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Liberation.fr : Agnès Buzyn : « La réforme du système de santé sera présentée début septembre »

Août 2018, par infosecusanté

Agnès Buzyn : « La réforme du système de santé sera présentée début septembre »

Par Eric Favereau — 3 juillet 2018

La ministre de la Santé annonce un nouveau report de sa réforme, qu’elle veut de nature à « transformer en profondeur le système ».

Agnès Buzyn : « La réforme du système de santé sera présentée début septembre »
Entre un déplacement ce mardi matin à Orléans pour l’installation du comité stratégique RSI (régime social des indépendants) avec Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, et les questions d’actualité au Parlement, mais aussi le dossier retraite ou le plan grande pauvreté, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, s’engage sur un calendrier de réforme du système de santé.

Elle le sait, cette réforme est terriblement attendue. « Elle arrive un peu tard », avait-elle elle-même estimé, la semaine dernière, regrettant le manque de réformes de ses prédécesseurs. En septembre 2017, elle avait dressé un constat sombre, provoquant par ricochet une attente très forte. Lors de son entretien avec Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel en avril, Emmanuel Macron avait annoncé une grande réforme de l’hôpital, « fin mai, début juin », précisant qu’« il n’y aura pas d’économies sur l’hôpital dans ce quinquennat ». Depuis, on attend.

Question basique : quand sera finalement présentée cette réforme de l’hôpital ?

Elle sera présentée au tout début du mois de septembre. Après avoir établi un diagnostic complet de la situation, nous avons décidé de mener une réforme particulièrement ambitieuse, en abordant tous les domaines, et pas seulement celui de l’hôpital, mais aussi par exemple les liens ville-hôpital. Cela prend du temps, ce n’était pas une réforme qui avait été programmée. Elle est venue d’un constat sans complaisance que nous avons établi. Ce n’est donc pas une réforme de l’hôpital, il s’agit d’une réforme beaucoup plus large et plus complexe. C’est, enfin, une réforme qui vise le long terme, par une transformation en profondeur de notre système.

Aujourd’hui, où en êtes-vous ?

Après le constat, les groupes de travail commencent à nous rendre leurs rapports, nous avons élaboré un projet que nous allons maintenant discuter avec les différents acteurs du système. Et il y en a beaucoup : les organisations professionnelles, les syndicats, les élus locaux.

Nous entrons dans la phase de concertation. Notre projet doit faire l’objet d’une discussion avec tous les acteurs. Pour arriver en septembre à la présentation d’un projet de grande ampleur à la hauteur des défis. Cette réforme prendra en compte les cinq leviers sur lesquels nous avons travaillé : la qualité et la pertinence des soins, les modes de financement et de régulation, le virage numérique, la formation et la qualité de vie au travail des professionnels de santé et enfin l’organisation territoriale des soins.

Comment analysez-vous la très forte attente du monde hospitalier ?

Par notre diagnostic, nous avons permis de fait l’expression de leur mal-être. J’ai posé le même constat qu’eux, je n’ai jamais nié les difficultés hospitalières. L’hôpital souffrait fortement, les professionnels de santé ont pu l’exprimer. Et c’était important.

Au bout du compte, quel est l’objectif de cette réforme ?

Il s’agit de répondre aux besoins de santé des Français, aujourd’hui et demain. Nous savons que si on laisse faire, les difficultés d’accès aux soins vont s’aggraver. L’enjeu n’est pas de lever simplement la pression sur l’hôpital, l’enjeu est de se mettre face à ces besoins nouveaux et différents, et tous les pays sont concernés par ce bouleversement. Tous les systèmes de santé sont touchés par le vieillissement, les maladies chroniques. Cette réforme doit permettre à notre système d’y répondre. Je pense aussi à tous les professionnels très engagés : qu’on les entende et que l’on agisse pour améliorer leurs conditions d’existence.

Craignez-vous les mois d’été, période difficile pour les hôpitaux ?

Nous suivons de près la situation avec les agences régionales de santé. Nous avons un tableau de suivi qui nous permet d’anticiper les besoins. Hier [lundi], j’ai rencontré les urgentistes, car ce sont les services les plus en tension. L’idée est de piloter au plus près, et nous ferons un point hebdomadaire.

Eric Favereau