Politique santé sécu social de l’exécutif

Le généraliste - Qui sont les pilotes choisis par Agnès Buzyn pour transformer le système de santé ?

Mars 2018, par Info santé sécu social

Amandine Le Blanc 09.03.2018

Ce matin, la ministre de la Santé a donné le coup d’envoi des travaux sur la stratégie de transformation du système de santé. Elle a présenté à cette occasion les pilotes des cinq chantiers lancés par le gouvernement.

◊ Le premier axe est celui de la qualité des soins et de la pertinence des actes. Le Pr Dominique Le Guludec, présidente de la HAS, le Pr Olivier Lyon-Caen, médecin-conseil national de la Cnam et Alain Michel Ceretti, président de France Assos Santé, auront jusqu’à l’été pour formuler des propositions d’actions opérationnelles pour« inscrire la qualité et la pertinence des soins au cœur des organisations et des pratiques ». Sur ce thème, Agnès Buzyn a décidé de faire une place aux patients avec M. Ceretti. « Rendre accessible aux patients l’information sur la qualité des soins » en construisant un système d’information efficace fait partie des objectifs de ce chantier.

◊ Le deuxième axe est celui des modes de rémunération, de financement et de régulation. Agnès Buzyn comme Édouard Philippe l’ont déjà dit : l’objectif est de sortir du tout paiement à l’acte, pour aller vers des modes de financement qui favorisent la coopération contre ceux d’aujourd’hui « qui valorisent la quantité par rapport à la qualité et la pertinence des actes », a souligné la ministre. Jean-Marc Aubert pilotera ce dossier. Le directeur de la Drees aura un peu plus de temps que ses camarades puisque le déploiement des modèles retenus par le gouvernement est attendu pour 2019.

Virage numérique en vue

◊ Le ministère mise sur l’accélération du virage numérique avec notamment le déploiement du DMP prévu pour cet automne, la dématérialisation des prescriptions ou la simplification du partage de l’information entre tous les professionnels de santé. Pour mener à bien ce chantier, sont nommés Dominique Pon, directeur général de la clinique Pasteur et président de SantéCité (premier groupe coopératif français de cliniques indépendantes), et Annelore Coury, directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins de la Cnam. Leurs premières propositions sont attendues avant l’été.

◊ Pour accompagner la transformation du travail et des métiers dans le secteur public hospitalier, Agnès Buzyn a missionné Aurélien Rousseau, président-directeur général de la Monnaie de Paris. Pour l’ancien directeur adjoint de Cabinet et conseiller social auprès de Manuel Valls puis de Bernard Cazeneuve, la mission repose autour de la question « qu’est-ce qu’être soignant aujourd’hui ? », a-t-il souligné ce matin.

Il sera aussi question dans cette stratégie de santé d’adapter les formations des professionnels de santé. Cet axe fera l’objet d’un pilotage à part mené conjointement par Agnès Buzyn et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur.

◊ Le minstère souhaite également à terme repenser l’organisation territoriale des soins. « L’an II des GHT », « l’exercice isolé doit devenir l’exception », « projets de santé des territoires », « alléger au maximum le carcan administratif » ou le « décloisonnement » public-privé et médico-social, sont plusieurs lignes directrices évoquées par Agnès Buzyn ce matin. Le Dr Norbert Nabet, directeur général adjoint de l’ARS PACA et Pierre Pribile, directeur général de l’ARS Bourgogne-Franche-Comté, piloteront ce chantier. Les propositions doivent être formulées avant l’été pour des premières expérimentations territoriales à la fin de l’année.

Aucun médecin libéral parmi les réformateurs

Les pilotes de chaque chantier seront donc chargés d’aller consulter les Ordres, syndicats, conférences, sociétés savantes, associations pour faire naître de premières propositions en mai.

À peine nommé, ce groupe de « réformateurs » fait en tout cas déjà parler. Le syndicat des médecins libéraux (SML) s’étonne de l’absence des praticiens de ville dans ce groupe, alors même qu’une place a été faite aux patients. Le syndicat souligne que le gouvernement a confié l’élaboration d’autres réformes à des binômes associant des technocrates et des professionnels issus du terrain. « Le gouvernement prend le risque de se couper des réalités pour produire une fois de plus une réforme techniciste qui conduira à une complexification », affirme le syndicat du Dr Philippe Vermesch.