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Lequotidiendumedecin.fr : Chirurgiens et infirmières alertent sur le risque de paralysie des blocs opératoires

Janvier 2019, par infosecusanté

Chirurgiens et infirmières alertent sur le risque de paralysie des blocs opératoires

Marie Foult

| 02.01.2019

Bientôt la pénurie dans les blocs ? Plusieurs syndicats représentant les chirurgiens et les infirmières de bloc opératoire diplômés d’État (IBODE) alertent sur les grandes difficultés qui, selon eux, risquent d’apparaître avec l’application du décret sur les IBODE. Le BLOC (qui regroupe chirurgiens, anesthésistes-réanimateurs et obstétriciens), l’Union des chirurgiens de France (UCDF) et plusieurs syndicats d’IBODE (Unaibode, AEEIBO) ne craignent rien de moins qu’une « paralysie de l’activité chirurgicale en France », faute d’infirmières de bloc formées en nombre suffisant. De quoi s’agit-il ?

Ce décret de janvier 2015 relatif aux actes infirmiers relevant de la compétence exclusive des infirmières de bloc opératoire a été modifié en début d’année 2018 par le ministère, reportant l’application d’une partie du texte au 1er juillet 2019. Le texte concerne trois actes particuliers (l’aide à l’exposition, l’hémostase et l’aspiration), aujourd’hui réalisés par des infirmières non IBODE dans la majorité des cas, qui seront alors exclusifs aux infirmières de bloc diplômées. À partir du 1er juillet, seules les IBODE ayant réalisé une formation de 49 heures pourront pratiquer ces actes.

Former « en masse »

Selon le ministère, le report devait laisser le temps de régler les problématiques organisationnelles des blocs opératoires et de former les professionnels « dans les délais impartis ».

Mais pour les syndicats de praticiens et de paramédicaux, on est loin du compte en termes de formation. « Les IBODE ne sont toujours pas assez nombreuses et si on ne trouve pas une solution, en juillet, on ne pourra plus opérer, tranche le Dr Philippe Cuq, coprésident du BLOC et président de l’UCDF. Je suis dans un gros bloc, il n’y a que quatre IBODE pour plusieurs dizaines d’infirmières ! » Le chirurgien réclame « un dispositif permettant de former et de qualifier en masse » les infirmières en IBODE.

Visibilité

Pour la présidente de l’Unaibode Brigitte Ludwig, cela pourrait passer par un système de validation des acquis de l’expérience (VAE), par une formation « a minima » ou encore par du tutorat. « Mais il s’agirait de solutions de secours, il faut que le ministère nous donne de vrais moyens pour former plus de monde. Actuellement, on estime qu’il y a 9 000 ou 10 000 IBODE formées, mais même sur ce point, nous n’avons pas de visibilité », regrette Brigitte Ludwig.

Les représentants des IBODE et des chirurgiens demandent à être reçus dans les meilleurs délais par le ministère de la Santé afin de trouver les solutions « efficaces et pragmatiques ». « Jusqu’à présent, déplorent-ils, nous n’avons jamais été concertés ensemble ».