L’hôpital

Liberation.fr : L’hôpital en état d’urgence

Août 2023, par infosecusanté

Liberation.fr : L’hôpital en état d’urgence

Equipes à bout de nerfs, manque de moyens, Samu en grève… L’hôpital parvient tout juste à faire face aux tensions grâce à l’abnégation des soignants et à la débrouille. Mais sera-t-il apte à faire face à une nouvelle crise sanitaire ?

par Alexandra Schwartzbrod
publié le 17 août 2023

Depuis combien de temps tirons-nous la sonnette d’alarme ? Combien de reportages et d’interviews pour annoncer que l’hôpital va mal, qu’il est au bord de la saturation, de l’explosion psychologique, bref qu’il va craquer ? On ne compte plus. Année après année, les moyens de l’hôpital public s’amenuisent, les personnels s’essoufflent, abandonnent le métier parfois, et pourtant le système tient encore. Avec des bouts de ficelle souvent, des colmatages de dernière minute, des renforts de retraités ou de personnels épargnés par la surchauffe, et surtout la régulation : on ferme tel service ici pour mieux renforcer tel autre là.

Tout cela permet, bon an mal an, d’assurer l’essentiel. Mais jusqu’à quand ? Les pouvoirs publics, de toute évidence, misent sur l’abnégation et la solidarité des soignants du public. Considérant qu’en cas de force majeure ils ne laisseront jamais un patient en rade. Et que, même dégradé, le service est assuré. Tout cela est concevable par temps calme mais l’hôpital sera-t-il capable d’affronter, si elle devait survenir, une nouvelle catastrophe sanitaire majeure ? La question peut légitimement se poser alors que l’épidémie de Covid semble reprendre de la vigueur, qu’un nouvel épisode caniculaire est annoncé pour les jours à venir et qu’une guerre flambe aux portes de l’Europe.

La situation des urgences est un bon marqueur. C’est là qu’afflue toute la misère du monde, sociale, physique, psychologique, familiale, économique. Or, pour les désengorger on oriente les citoyens inquiets vers le Samu, le fameux 15, où ils sont accueillis par des assistants de régulation médicale (ARM), dont la grande majorité est aujourd’hui en grève pour réclamer du renfort, une revalorisation salariale et de meilleures conditions de travail. Ils sont épuisés, reçoivent parfois jusqu’à 3 000 appels par jour. Le gouvernement dit comprendre leurs revendications, comme il le dit depuis des lustres. Mais quand finira-t-il par passer de la parole aux actes ?