Environnement et facteurs dégradant la santé

Libération - Couches : « S’il y a un danger pour la santé, les produits doivent être retirés »

Janvier 2019, par Info santé sécu social

Par Coralie Schaub, Dessin Hugues Micol — 23 janvier 2019 à 20:46

Entretien avec Quentin Guillemain, porte-parole de Génération écologie et président de l’Association des familles victimes du lait contaminé aux salmonelles (AFVLCS).

Le gouvernement a tenté, mercredi, d’apaiser les inquiétudes des parents après un avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) relevant « la présence de différentes substances chimiques dangereuses dans les couches jetables qui peuvent notamment migrer dans l’urine et entrer en contact prolongé avec la peau des bébés ». Ils sont ainsi exposés à une soixantaine de substances cancérogènes ou de perturbateurs endocriniens. Convoqués mercredi par les ministres concernés (Santé, Ecologie, Economie), les fabricants et distributeurs ont été priés de prendre « avant quinze jours des engagements pour éliminer ces substances des couches pour bébés ». Les contrôles de la répression des fraudes seront renforcés, et celle-ci « dressera un bilan dans six mois ».

Pas de quoi rassurer Quentin Guillemain, porte-parole de Génération écologie et président de l’Association des familles victimes du lait contaminé aux salmonelles (AFVLCS), créée fin 2017 après l’affaire Lactalis.

Que pensez-vous de cet avis de l’Anses ?
Le rapport nous dit qu’il y a des produits qui sont dangereux pour la santé des nourrissons, le gouvernement réunit les marques, mais on ne nous donne pas les noms ! C’est très choquant. Les parents s’inquiètent, ils aimeraient connaître les produits concernés. L’information du consommateur est obligatoire, surtout dans le cas d’un produit dangereux pour la santé. L’Anses le dit bien : certaines des substances en cause sont considérées comme cancérogènes ou perturbateurs endocriniens.

Je fais un rapprochement avec l’affaire Lactalis, où l’entreprise ne souhaitait pas retirer ses laits infantiles du marché et où il a fallu engager un bras de fer pour l’y contraindre. Je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas de retrait des produits s’ils représentent un vrai danger pour les nourrissons.

La réponse du gouvernement ne vous satisfait donc pas ?
Non. Je ne comprends pas qu’on attende six mois pour faire quelque chose, éventuellement. Et qu’on s’arrange avec la loi : celle-ci dit qu’à partir du moment où il y a un danger pour la santé, les produits doivent être retirés du marché. Le gouvernement se contente de négocier avec les fabricants, de leur demander des « engagements » . On fait confiance, et les industriels s’exécuteront ? Cela ne marche pas comme ça. Ce qu’il faut, c’est que pas une seule couche ne soit vendue sans qu’on soit sûr qu’elle ne représente pas un danger pour les enfants.

Vous réfléchissez à une action en justice ?
Une fois que nous aurons les noms des marques, nous demanderons à l’Etat l’ensemble des contrôles réalisés, car on aimerait savoir si les autorités étaient au courant. Et nous ferons des recours. Apparemment, c’est la seule solution pour faire avancer les choses.

Coralie Schaub Dessin Hugues Micol