L’hôpital

JIM - Les 6 milliards d’Olivier Véran n’ont pas apaisé la colère, bien au contraire

Juin 2020, par Info santé sécu social

Paris, le vendredi 26 juin 2020 -

Mercredi, Olivier Véran a enfin dévoilé son jeu.

Après des semaines de mystère, il a révélé le montant global des hausses de salaires des soignants non-médicaux. Au total, six milliards d’euros seront à partager entre hôpitaux et EHPAD publics, mais aussi pour partie avec le secteur privé, soit environ 1,7 millions de salariés.

Pour exceptionnel qu’il soit, le chiffre ne semble pas avoir emporté la partie, il a peut-être même ravivé la colère.

300 euros brut contre 300 euros net

Les infirmiers semblent ainsi loin d’être satisfaits. Par exemple, le syndicat des cadres de santé, le SNPI (Syndicat National des Professionnels Infirmiers), s’indigne : « lorsque l’on est beaucoup à se partager un petit gâteau, chacun n’a que des miettes ! ».

Au-delà des aspects comptables, le syndicat s’inquiète également du calendrier. « Par ailleurs, le gouvernement précise dans son document du 19 juin que les revalorisations nécessitent un article de loi, à l’occasion du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), qui sera débattu à l’automne, et voté au plus tard en décembre. Il faudra ensuite la parution des textes réglementaires (décret et arrêté), les agents n’auront donc rien sur leur bulletin de paie avant fin décembre. Parler de hausse des salaires au 1er juillet est délétère car cela donne de faux espoirs aux soignants, souvent confrontés à une perte de revenus familiaux du fait de leur conjoints victimes de la crise économique », explique le patron de cette organisation, Thierry Amouroux.

Soulignons néanmoins que l’enveloppe prévue pourrait signifier une augmentation moyenne des personnels non médicaux d’environ 300 euros brut par mois.

Une revendication à 32 milliards
La CGT, quant à elle, enfonce le clou sur l’air du « compte n’y est pas » et de ce « n’est qu’un début, continuons le combat ».

L’organisation demande en effet pas moins de 32 milliards d’euros pour les rémunérations. Cette enveloppe comprend à la fois des mesures de « rattrapage de la perte de pouvoir d’achat » liée au gel des points d’indice « depuis 2000 » (14,4 milliards), une hausse de 300 euros net pour tous les soignants (8,7 milliards) et des hausses catégorielles évaluées à 9,1 milliards.

La CGT propose également la création de 100 000 emplois dans les hôpitaux et de 200 000 emplois dans les Ehpad, pour un total de 12,5 milliards d’euros, et un programme d’investissement hospitalier de l’ordre de 10 milliards d’euros par an.

Ces propositions, que le syndicat entend porter dans le cadre du "Ségur de la santé", sont "soutenables" jure la centrale syndicale…
Les médecins font entendre leur voix
Cette appréciation pourrait être d’autant plus discutée que même avec un tel niveau d’engagement financier, toutes les attentes pourraient ne pas être comblées. Ainsi, les syndicats de médecins hospitaliers ont appelé, jeudi 25 juin, à se joindre à la grève des soignants prévue mardi 30 juin, faute d’avancées sur leurs revendications salariales, évaluées à près de « 7 milliards d’euros ». En effet, aucune enveloppe n’a été mise sur la table pour les 100 000 médecins hospitaliers, qui font l’objet d’une négociation à part.

« Le préavis a été déposé par l’ensemble des organisations de personnels médicaux et non médicaux. Nous serons donc en grève ce jour-là » a annoncé lors d’une conférence de presse le président d’Action praticiens hôpital (APH), Jacques Trévidic. Parmi les organisations qui appellent à se mobiliser : l’APH (Action praticien hôpital), l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), l’Intersyndicale nationale des internes (ISNI) et le syndicat Jeunes médecins.

Rappelons que les médecins demandent une hausse mensuelle de 300 euros net pour les internes et une revalorisation des grilles salariales, portées à 5 000 euros net en début de carrière, contre 3 754 euros actuellement, et 10 000 euros en fin de carrière (contre 6 384 euros) pour les praticiens hospitaliers. Une réunion consacrée à la rémunération des médecins hospitaliers est d’ailleurs prévue lundi à 16 heures, en présence d’Olivier Véran.

F.H.