Moyen-Orient

France Info : Guerre entre Israël et le Hamas : "On n’est pas loin d’un effondrement total de notre système de santé", s’inquiète un médecin de Gaza

il y a 5 mois, par infosecusanté

France Info : Guerre entre Israël et le Hamas : "On n’est pas loin d’un effondrement total de notre système de santé", s’inquiète un médecin de Gaza

Les témoignages filtrent difficilement depuis l’enclave palestinienne, sous le feu israélien depuis le 7 octobre et l’attaque meurtrière du Hamas. franceinfo a pu joindre un médecin de l’hôpital d’Al-Shifa, le plus grand de Gaza.

Article rédigé par France Info Radio France

Publié le 31/10/2023 08:05

Son quotidien est désormais rythmé par les bruits des bombardements, qu’il entend tous les jours et qui se sont intensifiés depuis le vendredi 27 octobre. Il en voit les conséquences dans les couloirs de l’hôpital Al-Shifa, le plus grand de Gaza, où il travaille. "Nous avons normalement une capacité de 700 patients, mais aujourd’hui, nous traitons plus de 800 blessés. 42 sont en réanimation et nos services d’urgences sont débordés par le nombre de victimes qui continuent d’arriver", raconte le Dr Morwan Abu Sada.

Situé dans le centre de l’enclave palestinienne, dans la ville de Gaza désormais quasiment assiégée et considérée comme un "champ de bataille" par Israël, l’hôpital continue d’ouvrir ses portes aux nombreux blessés ou aux civils qui n’ont d’autres choix que de se rendre à l’hôpital pour tenter de trouver un refuge. Selon le Hamas, un tiers des hôpitaux de la ville et près des deux tiers de ses cliniques de soins sont fermés à cause des dommages qu’ils ont subi, tandis que l’armée israélienne affirme de son côté qu’Al-Shifa sert de refuge au Hamas. Elle a d’ailleurs intensifié ses bombardements dans ses alentours.

"On manque de matériel basique"
Alors, Morwan Abu Sada s’est confié une mission : continuer à soigner malgré tout. Il traite quotidiennement des blessures dues aux bombardements, des blessés qui souffrent d’importants traumatismes, mais aussi des personnes fragiles en état de déshydratation avancée. Si le médecin a pu faire évacuer certains patients vers d’autres hôpitaux, il lui est impossible de dire aux nouveaux arrivants d’aller ailleurs. Mais c’est très difficile de leur venir en aide. "On manque de matériel médical basique comme des instruments, mais aussi d’anti-douleurs ou de médicaments pour pratiquer des anesthésies. Et surtout, on manque de place", s’inquiète-t-il.

Il attend depuis des semaines d’être ravitaillé, mais l’aide arrive au compte-goutte. Comme bon nombre de ses collègues, Morwan Abu Sada a de plus en plus de mal à être optimiste : "Je pense que l’on n’est pas loin d’un effondrement total de notre système de santé. J’espère qu’on n’en arrivera pas là, mais c’est très difficile de soigner face aux besoins toujours de plus en plus importants."

Il promet de continuer à s’accrocher, mais craint que les semaines à venir ne voient que Gaza s’enfoncer davantage dans la catastrophe humanitaire.