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Lequotidiendumedecin.fr : Le tiers payant « généralisable courant 2018 », temporise Agnès Buzyn

Août 2017, par infosecusanté

Le tiers payant « généralisable courant 2018 », temporise Agnès Buzyn

31.08.2017

En cette rentrée déjà compliquée pour le gouvernement, la ministre de la Santé calme le jeu dans la profession. Alors qu’elle doit clôturer vendredi, à La Baule, les rencontres des URPS médecins libéraux, Agnès Buzyn a précisé ce jeudi sur Cnews que le tiers payant sera bien « généralisable », c’est-à-dire facultatif, dès qu’il « fonctionnera » techniquement, en posant l’objectif d’y arriver « dans le courant de l’année 2018 ».

Chaud et froid

En juillet, le gouvernement avait soufflé le chaud et le froid sur la question très sensible du tiers payant généralisé. Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, avait jeté le trouble chez les médecins dans l’émission « Bourdin direct » sur BFMTV-RMC, en assurant que le dispositif serait bien mis en place le 1er décembre 2017 (sur la part obligatoire) comme prévu par la loi de santé.

Agnès Buzyn de son côté avait dans un premier temps (5 juillet) indiqué au « Quotidien » qu’elle voulait « éviter l’obligation de tiers payant » et diligenté une enquête IGAS sur sa faisabilité… avant de tenir des propos plus fermes sur France Inter. « C’est impératif d’aller vers un tiers payant généralisé », affirmait-elle alors. L’engagement pris par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle était de rendre le dispositif « généralisable ».

Une journée par semaine pour faire des papiers

« Le mot, c’est généralisable », a donc souligné la ministre ce jeudi. Le tiers payant « ne sera pas enterré ». « Il va se développer, dès qu’il fonctionnera. Aujourd’hui il y a une étude en cours (de l’IGAS, NDLR) pour voir comment, en pratique, nous pouvons faire fonctionner cet outil qui ne fonctionne pas. »

« Il faut que ce soit un système gagnant-gagnant », pour les assurés et les médecins, a encore développé Mme Buzyn. « Il n’est pas possible que 15 % des Français qui sont en dessous du seuil de pauvreté renoncent à se faire soigner » et « nous ne pouvons pas demander aux médecins (...) de s’inscrire dans un dispositif où ils passent une journée par semaine à faire des papiers. »

Les syndicats maintiennent la pression

La CSMF a salué la « clarification » de la position d’Agnès Buzyn « après les hésitations gouvernementales » de l’été. La centrale de Jean-Paul Ortiz rappelle qu’elle est favorable à un tiers payant social, laissé à l’appréciation du médecin en fonction de la situation du patient. Président de la FMF, le Dr Jean-Paul Hamon reste de son côté en alerte maximum. « Nous constatons avec déception que le gouvernement actuel ne souhaite pas solder l’héritage du précédent (...) Un tiers payant obligatoire donc systématique constituerait une déclaration de guerre car imposant aux médecins, et donc aux patients, une réduction considérable du temps médical. Aucune solution technique ou technologique n’existe afin de privilégier la consultation à la paperasserie ».

Le tiers payant doit devenir un droit pour tous les Français à partir du 1er décembre prochain. Toutefois, la loi ne prévoit pas de sanctions pour les médecins refusant d’appliquer la réforme, que le Conseil constitutionnel a limitée à la seule part remboursée par la Sécurité sociale.