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Le Quotidien du médecin - Stages en cabinet, mentorat, défiscalisation : les syndicats dévoilent leurs pistes anti-déserts

Juillet 2017, par Info santé sécu social

Marie Foult, Sophie Martos
Pour trouver de nouveaux remèdes contre les déserts, le ministère consulte les médecins. Trois syndicats de praticiens libéraux ont présenté ces derniers jours avenue de Ségur de nouvelles propositions pour améliorer la situation démographique, alors qu’un plan d’action doit être annoncé à la rentrée par Agnès Buzyn.

La CSMF veut former davantage les étudiants en cabinet libéral

La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) estime que la formation est un levier majeur pour renforcer l’attractivité de la médecine libérale.

Le syndicat souhaite que les jeunes puissent être initiés très tôt, pendant leur cursus, à la médecine libérale. Il suggère de rendre obligatoires des stages de découverte en cabinet de ville dès le second cycle des études médicales. Pendant le troisième cycle, il préconise un stage de six mois en cabinet de médecine spécialisée ou en établissement privé et deux stages (12 mois) pour les internes de médecine générale.

Pour les accueillir, « il faudra augmenter le nombre de médecins libéraux maîtres de stage universitaires. L’objectif est qu’un tiers d’entre eux le deviennent », explique le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF.

Tout doit être fait pour encourager la formation hors CHU. S’ils se déroulent en dehors de l’agglomération, les stages ne « devront rien coûter aux étudiants », grâce des indemnités logement ou à un forfait pour rembourser les frais de déplacement.

Le Dr Jean-Paul Ortiz juge indispensable que les futurs médecins soient initiés pendant leur cursus par des libéraux à la gestion d’une entreprise médicale ou au management d’équipe.

La CSMF souhaite faciliter l’installation en libéral grâce une simplification des démarches administratives et au développement de statuts intermédiaires (remplaçant, assistant, collaborateur, associé...). À cela s’ajoute le déploiement de l’exercice à temps partiel partagé entre le salariat et le libéral, mode d’exercice plébiscité par la jeune génération…

La Confédération veut sortir du modèle unique de la maison de santé pluriprofessionnelle et recommande la création de lieux de consultations dans des zones isolées. « N’imaginez pas que les médecins vont venir s’installer dans chaque village en dessous du clocher », lance le Dr Ortiz. L’idée serait que les collectivités territoriales mettent à disposition un lieu permettant le passage d’un médecin, une ou plusieurs demi-journées par semaine, avec à la clé des honoraires revalorisés et la prise en charge des frais de déplacement.

Enfin, le déploiement de la télémédecine encouragé par le chef de l’État est prioritaire. Encore faudra-t-il résoudre la fracture numérique et entériner dans la convention son financement. « Les déserts médicaux peuvent devenir un mauvais souvenir. On est prêts à s’engager mais tout le monde doit se retrousser les manches », a souligné le Dr Ortiz.

Le SML mise sur la défiscalisation et une secrétaire pour deux médecins

Le Syndicat des médecins libéraux (SML), qui a rencontré mercredi le cabinet de la ministre, a également défendu plusieurs pistes pour agir contre la désertification dans les territoires. Il mise tout particulièrement sur le compagnonnage des étudiants en médecine dès la 3e année, avec la mise en place d’un stage tous les ans en libéral pour les internes, et le choix d’un médecin « parrain » qui suivrait l’étudiant tout au long de son cursus.

Autre demande du syndicat, une défiscalisation, pendant une période de deux à trois ans, sur les honoraires du médecin qui s’engage dans un territoire sous dense et pour le praticien déjà installé.

Il plaide aussi pour un « forfait structure conséquent, d’environ 3 000 euros par mois », afin de pouvoir recruter du personnel. « L’objectif serait de permettre l’embauche d’une secrétaire pour deux médecins, précise le Dr Philippe Vermesch, président du SML. Cela pourrait s’inscrire dans le cadre des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). »

Le SML souhaite que le cumul emploi-retraite soit plus favorable pour les médecins retraités. « Pourquoi ces 15 000 praticiens qui rendent service à la communauté cotisent-ils à fonds perdu, s’interroge le Dr Vermesch. Il faut que cela leur rapporte un complément de retraite. »

La FMF veut doubler le salaire des internes en zone sous-dense

La Fédération des médecins de France (FMF) veut, sur le même principe que le compagnonnage, rendre obligatoire une année de stage en libéral pour tous les étudiants en médecine et créer une sorte « d’Erasmus français pour les étudiants en médecine » afin de leur apporter une ouverture sur leur pratique.

Le syndicat du Dr Jean-Paul Hamon souhaite doubler le salaire de l’interne qui part en stage en zone éloignée de sa faculté ou démographiquement faible, ou encore lui garantir un logement et la prise en charge de ses transports.

Les médecins engagés dans le « mentorat » seraient valorisés, « par exemple grâce à une rémunération calquée sur celles que reçoivent les hôpitaux pour prendre en charge ces jeunes », indique la FMF. La centrale veut également caler la couverture sociale des médecins sur le régime des salariés pendant les cinq premières années d’installation, et créer un forfait structure garantissant « des conditions d’exercice dignes ».