Assistance Publique des Hopitaux de Paris (AP-HP)

JIM - Lariboisière : des procédures à revoir dans les services d’urgences ?

Décembre 2018, par Info santé sécu social

Paris, le vendredi 21 décembre 2018
La mort inexpliquée d’une patiente, mardi matin, douze heures après son admission aux urgences de l’hôpital Lariboisière donne lieu à une enquête interne diligentée par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et l’Agence régionale de santé d’île de France. La patiente n’a probablement pas été examinée par un médecin, tandis que personne ne semble avoir été alertée par la possible aggravation de son état.

Alors que les conclusions des investigations de l’AP-HP sont attendues « tout début janvier », l’institution a néanmoins déjà dévoilé quelques éléments.

« La patiente de 55 ans avait initialement cherché à consulter un centre médical mais n’avait pu être reçue, puis elle a été prise en charge par la brigade des sapeurs-pompiers de Paris lundi et amenée au service d’accueil des urgences de l’hôpital Lariboisière vers 18h45 (…) Elle a été accueillie par l’infirmière d’accueil et d’orientation, enregistrée dans le circuit de prise en charge du service et orientée dans un “circuit court” », dédié aux cas jugés les moins graves et nécessitant une simple consultation.

« A 1 h 20, après avoir été appelée sans succès, la patiente est considérée comme étant sortie. Elle est retrouvée décédée vers 6 heures dans la salle d’attente du service d’accueil des urgences », relate le communiqué.

Concernant les effectifs, « ils étaient ce jour-là conformes au planning dans un contexte d’activité soutenue », précise l’AP-HP.

Un service particulier
Au-delà de la chronologie du drame, l’enquête visera à « analyser le processus de prise en charge de cette patiente, sa conformité aux bonnes pratiques et aux recommandations et notamment celles diffusées à l’issue du décès survenu dans des circonstances proches au sein du service des urgences de l’hôpital Cochin en 2014, ainsi que les mesures correctrices pouvant être mises en place ». L’analyse devrait également permettre de formuler « des recommandations plus générales sur le fonctionnement du service d’accueil des urgences de l’hôpital Lariboisière et l’ensemble des services d’urgences de l’AP-HP et de la région Ile de France. ».

Sur ce point, Agnès Buzyn a estimé sur France 3 : « il ne faut pas forcément mettre ça sur le compte d’un problème de moyens, c’est aussi peut-être un problème de procédures. Cette femme, visiblement, a été appelée par le personnel hospitalier ; elle n’a pas répondu et on a considéré qu’elle était partie ». Par ailleurs, la direction de l’hôpital Lariboisière envisage d’ailleurs désormais qu’un médecin accompagne l’infirmière de tri lors de l’accueil dans ce service des urgences.

L’AP-HP tient également à rappeler que le service d’accueil des urgences de Lariboisière « est celui où le nombre de passages est le plus important de l’AP-HP avec près de 85 000 passages annuels et une progression de plus de 5 % depuis 2017 » et qu’un « plan est en cours de déploiement ». De son côté, Martin Hirsch, jeudi sur France Inter a mis l’accent sur les spécificités de cette structure « qui a l’habitude d’héberger des personnes la nuit, soit après un épisode d’alcool ou de toxicomanie ou juste des sans-abri. Quelque chose qui est à la frontière du soin et du social, très compliqué à gérer ». Si ce contexte peut complexifier d’une manière générale l’organisation des urgences, le profil professionnel de la victime (employée de la mairie de Paris), son parcours avant d’arrivée aux urgences et son tableau clinique sont éloignés des caractéristiques des patients évoqués par Martin Hirsch.

Rappelons enfin que le parquet de Paris a également ouvert une enquête « en recherche des causes de la mort », confiée au service de police judiciaire du 10e arrondissement.

F.H.