Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde - Coronavirus : la France se prépare au passage au stade 3 de l’épidémie

Mars 2020, par Info santé sécu social

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 04h38, mis à jour à 15h11

En France, le Covid-19 accélère sa propagation

Une trentaine de chercheurs à l’Elysée autour d’Emmanuel Macron, des ministres face à des représentants d’élus locaux : l’exécutif continue d’afficher sa mobilisation contre le nouveau coronavirus, qui se rapproche du stade 3 de l’épidémie. Le chef de l’Etat doit réunir, jeudi après-midi, les principaux acteurs de la recherche publique et privée engagés dans la lutte contre la maladie Covid-19.

Du stade 2 au stade 3
Il semble « peu probable malheureusement » que la France échappe au stade 3 (le dernier), selon la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye. « Nous nous préparons activement au fait d’avoir une épidémie », a-t-elle affirmé. En cas de passage au stade 3, celui où l’on constate que le virus circule et qu’il est transmissible sur l’ensemble du territoire, « les activités collectives sont fortement impactées », précise le gouvernement sur le site gouvernement.fr.

Face à l’inquiétude, voire la « psychose », les sénateurs ont appelé mercredi le gouvernement à communiquer avec pédagogie, le ministre de la santé, Olivier Véran, assurant que le choix qui est fait est celui de la « transparence ». Le pays reste encore au stade 2, celui au cours duquel les autorités mettent « tout en œuvre pour freiner la diffusion du virus », a affirmé M. Véran, à l’issue d’un conseil spécial de défense à l’Elysée, mercredi 4 mars.

Mercredi, 285 cas confirmés ont été recensés sur le territoire (soit 73 de plus que la veille), dont quinze, dans un état grave, sont hospitalisés en réanimation, a déclaré le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, lors du point presse quotidien. Quatre personnes sont mortes.

Les principaux foyers
Le pays est aujourd’hui l’un des principaux foyers du coronavirus en Europe, avec l’Italie et l’Allemagne. Treize régions sont touchées, dont la Guyane pour la première fois, avec cinq cas avérés (dont trois enseignants et un personnel hospitalier), tous issus d’un rassemblement évangélique à Mulhouse.

Dans le Haut-Rhin, environ dix personnes sont infectées et ont été hospitalisées, à la suite de ce rassemblement évangélique, qui avait réuni 2 000 personnes il y a deux semaines. En Normandie, six nouveaux cas d’infection ont été annoncé jeudi par l’agence régionale de santé (ARS), dont trois venant de ce rassemblement.

Les principaux foyers de cas groupés restent l’Oise (99 cas), la commune de La Balme, en Haute-Savoie (30), et le Morbihan (une vingtaine de cas depuis mercredi soir avec la détection de cinq nouveaux cas à Saint-Pierre-Quiberon, La Trinité-sur-Mer et Saint-Anne-d’Auray). Trois premiers cas du nouveau coronavirus ont été confirmés jeudi en Corse, a déclaré le préfet de Corse, Franck Robine. Les personnes touchées rentraient de Mulhouse.

Avec deux premiers cas de coronavirus confirmés jeudi en Centre-Val de Loire par l’agence régionale de santé, toutes les régions métropolitaines sont désormais touchées par le virus. L’un des deux patients est une femme de 73 ans habitant l’Indre-et-Loire, qui avait assisté au rassemblement évangélique de Mulhouse. L’autre patient, « un homme de 40 ans habitant l’Eure-et-Loir » est « de retour d’un séjour à Milan ». « Leur état clinique ne présente pas de signe de gravité », a indiqué l’ARS.

Pour l’heure, les restrictions collectives décidées le week-end dernier n’ont pas changé, et les rassemblements de plus de 5 000 personnes dans des espaces confinés restent notamment interdits. Ces mesures seront « réexaminées » en cas de passage au stade 3.

« Les métros continueront à circuler jusqu’à nouvel ordre, les transports en commun continueront à circuler jusqu’à nouvel ordre… la vie du pays ne s’arrêtera pas à cause du coronavirus. », a insisté Mme Ndiaye. Le report des municipales, organisées les 15 et 22 mars, n’est ainsi pas à l’ordre du jour.

La population se précipite sur les masques et les gels hydroalcooliques dont les prix de vente se sont envolés. Ceux des gels seront désormais encadrés par décret. Un décret a, en outre, été publié mercredi pour réquisitionner les stocks de masques jusqu’au 31 mai. « Il n’y a pas de risque de pénurie », a assuré Mme Ndiaye, rappelant que les masques ne sont distribués que sur prescription médicale ou aux professionnels de santé.

L’Etat propose aux fabricants de solutions hydroalcooliques de plafonner à 3 euros les 100 ml le prix de leurs produits utilisés pour limiter l’expansion du coronavirus, a annoncé jeudi sur franceinfo la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher.

Une « bonne centaine » d’écoles, collèges et lycées restent fermés en France, essentiellement dans l’Oise (35 000 élèves touchés) et le Morbihan (9 000). Une classe de CM1 a été fermée à Marseille, pour la première fois en région PACA. Une école élémentaire dans la Manche est fermée « jusqu’à nouvel ordre » depuis jeudi matin après qu’une élève a été dépistée positive mercredi au coronavirus, a annoncé la préfecture.

De nouvelles annulations sont annoncées par précaution, comme le Marché international des programmes de télévision, deuxième plus grand événement mondial des professionnels de la télévision, prévu du 30 mars au 2 avril à Cannes, en raison de l’« incertitude liée » au coronavirus.

Fermé depuis dimanche en raison du droit de retrait invoqué par son personnel, le Musée du Louvre a rouvert ses portes mercredi midi, sous les applaudissements des touristes. Face aux inquiétudes jugées « légitimes » du personnel, la direction du musée le plus visité au monde a assuré que la « priorité absolue » était « d’assurer la sécurité des agents et des visiteurs », tout en soulignant qu’« à l’heure actuelle, les préconisations des autorités compétentes recommandent l’ouverture des musées ».

De son côté, l’Opéra de Paris, la plus grande maison d’opéra au monde en termes de capacité, a appelé les visiteurs « présentant des symptômes grippaux » à éviter ses deux salles, Bastille et Garnier.

Un agent de la RATP infecté
Jeudi matin, la RATP a annoncé que l’un de ses agents, qui travaille sur la ligne 6 du métro parisien, avait été infecté par la maladie, confirmant une information de RTL. La régie des transports parisiens précise que cette personne, qui a été en contact avec le public, « va mieux », et que cela n’aura pas d’impact sur le trafic.

Sans préciser la date, la RATP a annoncé qu’elle allait distribuer des kits de prévention liés à l’épidémie de coronavirus à ses agents en contact avec le public, a déclaré au Monde un porte-parole de la régie parisienne. Les personnels en station en seront dotés ainsi que les conducteurs, ces derniers pouvant être amenés à se rendre dans une voiture. Ces kits sont destinés uniquement à venir en aide à une personne malade ou potentiellement infectée (collègue ou usager).