Environnement et facteurs dégradant la santé

A l’encontre - Glyphosate. Une autorisation sous l’emprise de Monsanto

Janvier 2019, par Info santé sécu social

Par Marie-Noëlle Bertrand

Selon une étude parlementaire européenne, l’institut chargé d’expertiser le glyphosate au moment de sa réautorisation a amplement plagié un rapport du géant américain.

Longtemps, les acteurs de la société civile l’ont dénoncé : cette fois, ce sont des parlementaires européens qui ont levé le lièvre. À la veille d’un vote décisif sur la régulation des pesticides, des députés viennent de mettre en évidence la haute complaisance qu’ont eue les autorités sanitaires allemandes à l’égard de l’industrie agrochimique lors du renouvellement de l’autorisation du glyphosate, en 2017.

Chargé par l’Europe de produire l’expertise visant à jauger la dangerosité de cet herbicide, l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques (BfR) aurait, à l’époque, amplement plagié le dossier d’homologation que lui avait transmis la Glyphosate Task Force (GTF), une alliance d’industriels cornaquée par Monsanto. Détenteur du fameux Roundup – dont le glyphosate constitue la matière vive –, le groupe américain jouait alors son va-tout : c’est sur cette expertise du BfR que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) devait s’appuyer pour remettre à son tour un rapport destiné aux États membres. Celui-ci devait finalement conclure à la non-dangerosité pour la santé du glyphosate, pourtant considéré comme « probablement cancérigène pour les humains » par l’Organisation mondiale de la santé. En novembre 2017, après plusieurs mois d’indécision, les États membres finissaient par accorder au produit une rallonge de cinq années de mise sur le marché [1].

Les parlementaires de la gauche européenne qui, un mois plus tôt, avaient appelé à bannir au plus vite le pesticide ne s’en sont pas tenus quittes. Ceux des groupes socialistes (S&D), écologistes (Verts-ALE) et de la Gauche unie (GUE), membres d’une commission spéciale mise en place à la suite de toute cette histoire, ont commandé une étude approfondie. Menée par le spécialiste du plagiat Stefan Weber, le biochimiste Helmut Burtscher et l’ONG Global 2000, celle-ci s’est penchée sur le travail mené par le BfR.