Branche maladie de la sécurité sociale

France Info : Santé : l’assurance maladie veut améliorer l’accès aux soins de ceux qui y renoncent faute de moyens

Mars 2017, par infosecusanté

Santé : l’assurance maladie veut améliorer l’accès aux soins de ceux qui y renoncent faute de moyens

Aujourd’hui, 25% des Français renoncent à se faire soigner. L’assurance maladie annonce mardi qu’elle va étendre un dispositif jusque là expérimental, pour favoriser l’accès aux soins. Exemple dans le département de la Somme.

franceinfo

Célia Quilleret

Radio France

publié le 28/03/2017 | 06:30

Comment éviter que des millions de Français renoncent à se soigner ? L’assurance maladie annonce mardi 28 mars l’extension d’un dispositif pour lutter contre ce phénomène, qui s’aggrave en France. Aujourd’hui, 25% des Français refusent d’aller chez le médecin ou le dentiste, en grande majorité pour des raisons financières.

La Caisse nationale de l’assurance maladie a donc décidé de généraliser un dispositif qui est expérimenté depuis 2013 dans une vingtaine de départements. Son nom : la plate-forme d’intervention départementale pour l’accès aux soins et à la santé (PFIDASS). Il s’agit d’identifier ces personnes qui renoncent aux soins et de les aider à trouver les fonds pour avancer leurs frais. Ce dispositif va donc être étendu à partir du mois d’avril, il concernera un département sur deux.

L’accompagnement va au-delà des soins

Ce dispositif existe déjà dans le département de la Somme. Cette aide de l’assurance maladie est parfois indispensable pour éviter de tomber dans l’exclusion. Aujourd’hui, Jean-François Delaittre commence tout juste à apercevoir une lumière au bout du tunnel, mais il y croit à peine. Cet homme de 50 ans habite à Abbeville, il est au chômage, isolé, endetté. Il était devenu impossible d’envisager de soigner correctement ses dents. "Je n’avais plus de moyens financiers, raconte-t-il. Je ne pouvais pas me permettre d’aller chez le dentiste et d’avancer les frais. Surtout que je n’avais pas de mutuelle."

L’assurance maladie l’a pris en main. Avec ce nouveau dispositif, la caisse a pu trouver l’argent nécessaire pour qu’il soit soigné. C’est un accompagnement sur-mesure qui va bien au-delà des soins. "C’est une aide sociale, confie Jean-François. Cela m’aide dans les démarches administratives, c’est un soutien moral, aussi, cela m’encourage pour me sortir de cette situation difficile. Heureusement qu’ils sont là, parce que je crois que je me serais laissé tomber."

Avec une dentition correcte, Jean-François pourra à nouveau chercher du travail. Le renoncement aux soins est lourd de conséquences. Marie-Claude Turmine le sait, cette jeune retraitée, "pauvre" comme elle dit, se bat depuis plusieurs semaines pour avoir une aide pour son mari. Elle aurait abandonné sans ce dispositif de l’assurance maladie. "On n’aurait rien fait", assure-t-elle.



"On vit comme ça, poursuit Marie-Claude. Il y a un tas de gens qui vivent comme ça et qui ne peuvent pas se soigner. Même des gens qui comme nous, qui ont des revenus."

Première étape, repérer ceux qui renoncent aux soins

Dans la plupart des cas ces personnes qui renoncent à se faire soigner ne bénéficient pas de la couverture maladie universelle (CMU), alors qu’elles sont bien sous le seuil de pauvreté.

À Amiens, trois conseillères de l’assurance maladie sont entièrement dédiées au suivi de ces personnes qui renoncent à se faire soigner. Dans la plupart des cas elles ne bénéficient pas de la couverture maladie universelle (CMU) alors qu’elles sont sous le seuil de pauvreté. Il faut donc les identifier.

Alain Pauly, l’un des responsables du dispositif, sillonne le département de la Somme pour rencontrer les communes, les médecins, ou les associations comme les Restos du cœur. "Il y a quelques questions basiques à poser, détaille Alain Pauly. Avez-vous consulté un médecin récemment, avez-vous un médecin traitant ? Comment jugez-vous votre état de santé ? S’il y a plusieurs réponses négatives, il y a quelque chose à faire."

La prévention rejoint la maîtrise des dépenses de santé

Une enveloppe de 40 000 euros est dédiée à cet accompagnement mais c’est avant tout de la prévention pour la sous directrice de la caisse primaire Valérie Hadet. "Plus vous prenez en charge un patient tardivement, plus les dépenses peuvent être importantes, explique-t-elle. C’est un enjeu de santé publique, c’est aussi un enjeu de maîtrise des dépenses."

Dans la Somme, un habitant sur quatre renonce à se soigner. 30 000 personnes pourraient bénéficier de la couverture maladie universelle ou de l’aide à la complémentaire santé, mais elles l’ignorent.