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lequotidiendumedecin.fr : Déserts médicaux : les généralistes libéraux étrangers, un renfort significatif dans les marges rurales, révèle l’Irdes

il y a 5 mois, par infosecusanté

lequotidiendumedecin.fr : Déserts médicaux : les généralistes libéraux étrangers, un renfort significatif dans les marges rurales, révèle l’Irdes

PAR FRANÇOIS PETTY -

PUBLIÉ LE 23/10/2023

C’est à une étude inédite – du moins de cette ampleur – que se sont livrés les experts de l’Institut de recherche et de développement en économie de la santé (Irdes). Leur enquête a disséqué les lieux et habitudes d’installation des omnipraticiens libéraux à diplôme étranger, révélant que ces derniers contribuent à renforcer significativement l’offre de soins dans les zones sous-dotées et notamment dans les marges rurales peu attractives. Cette enquête – qui croise les données recueillies avec celles des généralistes libéraux diplômés en France – s’intéresse aux médecins en activité régulière entre 2007 et 2017.

Premier enseignement, en 2023, la France recense 29 238 médecins diplômés à l’étranger exerçant en activité régulière, soit 12,5 % des effectifs totaux. Parmi eux, 55 % ont un diplôme extra-européen obtenu principalement en Algérie (37,4 %), en Tunisie (10,4 %) et en Syrie (9,5 %). Les médecins diplômés européens viennent principalement de Roumanie (42,6 %), de Belgique (15,3 %) et d’Italie (14,6 %).

Zones rurales et périurbaines

Si les grands choix d’exercice de ces médecins diplômés à l’étranger sont déjà connus (ils s’orientent davantage vers la médecine spécialisée et principalement salariée) la connaissance plus spécifique sur le lieu d’exercice des généralistes en libéral restait parcellaire. Le résultat est sans appel : ces généralistes libéraux nés et diplômés étranger sont « davantage installés dans les marges rurales que leurs homologues formés en France ».

Ainsi, la localisation des médecins nés et diplômés à l’étranger montre une sur-représentation dans certains départements comme la Nièvre, le Cantal, le Loir-et-Cher et les Pyrénées-Orientales. En 2017, la plus grande part de ces praticiens est située dans les centres-ville (30 %) mais leur implantation est aussi forte dans les espaces ruraux (21,6 % contre moins de la moitié pour leurs homologues formés en France qui ne sont que 10 % à y être implantés). Quant aux espaces périurbains sous-dotés, ils sont 16 % de généralistes libéraux à diplôme étranger à y exercer.

Disparités hexagonales

De manière plus globale, si l’implantation des généralistes libéraux primo-inscrits nés à l’étranger concerne l’ensemble des départements, elle connaît de fortes disparités. Ainsi, l’ancienne Franche-Comté, la Somme, l’Oise, la Marne, la Meuse, la Moselle, l’Ardèche ou la Lozère n’ont vu que très peu de primo-inscrits à l’Ordre s’installer depuis 2007, tandis qu’a contrario l’Aisne, l’Orne, la Nièvre, le Cher, l’Indre ou le Loir-et-Cher ont vu croître les effectifs de primo-inscrits nés et diplômés à l’étranger.

À l’arrivée toutefois, la répartition par territoires de vie montre que la majorité des primo-inscrits (entre 2007 et 2017) diplômés à l’étranger s’installent dans les marges rurales (41,6 %), puis dans les espaces péri-urbains sous-dotés (21,5 %). À titre de comparaison, leurs homologues nés et diplômés en France, ne sont « que » 11,9 % à s’installer en zone rurale (sur cette même période) et 22,3 % dans les zones péri-urbaines.

En termes d’effectifs, ce sont 900 médecins primo-inscrits qui se sont ainsi installés « dans les marges rurales entre 2007 et 2017 », dont plus de la moitié (56,1 %) sont nés et diplômés en France mais près de 40 % nés et diplômés à l’étranger, confirmant le caractère significatif de ces renforts extérieurs dans ces territoires. Concernant les zones périurbaines, 1 175 primo-inscrits ont fait le choix de s’y installer, dont 80, 7 % de généralistes nés et diplômés en France et 15,6 % à l’étranger.

Mobilité plus importante

Cette population diplômée à l’étranger est aussi nettement plus âgée que la moyenne des médecins primo-inscrits. La moitié a plus de 45 ans, est majoritairement féminine et reste moins souvent (à cinq ans) dans leur territoire d’installation que les diplômés en France.

À noter toutefois que les diplômés à l’étranger installés en zone rurale sont plus mobiles que ceux installés dans les autres types de zone géographique. Il n’empêche, « malgré une mobilité plus importante à cinq ans, la propension des médecins à diplôme étranger à s’installer et se maintenir dans les marges rurales » reste bien supérieure à celle de leurs confrères à diplôme français (20 % contre 8 %), relève l’Irdes. Dans une moindre mesure, cette tendance s’observe aussi dans les espaces périurbains où la probabilité d’installation et de maintien est de 18 % pour les diplômés étrangers tandis qu’elle est de 13 % pour les diplômés français.

Conclusion des auteurs, dans un contexte de raréfaction de l’offre de soins, l’apport des médecins nés et diplômés à l’étranger « contribue à renforcer l’offre médicale (...) et apparaît utile, en complément d’autres politiques publiques visant à améliorer les conditions d’exercice, pour augmenter l’offre disponible dans les zones disponibles ».