Big bang des études, nouveaux stages, soutien : devant les internes, Buzyn et Vidal font la pédagogie des réformes

Martin Dumas Primbault

| 13.10.2018

« L’interne au cœur des réformes », c’est le thème de l’université de rentrée de l’Intersyndicale nationale des internes (ISNI) qui s’est tenue ce samedi 13 octobre à la faculté de médecine de Rouen. À cette occasion, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche se sont prêtées au jeu des questions/réponses avec la centaine d’internes présents.

Au menu notamment : diversification des profils des futurs médecins, élargissement des lieux de stages et risques psychosociaux. Sans faire d’annonce d’ampleur, les ministres ont pu préciser les modalités de mise en œuvre de leur réforme des études que l’ISNI saluait déjà comme un « projet ambitieux et cohérent ». Le syndicat se satisfait de la reprise d’un « grand nombre de propositions » issues de son livre blanc publié en mai.

Profils diversifiés, parcours individualisés

La notion de diversification est au cœur du projet de réorganisation complète des études médicales (de la suppression de la PACES jusqu’à la fin programmée des ECN). L’idée est à la fois d’ouvrir la porte du cursus médical à de nouveaux profils étudiants (aujourd’hui la sélection valorise les maths, la physique et la capacité de bachotage) mais aussi d’adapter le parcours des jeunes aux évolutions d’une pratique qui s’oriente vers l’exercice coordonné et la pluridisciplinarité.

« Le système est trop rigide aujourd’hui », a résumé Frédérique Vidal qui veut permettre aux carabins de suivre un parcours beaucoup plus personnalisé (valorisant aussi les engagements individuels, les responsabilités associatives, les expériences à l’étranger, etc.). « Nous voulons des médecins aux profils diversifiés », a-t-elle affirmé. « L’interprofessionnalité sera développée le plus tôt possible dans le cursus », a encore précisé Agnès Buzyn.

Travailler avec les collectivités

La formation devra aussi répondre aux besoins des territoires. Pour cela, la ministre de la Santé a réaffirmé sa volonté de multiplier les lieux de stages en ambulatoire mais aussi dans des domaines désertés comme « la médecine du travail ou la PMI ». En outre, davantage de stages en zone rurale seront proposés dès l’externat. « La formation est aussi une façon de réorganiser la présence des médecins dans les territoires », a plaidé Agnès Buzyn.

Interrogée sur les ressources qui seront attribuées pour accompagner ces mesures, la ministre de l’Enseignement supérieur a expliqué « avoir parfaitement conscience du besoin de moyens pour régler certains problèmes spécifiques comme la mobilité des étudiants ». La contribution au titre de la vie étudiante et de campus (CVEC) qui va remplacer la cotisation au régime de Sécurité sociale étudiante en première année commune aux études de santé (PACES) fait partie des améliorations.

Pour le reste, Frédérique Vidal a déclaré vouloir mettre à profit les collectivités territoriales avec lesquelles elle assure « travailler extrêmement bien » sur le sujet.

Clarifier les pratiques non conventionnelles

Sur la prévention des risques psychosociaux, un sujet majeur pour les internes, Frédérique Vidal a reconnu un retard à l’allumage. « Ça n’avance pas aussi vite qu’on l’aurait souhaité », a-t-elle confessé. Toutefois, elle fait de la formation de nouveaux coordonnateurs locaux de DES une priorité et assure qu’un Centre national d’appui (CNA) ouvrira avant la fin de l’année.

Au bout d’une heure de discussion, une question au sujet des pratiques non conventionnelles de certains professionnels a embarrassé Agnès Buzyn. « Il va falloir clarifier la situation », a-t-elle admis prenant l’exemple des plaques de certaines maisons de santé qui laissent planer le doute sur le caractère médical des professionnels qu’elles hébergent.