui ont reçu une dose de vaccin trois semaines plus tôt étaient 30 % moins nombreuses à être porteuses du virus. Ce chiffre montait à 50 % pour les personnes vaccinées depuis un mois, pour atteindre 90 % au-delà d’une semaine après la seconde dose. Une petite étude étasunienne, exclusivement consacrée aux taux de positivité des asymptomatiques vaccinés (à au moins une dose) et non-vaccinés, estimait quant à elle la diminution du risque d’infection entre 40 % et 66 %.

Fait notable, chez les vaccinés, plus la vaccination est avancée, plus le risque d’être porteur asymptomatique (c’est-à-dire infecté sans le savoir) baisse. C’est notamment ce qu’a montré une étude menée en Californie auprès de plus de 36 000 personnes qui ne présentaient pas de symptômes du Covid-19 (et dont on ignorait a priori si elles étaient ou non infectées). Le taux de positivité observé passait de 2,5 % chez les personnes qui n’avaient reçu leur première dose que depuis une semaine, à 1,6 % pour des vaccinés depuis deux semaines, puis à 0,7 % depuis trois semaines, 0,4 % depuis quatre semaines (ainsi qu’une semaine après la seconde injection), pour passer sous les 0,2 % une fois le schéma vaccinal achevé. Cette décroissance du risque d’être porteur asymptomatique, d’un facteur 10, a été observée dans d’autres études, aux Etats-Unis et en Israël. D’autres travaux suggèrent que la diminution du risque d’être asymptomatique serait encore supérieure.

En résumé
Les personnes entièrement vaccinées (tout au moins avec les vaccins ARNm actuellement autorisés) diminuent sensiblement non seulement leur risque de tomber malade, mais plus généralement leur risque d’être infectées. Les vaccinés ont moins de risque d’être des porteurs asymptomatiques du virus que les non-vaccinés.

Par ailleurs, en cas d’infection, les vaccinés symptomatiques ont une charge virale plus faible que les personnes non vaccinées.

En revanche, on ne dispose pas encore de données spécifiques sur l’évolution de la charge virale des vaccinés porteurs asymptomatiques. Il n’est, pour l’heure, pas possible d’affirmer que les porteurs asymptomatiques vaccinés sont moins contagieux que les porteurs asymptomatiques non-vaccinés.

(1) Une étude sur la question a été pré-publiée en avril par Public Health England (l’agence de santé d’Angleterre) et a porté sur plusieurs dizaines de milliers de ménages anglais comptant au moins une personne bénéficiaire d’une première dose du vaccin (Pfizer ou AstraZeneca), tombée malade avant d’avoir reçu sa seconde injection. La probabilité qu’un second membre du foyer soit également contaminé (avec ou sans symptôme) a été estimée autour de 5,5%, contre 10% dans des familles non-vaccinées. Un primo-vacciné malade symptomatique semble moins contagieux qu’un non-vacciné – possiblement en raison d’une plus faible excrétion de matériel viral. La diminution du risque apparaît particulièrement notable lorsque le malade vacciné est âgé de moins de 60 ans. L’étude présente toutefois une faiblesse méthodologique certaine. En effet, le statut vaccinal des cas secondaires n’est pas renseigné. Or, des foyers qui ne sont constitués que de deux membres, tous deux vaccinés, peuvent difficilement être comparés à des foyers de dix membres dont un seul est vacciné. Contactés par CheckNews, les auteurs de ces travaux ne nous avaient pas communiqués plus de détails à l’heure où nous publions.

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