Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Slate - Gestion du Covid-19 : la douloureuse comparaison France-Allemagne

Mai 2020, par Info santé sécu social

Patrick Jarreau et Telos — 9 mai 2020 à 11h01

La vérité simple et visible est que les ravages du coronavirus sont, à ce jour, bien moindres de l’autre côté du Rhin.

La comparaison des situations en Allemagne et en France dans la crise du coronavirus est cruelle pour notre pays. Même si des circonstances fortuites ont pu avoir une part dans le fait que le nombre de morts du Covid-19 est très inférieur, en Allemagne, à ce qu’il est en France, et même si la chancelière Merkel a mis en garde ses compatriotes contre l’illusion d’être sortis d’affaire, la vérité simple et visible est que les ravages du coronavirus sont, à ce jour, bien moindres de l’autre côté du Rhin.

Le mutisme des dirigeant·es politiques de tout bord, en France, à ce sujet, est explicable ; personne n’aime constater la faiblesse de son pays. Les deux partis qui ont alterné au pouvoir depuis quarante ans en partagent la responsabilité. Quant aux oppositions d’extrême gauche et d’extrême droite, leur nationalisme camouflé ou proclamé et leur rejet de l’Union européenne leur interdisent de reconnaître que l’Allemagne est économiquement, socialement et médicalement plus efficace et plus sûre que la France.

Le mystère des tests
La question des tests est à la fois intrigante et particulièrement révélatrice de l’écart entre les deux pays. Dès le 17 janvier, le laboratoire allemand qui a mis au point un test de dépistage a communiqué son protocole, via l’OMS, à toutes les institutions et entreprises intéressées. En Allemagne, le test est entré aussitôt en production, avec les moyens nécessaires à son utilisation (réactifs, ustensiles). La directive de l’OMS, le célèbre « testez, testez, testez ! », lancée fin mars, était ainsi appliquée depuis deux mois dans ce pays.

Le 17 janvier, il n’était question, en France, que des grèves et manifestations contre la réforme des retraites. Le 23 janvier, jour où les autorités chinoises ont ordonné le confinement de la population de Wuhan, Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, a indiqué que les services d’urgences des hôpitaux étaient en alerte et que la France disposait d’un test qui permettrait d’identifier « en quelques heures » un éventuel cas de contamination. D’où venait ce test ? Nul ne le sait. Une information a été donnée le lendemain par certains médias, selon laquelle la France commandait des tests en Allemagne.

C’est ce vendredi 24 janvier que trois cas de Covid-19 ont été diagnostiqués –les premiers en Europe, semble-t-il–, l’un à Paris, deux à Bordeaux. Ce jour-là, le projet de réforme du système de retraite passait en conseil des ministres ; les médias comptaient les manifestants dans les rues.

Un mois plus tard, en Allemagne, le principal producteur de tests, à Berlin, en avait fourni quatre millions ; il les produisait ensuite au rythme de 1,5 million par semaine. Début avril, l’Institut Robert-Koch, l’agence du gouvernement fédéral pour la lutte contre les épidémies, indiquait que plus de 900.000 tests avaient été pratiqués et qu’ils l’étaient désormais au rythme de 50.000 par jour, grâce au travail de 85 laboratoires publics et privés. Il paraît établi que cette pratique a permis d’identifier les porteurs du virus et d’éviter, par des mesures incitatives, qu’ils ne s’approchent de sujets à risque, c’est-à-dire, principalement, des personnes âgées. Les informations réunies par les organismes compétents montrent que celles-ci ont été moins touchées, ce qui explique une mortalité très inférieure à celle que connaît la France.