Politique santé sécu social de l’exécutif

Le Généraliste - La télémédecine pourrait réduire significativement les dépenses de santé, selon une étude

Décembre 2018, par Info santé sécu social

Camille Roux - 12.12.2018

La télémédecine est souvent présentée comme une solution aux déserts médicaux mais permettra-t-elle aussi de faire des économies sur les dépenses de santé ?

L’Association des laboratoires japonais présents en France (LaJaPF), la société IQVIA et le Leem (les entreprises du médicament) ont présenté ce mercredi une étude inédite sur l’impact économique de la télémédecine. Les prises en charge de trois pathologies chroniques en télémédecine ont été passées au crible : l’HTA par télésurveillance (contrôle à distance de la pression artérielle), le cancer de la prostate par téléconsultation avec l’urologue et le diabète de type 2 (télé-expertise avec l’ophtalmo pour suspicion de rétinopathie et télésurveillance pour le contrôle de l’HbA1C).

Économies significatives
Les résultats de l’étude montrent que la télémédecine pourrait permettre à l’Assurance maladie « de réduire de 6 à 21 % le coût de la prise en charge de patients atteints de maladies chroniques ». Au total, 356 millions d’euros pourraient être économisés par an pour ces trois pathologies, selon l’étude dont 322 millions pour l’HTA, 26,3 millions pour le cancer de la prostate et 8 millions pour le diabète. Ces prises en charge « virtuelles » ont également l’avantage d’espacer les consultations en présentiel chez le généraliste et l’infirmier.

La télésurveillance de la pression artérielle pourrait diminuer de 63 % les consultations en présentiel et de 25 % les coûts de médicaments. Pour le cancer de la prostate, la téléconsultation avec l’urologue diminue les frais de transport et les arrêts de travail, estime l’étude. Enfin, pour les patients diabétiques, la téléconsultation avec l’ophtalmo réduirait de 73 % les consultations avec le spécialiste, de 24 % les examens et de 71 % les coûts liés au transport.

Méthodologie
Dans leurs calculs, les auteurs de l’étude ont fixé arbitrairement un rendement d’économie hypothétique de 50 %. « La nomenclature des actes de télémédecine que nous avons étudiée n’existait pas encore, explique Patrick Errard, ancien président du Leem et président de LaJaPF. Nous avons donc raisonné à la place de la CNAM. On s’est dit : on va facturer le coût de la télémédecine à 50 % du coût de l’acte existant. »

D’après les calculs présentés dans l’étude, pour que l’économie soit réelle, il faut par exemple que le coût mensuel du télémonitoring dans l’HTA ne dépasse pas 8 € (99 € par an) et par patient. Pour le cancer de la prostate, l’acte de téléconsultation ne doit pas aller au-delà d’une enveloppe de 160 €. Enfin, l’économie réalisée dans le diabète implique une dépense maximale de 270 € par année. Une marge de manœuvre jugée « confortable » par l’économiste de la santé Claude Le Pen, conseiller scientifique de l’étude.

Absence de nomenclature
Pour rappel, aujourd’hui, seule la téléconsultation est remboursée par l’assurance maladie à auteur du G à 25 €. La télé-expertise fera son entrée dans le droit commun en février prochain et prévoit, elle, deux niveaux de consultation (12 et 20 € pour le spécialiste). L’étude présentée aujourd’hui sera également remise en main propre à Agnès Buzyn et à Nicolas Revel, a indiqué Patrick Errard.