Les retraites

Le Monde.fr : Retraites : les lignes rouges de Laurent Berger

Septembre 2019, par infosecusanté

Retraites : les lignes rouges de Laurent Berger

Le secrétaire général de la CFDT a mis en garde le gouvernement contre toute velléité de construire un projet qui aurait pour but de faire des économies.

Par Raphaëlle Besse Desmoulières

Publié le 06 septembre 2019

C’était la première fois qu’il rencontrait le premier ministre pour parler de la future réforme des retraites. Comme ses homologues de FO, de la CFTC, de la FNSEA et du Medef, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a été reçu, jeudi 5 septembre, par Edouard Philippe, aux côtés de Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire chargé du dossier, et Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé.

Après une heure de rencontre, le leader de la confédération de Belleville, à Paris, s’est montré prudent sur le perron de Matignon, d’autant que le premier ministre, qui doit s’exprimer la semaine prochaine sur le calendrier et la méthode de la réforme, a livré peu d’éléments concrets à ses interlocuteurs. « On est persuadés que la précipitation n’est pas de mise », a souligné M. Berger, jugeant que la discussion s’annonce « longue » et « très compliquée ». Ce dernier a toutefois estimé que le chef du gouvernement s’était montré « plutôt ouvert ». Mais, a-t-il ajouté, cela « se mesurera aux résultats obtenus, pas simplement à la qualité des discussions et de la courtoisie qui a toujours été à l’œuvre ».

« Pas une réforme budgétaire »

Si les déclarations d’Emmanuel Macron sur la durée de cotisation ont été analysées comme un geste d’apaisement envers la centrale cédétiste, qui ne voulait pas de l’âge pivot à 64 ans proposé par M. Delevoye pour une retraite à taux plein, tout n’est pas réglé pour autant. M. Berger s’est notamment montré peu allant à l’idée de réintroduire une période d’affiliation dans le futur système. « Si on parle d’un régime par points, on ne parle pas forcément d’une durée de cotisation, mais d’acquisition des points et du nombre de points suffisants pour avoir une retraite correcte », a-t-il jugé. Pour lui, il faut repartir d’une « feuille blanche ».

Le secrétaire général de la CFDT a surtout mis en garde le gouvernement contre toute velléité de construire un projet qui aurait aussi pour but de faire des économies. « On a redit également qu’on ne voulait pas une réforme budgétaire », a-t-il martelé. Selon M. Berger, « il n’y a pas de nécessité budgétaire urgente ». « Ce n’est pas une logique que l’on poursuit, a-t-il expliqué. Si cet âge pivot concentre cette idée que c’est l’âge et le “travailler plus longtemps” qui seraient l’enjeu de cette réforme, on se plantera. » La CFDT, a-t-il insisté, plaide pour une « réforme qualitative » avec « un régime juste, lisible, redistributif qui soit plus favorable qu’il ne l’est aujourd’hui aux femmes, à ceux qui ont des carrières longues, hachées, qui commencent leur carrière professionnelle par la précarité ».

Raphaëlle Besse Desmoulières