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Lequotidiendumedecin.fr : Des gens qui meurent parce qu’ils n’ont pas de médecin » : un sénateur LR s’en prend à Buzyn et provoque un incident

Novembre 2017, par infosecusanté

Des gens qui meurent parce qu’ils n’ont pas de médecin » : un sénateur LR s’en prend à Buzyn et provoque un incident

Marie Foult

16.11.2017

C’est un incident de séance peu commun dans les travées feutrées du Palais du Luxembourg. La ministre de la Santé Agnès Buzyn a été prise à partie jeudi soir sur les déserts médicaux, lors de l’examen du budget de la Sécurité sociale au Sénat, comme le relate la chaîne Public Sénat.

Le ton monte lorsque plusieurs sénateurs, dont Samia Ghali, élue PS de Marseille, Catherine Conconne (PS, Martinique) ou Jean-Noël Cardoux (Loiret, LR) proposent en séance de mettre en place des incitations – exonérations de charges fiscales, sociales ou de cotisations vieillesse – pour attirer les médecins dans les territoires ruraux et urbains délaissés. La ministre de la Santé Agnès Buzyn donne un avis défavorable à ces initiatives.

« Toute incitation financière va déshabiller d’autres territoires », tranche-t-elle. Elle appelle les sénateurs à ne pas tout « miser sur des installations ». « C’est une erreur philosophique, (…) la démographie médicale est telle que nous n’avons pas ces médecins. Jusqu’en 2025, nous avons une démographie médicale qui décline », ajoute le Pr Buzyn, qui renvoie les élus vers son « plan d’accès aux soins ».

« Discours BCBG »

La réponse ministérielle ne plaît pas au sénateur LR de l’Ardèche, Jacques Genest (LR), qui prend alors la parole. « Dans quelques années on va avoir 80 à 85 % des territoires qui ne seront plus couverts par un médecin, surtout des territoires ruraux ou de banlieue, les gens qui souffrent et ne peuvent pas se faire soigner, leur problème n’est pas de savoir si on exonère ou pas les médecins (...). Votre très beau discours BCBG, je vais l’enregistrer et je vais le passer à tous les gens qui souffrent et qui meurent parce qu’ils n’ont pas de médecins », s’emporte le sénateur de droite.

Exaspéré par cette attaque personnelle, Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, monte immédiatement au front en soutien d’Agnès Buzyn, réclame une suspension de séance de dix minutes et « des excuses à la ministre ». « Je pense que c’est totalement inconvenant ce que vous venez de faire et je demanderai la suspension de séance plusieurs fois tant que vous ne vous serez pas excusé », insiste l’ancien maire de Tourcoing.

Le sénateur ardéchois fait finalement amende honorable. « Si je vous ai vexée je m’en excuse, mais ce n’était pas volontaire c’était pour dire que le problème est très très grave dans nos territoires (...) je ne voulais pas vous fâcher, en plus je trouve que vous êtes une bonne ministre », rectifie le sénateur, se tournant vers Agnès Buzyn.

Contexte tendu

Un échange électrique intervient dans un contexte tendu. Ce mercredi, une quarantaine de sénateurs, menés par l’élu centriste Hervé Maurey (Eure), ont déposé un amendement prévoyant un dispositif expérimental de conventionnement sélectif des médecins. Il prévoit l’application du principe « une installation pour un départ » dans les zones surdotées.

« Les mesures incitatives ont prouvé leur inefficacité, il est temps de prendre des mesures adaptées à la situation, précise le sénateur, président de la commission d’aménagement du territoire, habitué de ce type d’initiative contre la liberté d’installation. J’espère que le gouvernement entendra cet appel du Sénat et modifiera son plan peu ambitieux pour lutter contre les déserts médicaux qui repose sur des incitations. »