L’hôpital

Le Généraliste - Urgences : les passages inutiles pas si fréquents selon une étude

Novembre 2019, par Info santé sécu social

Urgences : les passages inutiles pas si fréquents selon une étude
Amandine Le Blanc
| 31.10.2019

By Amandine Le Blanc

Dans la crise que traversent actuellement les urgences, les passages inutiles et l’éducation des patients sont souvent pointés du doigt. Pourtant, d’après une étude française parue ce mercredi dans le BMJ et portant sur 29 407 patients adultes, les choses sont en réalité plus complexes que cela.

Le Dr Youri Yordanov, urgentiste (hôpital Saint-Antoine, Paris AP-HP) a coordonné les travaux conduits avec l’aide de la Société française de médecine d’urgence (SFMU), de l’Inserm et de la faculté de médecine Sorbonne Université.

Dans la nouvelle étude, trois mesures ont été utilisées et comparées pour tenter de définir le caractère approprié de la visite aux urgences. Deux mesures subjectives où on demandait à l’urgentiste, premièrement d’apprécier le degré d’adéquation du recours, sur une échelle allant de 0 à 10, puis de dire si la demande de soins aurait pu être prise en charge par un médecin généraliste le jour même ou le lendemain. Le troisième critère portait sur l’utilisation des ressources du service au cours du passage aux urgences : par exemple un patient vu par un médecin, avec une prise de sang et/ou un examen radiologique et un traitement correspond a priori à un passage justifié.

Sur l’échantillon, les passages inappropriés aux urgences représentaient « seulement 6 % des passages » quand on prenait en compte les trois critères.

Le recours « inapproprié » souvent associé à des critères de vulnérabilité sociale

Au niveau individuel, la probabilité de visite inadéquate diminue avec l’âge des patients et avec un domicile loin des urgences. Elle était en revanche plus importante en l’absence de sécurité sociale et d’assurance ou mutuelle complémentaire. Près de 10 % des patients déclaraient aussi être venus aux urgences faute de médecin généraliste disponible en ville.

« On passe notre temps à culpabiliser les patients. L’étude met en cause le concept de visites inappropriées qui est couramment avancé pour expliquer la surcharge des urgences, alors que l’on a affaire souvent à des patients vulnérables sur le plan socio-économique et qui n’ont pas d’autre choix », dit à l’AFP le Dr Yordanov.

(avec AFP)