Moyen-Orient

Mediapart : À Gaza, deux hôpitaux pris pour cible, l’ONU dénonce une aide humanitaire « vouée à l’échec »

il y a 5 mois, par infosecusanté

Mediapart : À Gaza, deux hôpitaux pris pour cible, l’ONU dénonce une aide humanitaire « vouée à l’échec »

Au 25e jour du conflit, l’incursion au sol continue dans l’enclave palestinienne. Alors que l’OMS et les Nations unies alertent sur la situation sanitaire à Gaza, Benyamin Nétanyahou a réaffirmé lundi soir son opposition à tout cessez-le-feu.

La rédaction de Mediapart

31 octobre 2023 à 09h32

AuAu 25e jour du conflit Israël-Hamas, mardi 31 octobre, l’incursion au sol de l’armée israélienne continue dans la bande de Gaza. Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) alertent sur la situation sanitaire dans l’enclave, Benyamin Nétanyahou a réaffirmé lundi soir son opposition à tout cessez-le-feu qui signifierait, selon lui, céder face à la « barbarie » du Hamas. « Il y a un temps pour la paix et un temps pour la guerre », a déclaré lundi lors d’une conférence de presse le premier ministre israélien.

Deux hôpitaux touchés par des frappes à Gaza
Le Croissant-Rouge palestinien a dénoncé mardi des frappes aux abords d’un de ses hôpitaux au nord de la bande de Gaza, où près de 14 000 civils se sont réfugiés pour se protéger des bombardements israéliens.

« Le bâtiment tremble et les civils déplacés ainsi que les équipes au travail sont en proie à la peur et à la panique », a affirmé sur le réseau social X l’organisation, décrivant des « frappes d’artillerie et aériennes continues dans la zone de Tel al-Hawa ».

L’armée israélienne avait donné l’ordre d’évacuer l’hôpital, selon son directeur cité par l’AFP. Un ordre jugé « profondément préoccupant » par le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus jugeant qu’il était « impossible d’évacuer des hôpitaux remplis de patients sans mettre leur vie en danger ».

Au sud de Gaza-ville, c’est l’hôpital turco-palestinien qui a été pris pour cible dans la nuit de lundi à mardi, rapporte l’agence AP. Spécialisé dans le traitement du cancer, il héberge, selon sa direction, près de 150 patients, 200 membres du personnel et une centaine de personnes réfugiées.

Une frappe a partiellement détruit deux pièces au troisième étage de l’hôpital, endommageant le système d’oxygène et l’approvisionnement en eau du bâtiment, a indiqué la direction de l’hôpital. Aucun ordre d’évacuation avant la frappe n’avait été donné par l’armée israélienne.

Dans un communiqué, le ministère des affaires étrangères turc a condamné cette attaque, soulignant qu’il s’agissait du « seul hôpital traitant le cancer à Gaza » et que « toutes les informations nécessaires avaient été partagées en amont avec les autorités israéliennes ».

Israël a accusé à plusieurs reprises le Hamas de se servir des hôpitaux pour cacher ses armes ou ses combattants. Une assertion catégoriquement démentie par le mouvement islamiste.

Une aide humanitaire à Gaza « vouée à l’échec », selon l’UNRWA
Alors que l’organe du ministère de la défense israélien supervisant les activités des civils dans les territoires palestiniens a affirmé que 39 camions d’aide humanitaire étaient entrés à Gaza lundi, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) assure que ce système d’aide au compte-goutte est « voué à l’échec ».

« Soyons clairs : la poignée de convois autorisés via Rafah n’est rien comparé aux besoins de plus de 2 millions de personnes piégées à Gaza », a affirmé le chef de l’agence Philippe Lazzarini, appelant les membres du Conseil de sécurité à l’aide et réclamant un « cessez-le-feu humanitaire immédiat ».

« Le système en place pour permettre l’entrée de l’aide à Gaza est voué à l’échec à moins qu’il y ait une volonté politique pour que le flot d’aide soit significatif, en rapport avec les besoins humanitaires sans précédent », a-t-il ajouté.

« Le siège actuel imposé à Gaza est une punition collective », pour le chef de l’UNRWA, dont 64 salariés ont été tués depuis le début de l’offensive israélienne.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié lundi en fin de journée son rapport faisant état de la situation sanitaire à Gaza. Elle reprend les chiffres du ministère de la santé palestinien, qui dépend du Hamas, en annonçant 8 006 morts côté palestinien depuis le début du conflit, dont 41,5 % d’enfants, et plus de 20 000 blessé·es. Le rapport fait aussi état des besoins en fournitures de santé, parlant d’un « épuisement rapide » du matériel : « La consommation quotidienne étant égale la consommation mensuelle avant la guerre. »

L’OMS fait aussi état d’« une catastrophe sanitaire imminente qui se profile », due aux « déplacements massifs, la surpopulation et les dégâts causés aux infrastructures d’eau et d’assainissement ». Le rapport reprend les chiffres de l’UNRWA, publiés lundi, qui font état de 1,4 million de personnes déplacées, dont 671 000 dans des abris de l’UNRWA, soit plus de trois fois leur capacité d’accueil. L’OMS recommande la « fin immédiate des hostilités » et d’« établir et maintenir un accès humanitaire protégé ».

Israël revendique des frappes sur les infrastructures du Hezbollah au Liban
L’armée israélienne a annoncé avoir procédé à des frappes « contre l’infrastructure terroriste du Hezbollah au Liban » dans la nuit de lundi à mardi. Sur Telegram et X, elle a affirmé que « parmi les infrastructures attaquées, des armes, des positions et des sites utilisés par l’organisation ont été détruits ».

Le mouvement chiite a annoncé de son côté la mort d’un de ses combattants lundi, portant à 47 le nombre de ses membres tués depuis le 7 octobre.

Dans un entretien à l’AFP, le premier ministre libanais Najib Mikati a souligné qu’il ne pouvait pas « écarter une escalade » qui embraserait tout le Proche-Orient. « Le Liban est dans l’œil du cyclone (…) Je fais mon devoir afin d’éviter que le Liban entre dans la guerre », a-t-il assuré.

Depuis le 8 octobre, le Hezbollah bombarde des positions israéliennes proches de la frontière entre les deux pays pour soutenir le Hamas.

La rédaction de Mediapart