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Viva - Pénurie de médicaments : « Il n’y a pas de véritable politique publique mise en place », alerte l’Académie nationale de pharmacie

Février 2023, par Info santé sécu social

par Capucine Bordet -30 janvier 2023

[ENTRETIEN] L’Académie nationale de pharmacie sonne l’alarme. La société savante, régulièrement consultée par les pouvoirs publics et les établissements de référence du secteur pharmaceutique alerte une nouvelle fois sur la pénurie qui touche aujourd’hui toutes les classes de médicaments, et les suppressions qui surviendront inévitablement cette année. Interview de son vice-président, Bruno Bonnemain.

Quelle est aujourd’hui l’ampleur de la pénurie de médicaments qui touche la France ?
Bruno Bonnemain
 : La situation ne cesse de s’empirer… Les derniers chiffres indiquent que cette pénurie s’aggrave d’années en années. Aujourd’hui toutes les classes de médicaments sont touchées. Parmi celles qui connaissent le plus de problèmes figurent les antibiotiques, les anticancéreux et les anti-inflammatoires… Tout comme en 2022, certains produits devront être supprimés en 2023. Les industriels nous l’ont d’ores et déjà annoncé.

Quelles sont les conséquences pour les patients ?
Bruno Bonnemain
 : Il est difficile d’en mesurer les conséquences pour les patients… Toutefois, il est indéniable que ce problème entraîne une véritable perte de chance pour eux. Ces difficultés d’approvisionnement de médicaments génèrent également beaucoup d’inquiétudes chez les Français.

Conseillez-vous aux particuliers de faire des réserves de certains médicaments ?
Bruno Bonnemain
 : Absolument pas ! À l’échelle des particuliers, effectuer des réserves augmente encore la quantité de médicaments à produire et aggrave donc directement les ruptures. A l’instar de celle qui touche actuellement le paracétamol, principalement causée par ce phénomène de stockage.

Quelles solutions les pharmaciens ont-ils pour essayer de trouver les produits en rupture ?
Bruno Bonnemain
 : Ils essayent de voir s’il n’y a pas de stocks dans d’autres pharmacies, et ils se mettent également en contact avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour voir s’il existe d’autres produits qui pourraient se substituer au médicament manquant. Mais c’est loin d’être toujours le cas… Un anticancéreux ne s’arrête pas en plein milieu d’un traitement par exemple. Qu’ils soient pharmaciens d’officines ou qu’ils exercent à l’hôpital, les professionnels passent énormément de temps à essayer de pallier ces problèmes de rupture. Il ne s’agit pas de quelques heures, mais de beaucoup de temps perdu au détriment d’autres activités importantes. Dans les hôpitaux, cela représenterait l’équivalent d’un poste à temps plein dédié à ce problème d’approvisionnement.