La santé au travail. Les accidents de travail et maladies professionnelles

L’Humanité - Face à la dégradation de leurs conditions de travail et à l’explosion des violences, quatre syndicats de soignants se dotent d’un observatoire.

Mai 2019, par Info santé sécu social

Mardi, 14 Mai, 2019
Sylvie Ducatteau

Le projet de création d’un observatoire de la souffrance au travail destiné aux infirmières et infirmiers, quels que soient leur secteur d’activité, public ou privé, en établissement ou libéral, est parti d’un constat alarmant : trente professionnels sont agressés chaque jour.

Ces violences sont la quatrième cause d’arrêt de travail. En 2018, 10 835 soignants ont été victimes d’agressions verbales et/ou physiques, selon l’Observatoire national des violences en santé (ONVS). En 2014, ce même organisme recensait deux fois moins d’actes violents à l’encontre des infirmiers.

Un outil pour obtenir de l’aide si nécessaire
Face à ces chiffres et à la « généralisation de la souffrance au travail », quatre organisations professionnelles, Convergence infirmière, les Syndicats des infirmiers et des conseillers, éducateurs de santé de l’éducation nationale (Snics-FSU et Snies-Unsa) et le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) ont décidé de lancer un observatoire national. « Il s’agit d’un outil qui doit permettre à nos collègues syndiqués ou non de signaler des situations de souffrance. D’obtenir de l’aide si nécessaire. Mais l’observatoire va également permettre d’obtenir des données plus fiables alors que les remontées vers l’observatoire des violences en santé, sous la responsabilité des établissements, sont très partielles. Un tiers seulement des structures publiques et 5 % des privées déclarent des faits », explique Thierry Amouroux (SNPI).

Un accompagnement syndical traditionnel
L’écoute, l’une des premières missions de l’observatoire intitulée « Souffrance infirmière » et accessible via Internet, est assurée par huit « répondants » formés par Marie Pezé, la psychologue et psychanalyste spécialiste de la santé au travail. « Aujourd’hui, les professionnels de santé sont broyés par le système. La souffrance et les violences découlent de la défaillance des organisations du travail, des sous-effectifs, du manque de moyens et de pratiques managériales agressives », poursuit Thierry Amouroux, évoquant le mouvement de grève en cours dans des dizaines de services d’urgence et la situation des soignants dans les Ehpad. Ainsi, aux réponses individuelles d’aide et d’écoute, les promoteurs de l’observatoire proposent un accompagnement syndical traditionnel, qui permet aux victimes d’interpeller des employeurs, des directions d’établissements de santé ou scolaire, des tutelles (Agence régionale de santé, Sécurité sociale), d’alerter la médecine du travail ou les instances de prévention.

Sylvie Ducatteau