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La Tribune - En France, un million de personnes travaillent, mais vivent sous le seuil de pauvreté

Juin 2019, par Info santé sécu social

Par latribune.fr | 05/06/2019

La précarité de l’emploi augmente de façon « inquiétante » en France depuis trois ans, accentuant les risques d’inégalités, a révélé mardi le rapport annuel de l’Observatoire sur les inégalités. Cette progression s’explique notamment par la hausse des contrats à durée déterminée, d’intérim et d’apprentissage depuis 2014.
La précarité de l’emploi augmente de façon « inquiétante » en France depuis 2014, après une stabilisation de près de 10 ans, accentuant les risques d’inégalités, révèle mardi le rapport annuel de l’Observatoire sur les inégalités. Le taux de précarité, soit la proportion d’actifs en CDD, intérim ou apprentissage, est passé de 12% en 2007 à 13,6% en 2017 et poursuit son augmentation depuis trois ans, « ce qui constitue un phénomène nouveau et inquiétant », peut-on lire dans le rapport qui se penche sur les inégalités de revenus, d’éducation, de travail et de mode de vie.

Un actif sur quatre en situation de "mal-emploi"
Plus largement, près de huit millions de personnes, soit un actif sur quatre, se trouvent en situation de "mal-emploi", c’est-à-dire en contrat de CDD, intérim, au chômage, ou encore ont arrêté de chercher un travail.

« Cette France de l’insécurité sociale a un visage : celui des employés et des ouvriers peu ou non qualifiés, des ’ubérisés", des indépendants (en bas de l’échelle). Pour une grande part, cette France a animé les manifestations des "Gilets jaunes" », écrit le directeur de l’Observatoire, Louis Maurin.

« Il leur est difficile de se projeter dans l’avenir, d’emprunter ou de louer un appartement. L’exigence de flexibilité qui pèse sur (eux) se traduit par des horaires décalés ou impossible à prévoir », peut-on lire dans le rapport qui met en garde contre la "dérégulation du droit du travail continue".

Des contraintes de rythme de travail
Le rapport met par ailleurs en évidence une progression des inégalités en termes de conditions de travail.

« On peut penser que le travail à la chaîne et la pénibilité ont disparu mais c’est loin d’être le cas », a souligné Mme Brunner, citant quelque 35% des salariés soumis à des rythmes de travail ou de production « strictement contrôlés », ou à des surveillances permanentes de la hiérarchie en 2016, contre 31,6% en 2005. Une hausse qui s’observe « surtout chez les ouvriers et encore plus chez les employés ».

Entre 5 et 8,8 millions de pauvres en France
Pour l’instant, près d’un million de personnes exerçant un emploi disposent d’un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, fixé à la moitié du revenu médian (855 euros par mois pour une personne seule en 2016).

La pauvreté touchait près de 5 millions de Français en 2016 (dernières données disponibles), si l’on fixe le seuil de pauvreté à 50% du niveau de vie médian et 8,8 millions si l’on utilise le seuil à 60%. Elle a fortement progressé à partir de 2008 en raison de la crise financière puis stagne depuis 2012.

« Mais cette stagnation est trompeuse car elle résulte en partie de l’extension de la crise aux couches moyennes », lit-on dans le rapport. Or, le niveau de vie médian de 2016 est retombé au niveau de celui de 2011.

Les analystes constatent toutefois que la France reste, grâce à son modèle social, l’un des pays d’Europe qui enregistre le taux de pauvreté le plus faible, à 6,8% au seuil à 50% en 2015 selon Eurostat, derrière les Pays-Bas (6,6%) et la Finlande (4,9%), mais devant l’Allemagne et le Royaume-Uni (10%).

Pour l’Observatoire, « seule une baisse durable du chômage » ainsi que des « emplois réellement rémunérateurs » pourraient « réellement peser sur les inégalités de revenus » sur le long terme".

(AFP et Reuters)