Politique santé sécu social de l’exécutif

Le Généraliste - « 15 % d’arrêts de travail sont inappropriés ou abusifs », affirme Buzyn au grand dam des médecins

Septembre 2018, par Info santé sécu social

La hausse des arrêts de travail est un des sujets phares de la rentrée d’Agnès Buzyn. Interrogée sur l’action du gouvernement pour enrayer l’envolée des arrêts maladie, la ministre de la Santé a déclaré travailler avec les partenaires sociaux, qu’elle rencontre cette semaine, à une « meilleure organisation et responsabilisation collective autour des arrêts de travail ».

Les IJ ont augmenté de 15 % entre 2010 et 2016, l’indemnisation passant de 6,2 milliards à 7,1 milliards, selon le dernier rapport Charges et produits de l’Assurance maladie. En 2018, cette augmentation s’est même accélérée, avec une hausse de 4,9 % de janvier à juin 2018.

La possibilité de transférer une partie du financement des arrêts maladie de courte durée (moins de huit jours) vers les entreprises a été évoquée. Edouard Philippe a finalement exclu cette option, à la veille de l’université d’été du Medef.

Lutter contre la fraude

Mais pour Agnès Buzyn comme pour le Premier ministre, ce dossier reste une priorité.

« Quand on contrôle les arrêts de travail, environ 15 % sont inappropriés ou sont des abus », a déclaré mercredi Agnès Buzyn, sur Radio Classique. Le ministère de la Santé, joint par Le Généraliste, précise que cette donnée émane de l’assurance maladie.

Dimanche 26 août, Edouard Philippe, avait déclenché une polémique en commentant la hausse du nombre de journées indemnisées, passé en trois ans de onze à douze par an et par salarié du privé. « C’est comme si notre pays avait instauré un jour de congé supplémentaire », avait-il affirmé dans une interview au JDD. Lapsus involontaire ou délibéré ? Le Premier ministre a souligné la part croissante des dépenses de santé destinées à couvrir les arrêts maladie : « Cela veut dire qu’on a moins d’argent pour le financement des hôpitaux ou de nouveaux traitements ».

Responsabiliser les médecins

La ministre de la Santé attribue d’ailleurs au mode de financement une partie de l’inflation des IJ.

« Il y a quelqu’un qui paie pour tout le monde : la Sécurité sociale. Un médecin peut prescrire facilement, ce n’est pas lui qui paie, une entreprise s’en fiche […] puisque ce n’est pas elle qui paie ! », a-t-elle asséné, reconnaissant « la pression et les demandes » de patients pouvant être le fait de « difficultés au travail ».

Cette déclaration n’a pas manqué de faire réagir les médecins.

Les syndicats de médecins ont d’ailleurs réagi au débat actuel en soulignant qu’avant de taper sur leur profession, il fallait aussi s’occuper de l’état du travail. « C’est d’abord une catastrophe sociale avant d’être un problème économique », souligne l’UFML-S dans un communiqué.

Causes multifactorielles

Il y a quelques semaines, la CSMF avait déjà appelé les pouvoirs publics à sensibiliser et responsabiliser les entreprises pour améliorer les conditions de travail de leurs salariés plutôt que « de mettre la pression sur les médecins ». « Les causes de la hausse des arrêts de travail sont multifactorielles », rappelait le syndicat du Dr Jean-Paul Ortiz, selon qui « la responsabilité des médecins est de préserver la santé physique et mentale de leurs patients. L’arrêt maladie fait partie de leur arsenal thérapeutique contre le stress et le burn out. »

La ministre de la Santé entend travailler dans ce sens. « Je n’ai pas la solution mais le constat est sur la table et la discussion est ouverte », avance la ministre avant d’évoquer parmi les pistes possibles « une amélioration des conditions de travail, plus de contrôles ou une responsabilisation accrue des médecins ».