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Lequotidiendumedecin.fr : Prime pour les stages, pratiques avancées et charte symbolique ! Buzyn accélère sur l’accès aux soins

Février 2018, par infosecusanté

Prime pour les stages, pratiques avancées et charte symbolique ! Buzyn accélère sur l’accès aux soins

Loan Tranthimy

06.02.2018

Cinq mois après le lancement du plan territorial d’accès aux soins à Châlus (Haute-Vienne), Agnès Buzyn a présidé ce mardi le premier comité de pilotage national. L’occasion pour la ministre de la Santé de rappeler que 5,3 millions de Français (8 % de la population) vivent dans des territoires à faible densité médicale.

Pour garantir l’égal accès aux soins, « il serait illusoire de concentrer les efforts sur la seule question de l’installation des professionnels de santé », a prévenu le ministère qui mise sur un panel de solutions.

Bonus de 200 euros par mois pour les stages en zone fragile

Pour les internes, les stages ambulatoires dans les zones sous-dotées seront encouragés. Une prime « transport et logement » de 200 euros par mois sera proposée aux jeunes stagiaires ne bénéficiant pas d’un hébergement sur place. Cette allocation pourra être versée dès les prochains stages d’internat qui débutent en novembre 2018. « C’est un moment clé pour faire découvrir d’autres modes d’exercice et de terrains de stage, reconnaît Cécile Courrèges, directrice générale de l’offre des soins (DGOS). Nous devons travailler avec les doyens pour développer ces stages. »

Deuxième priorité : le développement de l’exercice infirmier en pratiques avancées. Un décret doit permettre à certaines infirmières d’élargir leurs compétences au-delà de leur métier socle, grâce à une formation (niveau master) dès la rentrée de 2018. « Il s’agira de les former, leur donner un statut et de définir la rémunération. Cela existe déjà dans d’autres pays. On parle d’infirmières cliniciennes », précise Cécile Courrèges.

Autre cap fixé : la création de 300 postes hospitaliers d’assistants partagés ville/hôpital. Le cadre sera posé au printemps 2018. Chaque agence régionale de santé (ARS) sera chargée de rechercher des structures libérales susceptibles d’accueillir ces assistants partagés qui vont travailler pour 50 % du temps dans des cabinets ou des maisons de santé.

Nouveaux indicateurs et charte

Selon la locataire de l’avenue de Ségur, le plan – qui recycle de multiples mesures déjà connues sur le cumul emploi retraite, le doublement des MSP, les consultations avancées, le recours au contrat de médecin adjoint ou l’exercice mixte – sera évalué à la faveur d’indicateurs spécifiques. « Il pourrait y avoir des indicateurs de résultats comme le nombre de patients n’ayant pas de médecin traitant », cite Agnès Buzyn.

Pour impliquer la profession, Agnès Buzyn, plutôt habile, a réuni ce mardi pas moins d’une trentaine de syndicats de professionnels (dont tous les syndicats de médecins juniors et installés), les représentants des maisons et centres de santé ou encore l’Ordre autour d’une charte. En signant ce texte d’une douzaine de pages, les acteurs s’engagent à se retrousser les manches dans les territoires autour de mesures exclusivement incitatives. « L’engagement est symbolique pour montrer que tous les acteurs ont pris conscience de l’enjeu des difficultés d’accès aux soins des Français. Cela n’expose à aucune sanction », reconnaît la ministre.

Syndicats et élus vigilants

La démarche volontariste d’Agnès Buzyn n’a pas empêché plusieurs syndicats de médecins de réagir. MG France réclame toujours des mesures fortes comme « la mise en place de moyens pour les équipes de soins, un accueil privilégié de ces équipes auprès des ARS ou encore le développement des fonctions support indispensables aux médecins généralistes ». Signataire de la charte, le SML, prudent, souhaite que les mesures d’accompagnement soient ouvertes à « toutes les formes d’exercice coordonné et pas uniquement aux structures bénéficiant déjà des subventions publiques ».

Les représentants des généralistes, jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) se réjouissent de cette charte mais déplorent que l’amélioration concrète de la protection sociale des jeunes médecins (IJ en cas de maladie ou maternité), déterminante à l’installation, soit encore absente.

Cette grande opération du ministère tombe à point nommé alors que des parlementaires continuent à mettre la pression sur l’accès aux soins. Après le rejet d’une proposition de loi du groupe Nouvelle gauche pour imposer le conventionnement sélectif, une commission d’enquête de l’Assemblée nationale va plancher sur « l’égalité d’accès aux soins sur les territoires nationaux ». À sa tête, Philippe Vigier, député centriste d’ l’Eure-et-Loir (UDI), mobilisé sur ce sujet depuis de longues années, et qui ne désarme pas.