Politique santé sécu social de l’exécutif

JIM - Crise des urgences, de l’hôpital et des EHPAD : le Pr Buzyn a le diagnostic, pas encore la thérapeutique

Mars 2018, par Info santé sécu social

Publié le 26/03/2018

Agnès Buzyn était l’invitée de l’émission Questions politiques sur France Inter ce dimanche au cours de laquelle elle évoqua notamment la crise des urgences, de l’hôpital et des EHPAD (établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes).

Toujours l’un des meilleurs systèmes de santé au monde

Elle a dans un premier temps tempéré les constats alarmants : « le système de soins n’est pas si mauvais que ça, on aime beaucoup se flageller en France, je ne nie absolument par les difficultés aujourd’hui aux urgences ou dans les hôpitaux ou dans les EHPAD mais notre système de soins (…) continue à être l’un des meilleurs au monde » a-t-elle fait valoir. Le ministre a poursuivi en remarquant que le budget de la santé demeurait en France « nettement plus important que la moyenne des pays d’Europe » tout en reconnaissant une inadaptation du système de soins aux défis des pathologies chroniques.

La faute au numerus clausus

Au-delà de ce refus du catastrophisme, elle a considéré que la crise hospitalière était en grande partie due à une mauvaise gestion de la démographie médicale et à la volonté d’éviter la pléthore médicale pour diminuer le déficit de la sécurité sociale. Elle a néanmoins rappelé que, selon les projections, grâce aux derniers élargissements du numerus clausus, le nombre de médecins allait de nouveau augmenter à partir de 2025 et qu’il fallait trouver des mécanismes d’adaptation en attendant. Mécanismes qu’elle ne semble pas encore avoir déterminés ; elle a ainsi réclamé du « temps » pour y réfléchir.

La plupart des patients aux urgences n’ont rien à y faire

Concernant le problème spécifique des urgences, elle a expliqué que beaucoup des patients ne présentent pas un état de santé nécessitant un recours à ces unités (même si les urgentistes ont invité à prendre des distances avec l’idée selon laquelle leurs services ne faisaient que de la "bobologie") et a fait part de sa volonté que soit réorganisée la médecine de ville, pour qu’elle prenne en charge davantage de « soins non programmés ». Cependant, sur ce sujet, encore, elle n’a pas fait de propositions claires, précisant qu’elle attendait les conclusions d’un rapport.

Elle a tout de même reconnu que les médecins généralistes libéraux « sont plutôt moins bien payés que dans les autres pays européens » et a jugé qu’il fallait penser à revaloriser leur rémunération…mais en sortant du modèle du paiement à l’acte.

Elle a aussi suggéré que les soignants hospitaliers devraient davantage se vacciner contre la grippe, ce qui permettrait, in fine, de réduire les traditionnels engorgements des urgences des mois de décembre, janvier et février.

EHPAD : pas d’intime conviction

Pour les EHPAD, elle a appelé de ses vœux l’ouverture d’un débat de société sur la prise en charge des personnes âgées dépendantes tout en précisant que le ratio un agent par personne, revendiqué par les syndicats, n’était ni réalisable ni souhaitable. Elle a aussi fait preuve d’une apparente confusion, en précisant que cette proportion de personnel n’était pas nécessaire estimant que dans les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes, il y avait beaucoup de pensionnaires qui n’étaient pas dépendants !

Sur l’épineuse question du financement, elle a jugé, comme sur d’autres sujets vus plus haut, qu’il était trop complexe pour qu’on ne prenne pas le temps d’écouter tous les acteurs et a même reconnu, qu’en l’espèce, elle ne s’était pas « forgée d’intime conviction ».

F.H.