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L’express.fr : Hôpital : "Nous sommes arrivés au bout d’un système", estime Buzyn

Décembre 2017, par infosecusanté

Hôpital : "Nous sommes arrivés au bout d’un système", estime Buzyn

Par LEXPRESS.fr avec AFP , publié le 12/12/2017 à 10:45


Dans une interview à Libération, la ministre de la Santé a esquissé certains chantiers nécessaires pour une restructuration des hôpitaux.

"De vrais défis nous attendent, notamment sur la pertinence des soins, et une restructuration de nos hôpitaux est indispensable", clame Agnès Buzyn, dans une interview publiée ce mardi dans Libération. La ministre des Solidarités et de la Santé assure que l’on "réduit souvent le problème à des questions financières et budgétaires", ajoutant : "sur la santé et l’hôpital, je ne dis pas qu’il n’y a pas besoin d’argent, mais nous sommes arrivés au bout d’une histoire et d’un système".

La ministre esquisse plusieurs chantiers : "Il va falloir recentrer leur activité sur leur valeur ajoutée et la médecine de recours, en renforçant leur capacité à accueillir tout le monde. Il faut surtout redonner confiance aux équipes de l’hôpital et du sens à leur mission".

Il faut "changer la place de l’hôpital public dans notre système"

Selon Agnès Buzyn, le problème est plus large. Elle clame que l’institution hospitalière ne doit pas devenir une entreprise. "Nous avons risqué de faire perdre le sens de la mission de l’hôpital aux équipes en leur faisant croire qu’elles ne devaient faire que la rentabilité, explique l’ancienne professeure d’hématologie. Les équipes hospitalières ont été malheureuses de ce virage. Et cette logique est arrivée à son terme".

Elle s’engage à s’atteler à une "urgence" : "Changer la place de l’hôpital public dans notre système". "Nous allons nous y atteler dès l’année prochaine avec tous les acteurs concernés, y compris pour traiter de la bonne articulation entre la ville, la médecine de ville, et l’hôpital", assure la ministre.

Elle a également évoqué un autre de ses combats : la pertinence des soins, alors que l’on recense "20, 25, 30% d’actes non pertinents". Pour y remédier, Agnès Buzyn parle d’un "travail à long terme". "Il faut mieux informer les patients et sensibiliser les professionnels de santé, qu’ils aient des guides de bonnes pratiques, et que la Haute Autorité de santé (HAS) définisse ce qui est pertinent ou pas".

Le système des retraites "est à bout de souffle"

Elle constate de fait que notre système d’assurance maladie "n’est pas adapté à une population vieillissante, qui a de multiples pathologies, nécessitant des prises en charge chroniques". Il a été conçu selon elle "à une période où les personnes avaient essentiellement des maladies aiguës ou des accidents, et ne vivaient pas très âgées". Que faire ? "Rééquilibrer l’activité", engager "plus de personnels non-médecins" et "repenser notre système de tarification".

Autre engagement formulé dans cette interview : "Nous allons mener la réforme structurelle des retraites, pour qu’enfin on ait confiance dans notre système". "Aujourd’hui, celui-ci est illisible. Globalement, nous devons repenser l’ensemble. Le système est à bout de souffle", insiste-t-elle.

"Il n’y a pas eu assez de choix courageux faits par le passé"

Agnès Buzyn est également revenue sur la polémique du Levothyrox, ce médicament pour les malades de la thyroïde dont le changement de formule récent a débouché sur 5000 signalements de patients. Nombre d’entre eux s’étaient élevés contre la gestion de cette crise par l’Agence nationale du médicament (ANSM).

La ministre de la Santé dit voire dans cette crise "le symptôme d’une défiance du public vis-à-vis des institutions, de la parole publique et du médicament". Et fait de nouveau son mea culpa. "Elle aurait pu être évitée si nous avions déployé les bons moyens d’information pour atteindre les patients, en plus des médecins. Mais nous ne sommes pas dotés des bons outils."

"J’ai le sentiment qu’il n’y a pas eu assez de choix courageux qui ont été faits par le passé, et on va devoir transformer les choses en profondeur", conclut la ministre de la Santé.