Industrie pharmaceutique

Le Monde.fr : Levothyrox : le laboratoire Merck condamné à verser 1 000 euros à chacun des 3 329 plaignants

Juin 2020, par infosecusanté

Le Monde.fr : Levothyrox : le laboratoire Merck condamné à verser 1 000 euros à chacun des 3 329 plaignants

La cour d’appel de Lyon a reconnu jeudi que le laboratoire pharmaceutique avait commis « une faute » au moment du changement de formule de son traitement.

Publié le 25/06/2020

La cour d’appel de Lyon a reconnu jeudi 25 juin que Merck avait commis « une faute » au moment du changement de formule de son traitement Levothyrox et a condamné le laboratoire pharmaceutique à verser 1 000 euros à chacun des plaignants au titre du « préjudice moral », a annoncé leur avocat, Christophe Leguevaques.

L’instance d’appel « a déclaré recevable l’appel des parties civiles et (…) a retenu que la société Merck avait commis une faute. La cour considère qu’il y a eu un préjudice moral subi par toutes les parties », a précisé l’avocat des plaignants. Le directeur juridique de Merck, Florent Bensadoun, a jugé cette décision « totalement incompréhensible » et a annoncé que l’entreprise allait se pourvoir en cassation.

En première instance, en mars 2019, les plaignants avaient été déboutés, les juges lyonnais écartant toute faute du laboratoire allemand Merck, dont le siège français se situe à Lyon, dans le lancement du nouveau Levothyrox en 2017, que ses utilisateurs accusaient de provoquer de multiples effets secondaires.

Convaincus, au contraire, que le groupe pharmaceutique les avait mal informés, 3 329 patients souffrant d’effets secondaires ont fait appel – environ 800 ont abandonné la procédure – et réclamaient 10 000 euros d’indemnités chacun, soit 33 millions au total.

La nouvelle formule du médicament prescrit contre l’hypothyroïdie, modifiant certains de ses excipients afin d’apporter davantage de stabilité au produit, a été incriminée, entre mars 2017 et avril 2018, par quelque 31 000 patients souffrant de maux de tête, insomnies, vertiges, etc.

Durant le procès en appel, le laboratoire pharmaceutique a gardé la même ligne de défense qu’en première instance et réaffirmé qu’il ne pouvait pas informer directement les patients – la publicité pour les médicaments auprès du grand public n’étant pas autorisée.

Deux millions et demi de patients
En juin 2019, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié les résultats d’une étude de pharmaco-épidémiologie menée sur plus de deux millions de patients, selon laquelle le passage à la nouvelle formule du Levothyrox n’a pas engendré de « problèmes de santé graves ».

Selon Merck, quelque 2,5 millions de patients utilisent la nouvelle formule du Levothyrox, « moins de 100 000 » personnes prenant l’ancienne formule importée depuis fin 2017 sous le nom d’Euthyrox. Cinq médicaments alternatifs à base de lévothyroxine sont aussi disponibles sur le marché.

La France a été le premier pays où cette formule a été introduite. Depuis, elle l’a été dans une quinzaine de pays de l’Union européenne, sans difficultés, assure Merck. Pour le laboratoire, les remontées d’effets indésirables sur la nouvelle formule sont aujourd’hui « normales et comparables à l’ancienne ».

L’affaire fait par ailleurs l’objet, au pénal, d’une information judiciaire contre X instruite par le pôle santé du tribunal de grande instance de Marseille pour des faits présumés de tromperie aggravée, homicide et blessures involontaires et mise en danger de la vie d’autrui.