Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - Fin de l’isolement des cas de Covid : « Le gouvernement ne se soucie pas des populations immunodéprimées »

Février 2023, par Info santé sécu social

Interview

Quid des plus fragiles ? Thierry Nouvel, directeur général de Vaincre la mucoviscidose, dénonce le défaut de solidarité dans la décision du gouvernement de cesser toutes les mesures de prévention de la circulation du Covid-19.

par Olivier Monod
publié le 01/02/2023

« L’isolement systématique pour les personnes testées positives au Covid-19 et la réalisation d’un test de dépistage au deuxième jour de la notification du statut de contact pour les personnes contact asymptomatiques ne seront plus requis. » Cette décision du ministère de la Santé signe la fin des mesures d’exception liées au Covid-19. Cette maladie est dorénavant considérée comme une autre. Mais la libre circulation des personnes infectées fait peser un risque pour toutes les personnes à risque de formes graves, au premier rang desquelles les patients immunodéprimés en raison d’une greffe ou d’un traitement en cours.

Thierry Nouvel, directeur général de Vaincre la mucoviscidose dit son désarroi à Libération.

Le gouvernement annonce la fin de l’isolement obligatoire pour les patients infectés par le Covid-19, comment réagissez-vous ?

Clairement, le gouvernement ne se soucie pas des populations immunodéprimées. On leur dit de se barricader pendant qu’on laisse circuler des personnes dont on sait qu’elles vont en contaminer d’autres. L’épidémie est en train de reculer, c’est positif et indéniable, mais cette décision entraîne un risque de reprise épidémique qui va concerner les immunodéprimés. Ce sont eux que l’on retrouve à l’hôpital avec des formes graves du Covid.

Aujourd’hui comment vivent les personnes immunodéprimées ?

Dans la terreur depuis bientôt trois ans. Elles sont recluses chez elle pour une grande partie d’entre elles, avec peu de contacts sociaux. Les traitements contre le Covid qui leur étaient réservés ne fonctionnent pas à cause des nouveaux variants. On parle ici de personnes dialysées, ou ayant reçu une greffe du poumon, ou du rein, ou encore sous traitement anticancéreux. Certaines travaillent, mais elles sont toutes en télétravail total. Quand ce n’est pas possible, elles ont un certificat d’isolement ou sont en chômage partiel. Cela évite une perte de ressource.

Le dispositif spécifique de chômage partiel va être reconduit au moins jusqu’à mars. Le ministère de la Santé cherche une solution pour les « quelques centaines » de personnes éloignées du travail. Qu’espérez-vous pour l’avenir ?

Il faut déjà dire qu’on parle plutôt de milliers de personnes. Rien que pour la mucoviscidose, ce sont 1 000 patients ayant reçu une greffe du poumon. Ce que nous souhaitons, pour eux, c’est que l’Etat leur assure un minimum de protection pour qu’elles puissent sortir de chez elle. Aujourd’hui, la population française est moins bien vaccinée qu’il y a six mois, et les gestes barrières sont peu suivis. Il suffit de prendre les transports en commun pour voir que le masque est très peu porté. Que fait-on pour ces personnes chez qui la vaccination ne fonctionne pas, ni plus aucun traitement ?

Vous parlez des gestes barrières, mais la France est aussi à la traîne sur la qualité de l’air intérieur. Le grand plan de ventilation promis en avril 2022 par le candidat Macron n’a jamais vu le jour…

A court terme, on souhaite que des mesures soient prises sur la question de l’isolement, de l’indemnisation, face à un risque d’être infecté qui va s’accroître. A plus long terme, en effet, il y a des leçons à tirer de cette pandémie. Il faut une politique globale sur la qualité de l’air et la prévention des risques épidémiques. Il ne faut pas seulement éteindre l’incendie du Covid. D’autant que les scientifiques le disent, ces épidémies de maladies respiratoires vont se répéter à l’avenir.