Moyen-Orient

Radio France : L’explosion de l’hôpital de Gaza change le cours de la guerre

il y a 5 mois, par infosecusanté

Radio France : L’explosion de l’hôpital de Gaza change le cours de la guerre

Mercredi 18 octobre 2023

La frappe de l’hôpital Al-Ahli de Gaza, qui a fait des centaines de morts, a changé le climat de la confrontation entre Israël et le Hamas, alors même que les deux parties se renvoient la responsabilité. Les appels au cessezle-feu se multiplient alors que Joe Biden arrive en Israël.

C’est l’horreur de trop, de celles qui peuvent changer le cours d’un conflit. L’explosion qui a fait des centaines de morts à l’hôpital Ahli de Gaza hier soir, a déjà eu un impact majeur : elle a tué dans l’œuf l’initiative diplomatique du président Biden, dont le voyage en Israël devient très problématique ; et elle a embrasé les opinions arabes contre Israël et ses soutiens occidentaux. Pour beaucoup, Israël n’est plus, ce matin, la victime de la pire attaque terroriste de son histoire, mais un pays sur la défensive qui doit prouver qu’il n’a pas commis un crime de guerre.

Israël est de surcroit pris au piège de son blocus de Gaza : pour cette raison, il n’y a aucune source indépendante sur place, pas un journaliste étranger, pas un observateur extérieur, pour vérifier les faits ; à savoir s’il s’agit d’un bombardement israélien comme accusent les Palestiniens, ou d’un tir de roquette du Jihad islamique qui a provoqué l’explosion, comme l’affirme Israël.

Cette absence de source indépendante se retourne contre Israël

La frappe de l’hôpital se produit après plusieurs jours de bombardements incessant dans les zones urbainee. Même si Israël parvient à prouver qu’il n’a pas provoqué l’explosion, le mal est fait, les appels à arrêter cette guerre se multiplient.

La clé de la suite du conflit va évidemment être la visite aujourd’hui de Joe Biden, dont le voyage change totalement de nature. Le président américain avait conçu son voyage en deux temps, une première phase de soutien inconditionnel à Israël après le 7 octobre, puis la diplomatie. D’abord pour convaincre le gouvernement israélien de permettre l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza : celle-ci est toujours bloquée Pour l’amener, aussi, à mener ses représailles en « respectant le droit de la guerre ».

Joe Biden devait ensuite se rendre en Jordanie rencontrer les dirigeants de la région, voyage annulé à cause de l’explosion. La partie diplomatique passe donc au second plan - son contact avec Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, le seul interlocuteur possible, malgré sa faiblesse, dans le camp palestinien, se fera par téléphone.

La disparition du volet diplomatie est donc un échec qui se retourne contre Joe Biden. Reste le volet humanitaire qui va devenir prioritaire.

L’impact de l’explosion est donc considérable

C’était perceptible dès hier soir. Par exemple, le changement de ton d’Emmanuel Macron sur son compte Twitter, qui, sans attribuer la frappe, écrit « Rien ne peut justifier une frappe contre un hôpital. Rien ne peut justifier de prendre des civils pour cibles ».

Et surtout, les manifestations en Cisjordanie et dans les pays voisins, prenant parfois pour cible, comme à Beyrouth, les ambassades des États-Unis et de France. Le roi Abdallah de Jordanie, dont le pays a des relations diplomatiques avec Israël depuis trente ans, fait porter le blâme à l’État hébreu et parle de « crime de guerre ».

Cette catastrophe sur laquelle nous ne savons pas encore tout, change le climat international. Elle rappelle le bombardement meurtrier de Cana, pendant la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah au Sud Liban. La guerre avait pris fin quelques jours après. Le contexte est différent, mais le changement de climat est similaire, la guerre de Gaza a pris un tour différent hier soir.