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France Info : Médecins étrangers, rendez-vous non honorés, obligations de gardes... Les annonces de Gabriel Attal pour la santé

il y a 2 mois, par infosecusanté

France Info : Médecins étrangers, rendez-vous non honorés, obligations de gardes... Les annonces de Gabriel Attal pour la santé

Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre a brandi mardi une série de mesures visant, pour la plupart, à optimiser "le temps médical" pour lutter contre les difficultés d’accès aux soins.

Article rédigé par franceinfo avec AFP France Télévisions

Publié le 30/01/2024

"Malgré le travail de nos soignants, le temps médical manque." Tel est le constat dressé par Gabriel Attal durant sa déclaration de politique générale, mardi 30 janvier, à l’Assemblée nationale. "Nos compatriotes ne trouvent pas suffisamment de médecins", a également regretté le Premier ministre. Il a en conséquence multiplié les annonces visant à optimiser ce "temps médical", de la sanction financière pour les rendez-vous non honorés par les patients à la restauration des obligations de garde pour les médecins libéraux, dans certains départements.

Le chef du gouvernement a aussi eu un mot pour la santé mentale des jeunes, via le dispositif "Mon soutien psy" qu’il veut réformer, et annoncé une revalorisation du salaire des infirmières scolaires. Franceinfo fait le point sur cette kyrielle de mesures.

Une sanction financière pour les rendez-vous non honorés
Le Premier ministre souhaite plus de fermeté à l’égard des patients qui n’honorent pas leurs rendez-vous médicaux. Comment ? En instaurant une sanction financière. "Je souhaite un principe simple, qui se traduise par des mesures claires dès cette année : quand on a un rendez-vous chez le médecin et qu’on ne vient pas sans prévenir, on paie", a déclaré Gabriel Attal. Selon lui, ces rendez-vous non honorés font perdre "des millions d’heures" de temps médical.

Chaque semaine en France, 6 à 10% des rendez-vous médicaux ne sont pas honorés, alertaient déjà, en janvier 2023, l’Académie nationale de médecine et le Conseil national de l’Ordre des médecins. Cela représente, selon les deux institutions, 27 millions de consultations par an et "près de deux heures" de consultations perdues toutes les semaines, "quelle que soit la discipline".

La restauration des obligations de gardes dans certains départements
Gabriel Attal a menacé de restaurer les obligations de gardes pour les médecins libéraux, dans les départements où le service d’accès aux soins (SAS) ne parviendraient pas à se mettre en place. "Dans les départements où il n’y aurait toujours pas de service d’accès aux soins" d’ici l’été prochain, "je suis prêt à aller plus loin, en restaurant des obligations de gardes pour les médecins libéraux, en soirée ou le week-end, dans leurs cabinets, à l’hôpital ou en maisons de santé", a déclaré le chef du gouvernement.

Le SAS, nouvelle version du numéro d’urgence 15, permet de désengorger les urgences en orientant les personnes qui ont besoin d’un diagnostic ou d’un soin vers la structure la plus adaptée, qui n’est pas forcément l’hôpital mais plus souvent la médecine de ville. Pour fonctionner, il a besoin d’une bonne coopération entre les deux.

Un "émissaire" pour recruter des médecins étrangers
Alors qu’Emmanuel Macron avait déjà annoncé, il y a deux semaines, la régularisation de praticiens d’autres nationalités sur le territoire, Gabriel Attal souhaite aller plus loin pour lutter contre les déserts médicaux. Il a promis mardi de nommer un émissaire "chargé d’aller chercher à l’étranger des médecins qui voudraient venir exercer en France". "Nous devons trouver les moyens de faire revenir nos jeunes Français qui sont partis étudier à l’étranger", a également estimé le Premier ministre.

"Nous allons accélérer le passage de 6 000 à 10 000 assistants médicaux qui permettront aux médecins de pouvoir se consacrer davantage aux patients et moins aux formalités administratives", a par ailleurs précisé le chef du gouvernement. Concrètement, il estime que cela représentera "2,5 millions de consultations supplémentaires libérées tous les ans" pour les patients.

Enfin, il souhaite mieux reconnaître l’expérience du personnel de santé. Ainsi, une "infirmière anesthésiste, qui a un bac +5, plusieurs années de carrière et d’expérience, doit pouvoir si elle le souhaite entrer directement au moins en 3e année de médecine", a-t-il proposé.

Une réforme du dispositif "Mon soutien psy"
Sur la santé mentale, Gabriel Attal a fait un mea culpa au nom de son gouvernement. Le dispositif "Mon soutien psy", créé en avril 2022, "partait d’une bonne intention, mais il n’a pas donné les résultats escomptés". "Il faut avoir le courage de le reconnaître, même si c’est nous qui l’avons mis en place", a-t-il admis. En conséquence, "nous allons augmenter le tarif de la consultation remboursée pour limiter au maximum le reste à charge pour les jeunes patients et leurs familles", a promis le Premier ministre.

Il souhaite aussi permettre aux jeunes "d’avoir accès directement à un psychologue, sans nécessairement passer par un médecin". Autre annonce à destination de ce public : la création d’une maison des adolescents dans chaque département. "Il y en a 50 aujourd’hui", a-t-il rappelé.

Une prime et une hausse de salaire pour les infirmières scolaires
Le Premier ministre a annoncé une revalorisation salariale et une prime exceptionnelle pour les infirmières scolaires. Elle toucheront une prime de 800 euros en mai, date à partir de laquelle leur salaire sera revalorisé de 200 euros net par mois.

Nous devons recruter davantage d’infirmières scolaires et mieux reconnaître leur engagement", a-t-il martelé. Selon le Snics-FSU, elles sont actuellement quelque 7 800 à exercer dans les établissements scolaires, mais ce syndicat estime qu’il faudrait 15 000 postes supplémentaires.

Une réforme de l’aide médicale d’Etat avant l’été
Gabriel Attal a enfin évoqué la réforme prochaine de l’aide médicale d’Etat (AME), une promesse qu’Elisabeth Borne a faite à la droite lors des négociations sur le projet de loi immigration. "Nous le ferons avant l’été par voie réglementaire", a-t-il précisé. Le chef du gouvernement assure que la réforme s’appuiera sur "une base qui est connue : le rapport Evin-Stefanini".

Ce document rendu en décembre 2023 avait conclu que l’AME, qui prévoit la couverture intégrale des frais de santé pour les étrangers en situation irrégulière présents en France depuis au moins trois mois et sous conditions de ressources, est un dispositif "globalement maîtrisé", mais qui "mérite d’être adapté".