Environnement et facteurs dégradant la santé

Lequotidiendumedecin.fr : Les AVC sont plus fréquents et avec plus de séquelles chez les plus modestes, selon la Drees

Février 2022, par infosecusanté

Lequotidiendumedecin.fr : Les AVC sont plus fréquents et avec plus de séquelles chez les plus modestes, selon la Drees

PAR ELSA BELLANGER -

PUBLIÉ LE 09/02/2022

« En France, les AVC sont plus fréquents, plus graves et moins souvent pris en charge en unité spécialisée pour les personnes les plus modestes », alerte la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), qui publie ce 9 février une étude sur le sujet, à partir de données de 2014 à 2017.

Il en ressort d’abord un risque de survenue d’un AVC plus élevé chez les personnes au niveau de vie le plus modeste. Un écart de 40 % est constaté entre le quart de la population le plus démuni et le quart le plus aisé. Avant de s’estomper à partir de 85 ans, les disparités sont plus marquées parmi les 45-64 ans, avec un taux de survenue presque deux fois supérieur chez les plus modestes par rapport aux plus favorisés.

Un inégal accès aux unités neurovasculaires

À cette première inégalité, s’ajoute celle de la prise en charge dans une unité neurovasculaire (UNV), avec une chance réduite pour les plus âgés et les plus modestes. À âge, sexe et nombre de lits dans le département comparables, « les personnes les plus modestes ont 10 % de chances en moins d’être accueillies dans ces unités », relève la Drees, soulignant par ailleurs une diminution des chances de prise en charge en UNV avec l’âge : « le nombre de ces lits étant limité, ils seraient réservés en priorité aux patients les plus jeunes ».

Mais une partie des inégalités dans la prise en charge par les UNV tient à la disponibilité du nombre de lits dans ces unités. « La probabilité d’être pris en charge en UNV augmente avec le nombre de lits d’UNV par département (exprimé en nombre de lits pour 100 000 habitants de 50 ans ou plus), ce qui atteste de l’existence d’un effet d’offre de soins », pointe la Drees, qui observe également un écart de prise en charge en UNV entre les patients jeunes et les plus âgés « plus important dans les départements à faible taux de lits d’UNV », montrant là encore un écart « lié à l’offre de soins ».

L’impact de ces disparités territoriales dans la prise en charge des maladies cardiovasculaires (MCV) avait déjà été observé par une étude de Santé publique France, publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH) en septembre 2020, sur les années potentielles de vie perdues prématurément (APVPp) par MCV, selon les départements. Il en ressortait que les départements présentant un taux d’APVPp inférieur à la moyenne nationale avaient les meilleurs taux de prise en charge par les UNV.

« Deux aspects sont essentiels dans la prise en charge des AVC : la prévention primaire des facteurs de risque par les médecins généralistes et la prise en charge dans une phase aiguë par un service d’urgence ou une UNV, rappelait alors le vice-président de la Société française neurovasculaire, le Pr Igor Sibon, chef du service de neurologie et de l’UNV du CHU de Bordeaux. La désertification médicale dans certaines régions impacte ces deux aspects. »

En revanche, l’écart de prise en charge selon le statut socio-économique ne se retrouve pas pour la prise en charge post-AVC. Le niveau de vie « ne semble pas avoir d’influence sur l’accès aux soins de suite et de réadaptation des patients présentant des séquelles à la sortie de l’hospitalisation », lit-on.

Un écart aussi entre femmes et hommes

Une autre inégalité apparaît cependant quant aux risques de séquelles et de décès un an après l’AVC, qui apparaissent majorés chez les plus modestes. Les risques de paralysie persistante au-delà de 24 heures et de troubles du langage sont accrus, respectivement de 22 % et de 11 %, pour le quart le plus pauvre de la population par rapport au quart le plus aisé. Concernant les décès, à caractéristiques démographiques comparables (âge, sexe, vivre seul, état de santé et type de prise en charge), un niveau de vie élevé est associé à une diminution de 11 % du risque de décès à un an et de 13 % pour les AVC ischémiques par rapport à un niveau de vie modeste.

L’étude met par ailleurs en évidence une différence entre femmes et hommes. « Le sexe féminin est lui aussi associé à une probabilité plus faible d’être pris en charge en UNV », est-il noté. Alors que plusieurs études ont déjà montré ces différences de prise en charge selon le genre, plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer l’écart constaté en France, et notamment « la fréquence des formes atypiques d’AVC, plus importante chez les femmes, ce qui peut contribuer au retard diagnostique et à une moins bonne orientation vers l’unité de soins adaptée », ainsi que « la différence de comportements de recours aux soins entre les hommes et les femmes en présence de symptômes évocateurs d’AVC ».