Environnement et facteurs dégradant la santé

Le Monde - Dans la vallée de l’Orbiel, ancienne plus grande mine d’or d’Europe, 38 enfants surexposés à l’arsenic

Août 2019, par Info santé sécu social

Le Monde avec AFP Publié le 13 août 2019

Ce fut la plus grande mine d’or d’Europe, il n’en reste qu’une pollution gigantesque. Trente-huit enfants vivant dans la vallée de l’Orbiel (Aude) ont un taux d’arsenic supérieur à la moyenne, a fait savoir, mardi 13 août, l’agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie. Agés de quelques mois à 11 ans, ils habitent à proximité de l’ancienne mine d’arsenic de Salsigne, qui abrite encore des millions de tonnes de poudres diverses et variées.

Le 8 juillet, « un dispositif de surveillance clinique et biologique individuelle de l’exposition à l’arsenic des populations de la vallée de l’Orbiel » avait été mis en place. Et sur 103 enfants de 11 ans ou moins testés, trente-huit ont un taux d’arsenic par gramme de créatinine supérieur à 10 microgrammes/gramme (µg/g), qui est la valeur de référence, selon un communiqué de l’ARS. Dix d’entre eux ont un taux supérieur à 15 µg/g.

Prélèvements de contrôle
« Lorsque la concentration trouvée est supérieure à la valeur de référence de 10 µg/g, il est recommandé d’effectuer un prélèvement de contrôle deux mois après avoir supprimé ou limité les sources d’exposition. En effet, un seul dosage ne peut montrer l’exposition au cours aôut du temps, puisque c’est le reflet d’une exposition récente et non d’une exposition chronique », a expliqué l’ARS.

Suivant cette recommandation les parents d’enfants testés en juin vont à nouveau présenter des prélèvements d’urine vendredi à l’hôpital de Carcassonne, a annoncé Cindy Morel, membre du collectif des parents d’élèves de Lastours, et mère de deux garçons testés comme surexposés en juin. Des adultes déposeront aussi à l’occasion leurs propres prélèvements.

« En cas de seconde analyse au-delà de la valeur de référence, les équipes de l’ARS proposeront aux familles qui le souhaitent un accompagnement personnalisé à domicile », a précisé l’agence publique.

Dans le cas de l’arsenic, l’ingestion par les habitants de certains aliments produits localement (légumes racines, légumes feuilles, champignons, plantes aromatiques…) ou d’eau de boisson contaminée « est très largement majoritaire », d’après l’agence. Depuis 1999, des recommandations sanitaires ont été délivrées, mais des études ont mis en avant « des pratiques et des habitudes non conformes, comme par exemple l’usage d’eau provenant de puits privés ou de sources communales non contrôlés ».

Problèmes d’étanchéité
Plus importante mine d’or d’Europe et première du monde pour l’arsenic, Salsigne a été exploitée pendant près d’un siècle jusqu’en 2004. Mais elle a légué des millions de tonnes de déchets toxiques stockés sur cinq sites alentour, dont certains, dénoncent des associations, ont perdu de leur étanchéité.

Les inondations d’octobre 2018, durant lesquelles quatorze personnes sont mortes, ont accru les inquiétudes quant à la pollution des sols. Et l’annonce, le 20 juin, de la découverte de taux d’arsenic plus élevés que la moyenne chez trois petits garçons avait confirmé les craintes des habitants.

« On est dans un pays où les règles ne sont pas les mêmes si on se trouve à Paris ou au fin fond de la province », s’est emporté, mardi, le maire de Lastours, Max Brail. « A Paris [où les travaux de décontamination des sols pollués au plomb près de Notre-Dame viennent de débuter], on y met les moyens, mais chez nous, non », a regretté l’édile. « Tant qu’on n’éradique pas la cause, on ne traite pas les problèmes », a-t-il dénoncé, demandant à ce que les déchets toxiques stockés soient déplacés, car, selon lui, « dès qu’il pleut, cela alimente le ruisseau du bas ».

Pour le maire, les tests doivent, en outre, être étendus aux enfants de plus de 11 ans :

« Un gamin de 12 ans n’a pas le droit d’être rassuré ? Il ne faut pas empêcher quelqu’un qui veut faire le test de le faire. On a le devoir de les accompagner. »