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Infirmiers.com - Les aides-soignants méritent plus que jamais des lendemains qui chantent...

Mai 2020, par Info santé sécu social

19.05.20 Mise à jour le 25.05.20

En établissement hospitalier public ou privé, en structure médico-sociale, en EHPAD, dans ces moments particuliers de notre histoire sanitaire, il est un métier qui, au même titre que bien d’autres, a dopé sa côte de popularité. Il s’agit du métier d’aide-soignant. Cheville ouvrière du "prendre soin", le rôle de celles et ceux qui l’exercent est encore trop mal connu, et souvent brocardé de l’étiquette "ingrate". Pourtant, ce rôle s’est soudainement mué dans les médias en l’expression d’un savoir faire spécifique, mais surtout essentiel en cette période contrainte : préserver l’humain et ce, en toutes circonstances. Alors que s’ouvre le "Ségur de la Santé", les attentes sont d’autant plus fortes chez les aides- soignants en quête de reconnaissance.

hôpital couloir
Cette épreuve sanitaire aura permis au moins une chose, celle de faire gagner visibilité et reconnaissance à une profession qui peinait, hier encore, à exister aux yeux des medias et des tutelles. De la lumière au bout du couloir ? Pourvu que cela dure...

Sur fond de débats souvent houleux concernant ses nouvelles compétences et son rôle à redéfinir dans un système de santé "renouvellé", la crise sanitaire au coronavirus nous permet de prendre conscience, sans nul doute, que le métier d’aide-soignant (AS) est bien plus qu’accessoire pour la qualité des soins. Il s’est paré de vertus cardinales au moment où l’ensemble du nuancier soignant est utilisé en première ligne de notre défense nationale. Ainsi, depuis quelques semaines, au front de l’épidémie, c’est le plus discret des soldats paramédicaux, l’AS, qui vient de réveler l’essentialité de sa fonction en relevant, à son niveau, un double enjeu socle : celui du maintien du lien social et de l’alerte.

Maintenir le lien, enjeu premier de l’aide-soignant
On fait ce que l’on peut, avec ce que l’on a. L’aide-soignant dispose en cela d’armes humanistes, mais très peu valorisées, mais qui se sont finalement avérées extrêment utiles durant le confinement. Parmi celles-cin, spoulignons sans doute la plus précieuse : les soins relationnels apportés aux patients. Qui mieux que l’AS, métier de l’altruisme professionnel par excellence, pouvait être le faiseur du lien social auprès de résidents isolés dans les EHPAD, de bénéficiaires de services de soins à domicile solitaires ou de patients hospitalisés contraints à une forme de sobriété sociale ?

L’être humain a une dimension relationnelle et dorénavant, personne ne peut dire le contraire après avoir enduré cette période de confinement forcé. Seulement, alors que l’urgence sanitaire imposait une distanciation physique et l’isolement imposé d’un public dit "sensible", il s’est vu interdire toute forme de réelle relation sociale. Une distanciation physique qui est venue s’imposer encore plus cruellement à certaines personnes percevant le dehors comme la seule et unique raison de vivre : la famille, les proches, les voisins de palier, l’épicier du coin...

Alors que l’isolement social est un fléau national et que l’on connaît les effets déléteres de l’un de ses collatéraux, le syndrome de glissement, nombreux sont les aides-soignants a avoir pris leur part dans le maintien de ce qui semble être une énergie vitale : le lien social. A l’issue de ce confinement où toutes les capacités relationnelles et la faculté d’imagination des AS (usage des tablettes et de Skype, collecte de dessins, danses improvisées, chansons inventées, échanges de courriers ou simple visite à domicile...) ont été le lot quotidien de la plupart d’entre eux, reconnaissons assurément que leur expertise professionnelle a été le réel moteur d’une opération "Résilience" menée avec beaucoup de succés. Les AS se sont tout simplement attelés "à faire vivre" et ce, en dépit des circonstances.

Etre un lanceur d’alerte efficace, enjeu second de l’aide-soignant
Reconnaître les signes cliniques spécifiques de la COVID-19, faire le lien avec l’infirmier(e) ou les services d’urgence médicale, savoir, pour certains, se former "in situ" aux techniques de réanimation/soins intensifs... telles ont été les nouvelles compétences à acquérir très rapidement pour les AS de structures médico-sociales, de HAD ou de SSIAD... De fait, c’est grâce à cette dynamique de formation et à la réactivité professionnelle, de niveau comparable à d’autres professionnels de santé, que le binôme AS/IDE s’est vu renforcé dans son
exercice quotidien au service du patient mais aussi de la santé publique ! Car, pour le moins, c’est en étant le professionnel de santé le plus au contact des patients, que l’AS s’est vu conforté dans son rôle de soignant de "première ligne", dans une fonction inaliénable de lanceur d’alerte de santé.

Fort de son expérience des habitudes de vie du patient, de sa vision de l’intégrité physique et psychique de la personne soignée, le relais efficace du recueil des données cliniques effectué de prime abord par l’AS a ainsi permis d’asseoir sa compétence clinique et son expérience de terrain dont on ne valorise encore que trop peu la qualité. Pourtant, force est de constater, et plus particulièrement dans un contexte de soins à domicile, que les AS se sont retrouvés confrontés à des situations de prises en soins complexes, faisant dès lors appel à un raisonnement et à une expertise clinique de haut niveau, tant la COVID-19 peut revêtir de multiples aspects pour lesquels il faut savoir être réactif...

Vers un meilleur avenir profressionnel ?
En définitive, lorsque l’on prend pleine conscience de ces deux enjeux professionnels auxquels les aides-soignants ont pleinement répondu, on ne peut que leur reconnaître un mérite, dont ils sont coutumiers, celui d’avoir combattu avec discrétion et honneur ! Par conséquent, cette épreuve sanitaire aurait-elle permis au moins une chose, celle de faire gagner visibilité et reconnaissance à une profession qui peinait, hier encore, à exister aux yeux des medias et des tutelles. Tandis que primes, médailles et surtout revalorisation des salaires sont annoncés par le Gouvernement, gageons que la communauté AS puisse en tirer le meilleur profit pour son avenir !

Alexis Bataille
Etudiant en soins infirmiers L1 (2019-2022),
Aide-soignant