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Lequotidiendumedecin.fr : Affaire Naomi : Agnès Buzyn rassure et fixe le cap avec les médecins urgentistes

Mai 2018, par infosecusanté

Affaire Naomi : Agnès Buzyn rassure et fixe le cap avec les médecins urgentistes

Martin Dumas Primbault

14.05.2018

Agnès Buzyn recevait aujourd’hui au ministère de la Santé plusieurs représentants des urgences pour tenter de tirer les leçons du drame survenu à Strasbourg. Pour rappel, Naomi Musenga, une jeune femme de 22 ans décédait le 29 décembre dernier, quelques heures après avoir été moquée au téléphone par l’opératrice du SAMU en charge de l’appel.

Ce lundi après-midi, avenue de Ségur, l’ambiance n’était pas celle d’une réunion de crise, au contraire, le ton se voulait rassurant. « Nos citoyens peuvent avoir confiance dans le système d’urgence », a répété la ministre, au sortir de la réunion fixée en urgences la semaine dernière avec SAMU-Urgences de France, le Conseil de l’urgence hospitalière (CNUH), la Société française de médecine d’urgence (SFMU) et l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF).

Devant une vingtaine de journalistes serrés autour d’elle, Agnès Buzyn a également annoncé avoir « fixé un cap en trois points avec les partenaires présents aujourd’hui : la formation des personnels, le respect des procédures et l’assurance qualité ».

Sur la formation des assistants de régulation médicale (ARM), particulièrement mise en cause après la diffusion de l’enregistrement de l’échange entre Naomi Musenga et l’opératrice du SAMU, une seule piste a été proposée. Agnès Ricard-Hibon, présidente de la SFMU (organe responsable de la formation des opérateurs), propose la mise en place d’un « diplôme homogène ». « Les professionnels sont formés à la prise d’appel mais méritent d’être formés aux différentes techniques de communication qui, peut-être, manquent à leur formation actuelle », a-t-elle suggéré.

Contrôler, a posteriori, un appel sur cent

La ministre et tous les partenaires présents ont également insisté sur la nécessité d’une assurance qualité, « afin de vérifier que tous les services travaillent correctement et de la même façon », explique Agnès Buzyn. Plusieurs pistes ont été évoquées dans ce sens. Le Dr François Braun, président de SAMU-Urgences de France (SUDF), propose par exemple de systématiser les revues de morbimortalité. « Il faut analyser le parcours du patient dans son intégralité, depuis son appel jusqu’à sa prise en charge, afin de comprendre à quel endroit a eu lieu le dysfonctionnement ». Une autre piste, déjà évoquée ce matin sur l’antenne de France Info par le Dr Patrick Pelloux, médecin et président de l’AMUF, également présent lors de la réunion, serait de contrôler régulièrement les appels. « Contrôler, a posteriori, un appel sur cent, permettrait de réduire les erreurs de ce type », a-t-il évoqué.

Concernant la mise en place d’un numéro unique pour les urgences, aucune décision n’a été prise. « Le sujet a été évoqué avec la ministre mais nous avons des débats sur la question », a reconnu l’urgentiste. De son côté, Agnès Buzyn a expliqué attendre un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur le sujet avant de prendre une décision.

Afin de mettre en place tout cela, Agnès Buzyn a enfin demandé aux partenaires présents à cette réunion de lui remettre une feuille de route pour le 1er juillet. Question financements, la ministre n’a fait aucune promesse sans toutefois exclure des dépenses à l’avenir : « Si des moyens sont nécessaires, notamment sur la formation, alors des fonds seront dégagés. »